Le soleil qui chauffe. Les Goélise qui chantent. Le sable chaud sous mes pieds. Je m'imprègne de la mélodie marine que provoque les vagues en s'échouant sur la plage. Ce matin j'ai pris ma planche de surf et j'ai sauté sur le Sunflower, mon voilier monocoque, voguant en direction de la Plage Carapagos, longeant Lathea par l'ouest, près de la côte, jusqu'à ma destination. L'eau est calme, clémente. La mer est belle et accueillante, comme si elle m'ouvrait les bras pour l'explorer. J'ai décidé de prendre Vénus avec moi en plus de Neptune. La première est sur la proue du voilier en train de chanter, tandis que le second nous suit en bondissant dans l'eau près du bateau. J'ai toujours peur de le perdre, que le Sunflower aille trop vite, porté par le vent. Mais ça n'arrive jamais, Neptune est doté d'une endurance à toute épreuve.

Arrivé à la plage, j'accoste dans une petite crique isolée où personne semble avoir décidé de s'attarder, parfait pour y laisser mon bateau. Vêtu d'un maillot dont je refuse de me séparer avant qu'il ne soit trop petit pour m'aller - ce qui est sur le point d'arriver très vite - je prends ma planche de surf où un magnifique Milobellus serpente sur une cascade. Vénus me suit alors que j'enjambe les vagues qui se meurent sur le sable, rapidement accueilli par mon jeune Babimanta qui sautille de joie à l'idée de nager librement dans le vaste océan.

- Allez, nage autant que tu veux. Profite pendant que nous sommes en balade.

Je souris tendrement au petit pokémon aquatique. Gracieusement, Vénus, se laisse immergée dans l'eau et en quelques brasses, elle se retrouve à notre niveau à Neptune et moi. Allongé sur le ventre sur ma planche, je m'éloigne le plus possible du rivage.

L'eau fraîche couvre mon corps à chaque vague que je surpasse. Je vois l'ombre de Vénus passer en-dessous et soudain, elle m'aide à aller plus vite, poussant l'objet sur lequel je flotte. Je fends les eaux, Neptune bondissant de plus en plus vite pour rattraper son retard. Optimiste et confiant, je me mets debout avec difficulté, mais l'ai tellement l'habitude de garder mon équilibre sur cette planche sur des mers agitées et sur des vagues monstrueuses que je ne tombe pas.

- Là, arrête toi Vénus. Merci beaucoup.

Elle me lâche et je finis ma course sur quelques mètres. Elle a l'intelligence et la gentillesse de faire tourner ma planche pour qu'elle fasse face à la plage qui est à peine visible de là où je suis. Je m'assois sur ce bout de plastique que j'utilise aussi souvent que ma brosse à dents, et j'attends la vague parfaite.

Il m'arrive souvent de ne jamais la trouver. La vague parfaite. Mais ça ne m'a jamais dérangé. Le simple fait de me retrouver sur l'eau me suffit à me combler. Je laisse mes jambes s'immerger dans l'eau froide. Parfois je plonge mon visage pour admirer les fonds marins en espérant y voir ... Je ne sais pas. Des trésors ? Des merveilles ? Des pokémons rares ? Un monstre marin gigantesque ? Les restes d'une vieille épave ?

- Patience Neptune. Si tu veux faire des allers retours, n'hésite pas.

Je le vois sautiller partout, impatient de filer comme le vent à travers l'océan. Plus il va vite, plus il se sent libre et je le comprends, je partage ce sentiment. J'aime quand une vague me projette si vite vers la plage que j'ai l'impression de voler. J'aime quand le Sunflower est emporté dans le vent, comme s'il se mouvait de lui même.

Je n'ai pas besoin de lui dire deux fois, la prochaine vague lui donne l'impulsion nécessaire pour se projeter très rapidement vers l'avant. Je l'entends pousser un petit cri de joie, très vite étouffé quand il s'immerge dans l'eau. Et régulièrement, je le vois bondir hors de l'eau pour replonger immédiatement avec une vitesse croissante. Vénus, quant à elle, vient poser ses nageoires sur le devant de ma planche et me lance un regard énamouré. Je le connais ce regard. Elle veut que je l'écoute chanter. Mieux, elle veut que je lui demande de chanter. Je m'allonge sur le dos, mon visage près de ses nageoires.

- Tu veux bien me chanter quelque chose Vénus ?

Je demande. Je ne le vois pas, mais je peux deviner l'expression ravie sur son visage rien qu'en écoutant la première note qu'elle produit avec ses cordes vocales, cristalline, joyeuse et colorée.

Très vite, je ne vois plus Neptune, il devient un simple point à l'horizon. Le chant de mon Oratoria me relaxe d'avantage, il me rappelle une histoire de quand j'étais petit sur une sirène qui aide un marin à retrouver le chemin vers chez lui après qu'il soit perdu en mer. Naturellement, je me joins à elle dans ses vocalises, elle me tolère parce que je chante juste. Je n'ai pas une voix aussi belle qu'elle, mais j'arrive à produire de belles harmonies avec son solo vocal. Il dure deux minutes environ, juste à temps pour Neptune de nous rejoindre dans de petits splash.

- Merci Vénus, c'était très beau. Comme d'habitude.

Tendrement, je pose ma main sur sa nageoire avant de me redresser pour faire face à nouveau à la plage. Elle se laisse glisser dans l'eau et disparaît dans les fonds marin.

Une vague me soulève légèrement mais je décide de ne pas la prendre pour en attendre une meilleure. Et je fais bien parce que Vénus revient avec un oeuf entre les nageoires et me l'apporte.

- Ooooh. Jolie trouvaille ! Merci Vénus, tu veux bien l'emmener au bateau ?

Je demande alors que je vois Neptune revenir en sautant rapidement. Il disparaît dans l'eau pour mieux réapparaître plus proche de moi. Vénus s'éloigne dans un cri mélodieux et je la vois trente secondes après grimper dans le voilier, déposant l'oeuf dans la cabine avant de replonger dans l'eau avec grâce, revenant vers moi. Neptune finit par tourner autour de moi, cherchant les caresses.

- Tu vas de plus en plus vite, tu deviendras encore plus rapide et fort à force de t'entraîner. Continue comme ça et tu seras le meilleur.

Je l'encourage, caressant son corps humide et glissant.

Le petit ballet de Neptune attire du monde. Quelques pokémons s'approchent de nous. Un Flingouste dont je vois la silhouette en dessous de ma planche se dirige lentement mais sûrement jusqu'à la plage. Mais c'est l'Otaria qui attire surtout mon regard alors qu'il vient près de moi. Il est beau et il me rappelle mon voyage à Kanto quand je visitais Cramois'île. Je me souviens, j'avais douze ans et avec mon père nous avions voulu visiter les îles écumes où j'avais vu des Otaria et Kokiyas. C'est d'ailleurs là-bas que j'ai pu capturé Athos, mon Crustabri, autrefois Kokiyas. Il était mon dernier pokémon à avoir rejoint mon équipe, la première étant Vénus, mon Oratoria. Elle a l'air docile cette Otaria, je tends la main et elle approche son visage pour que je la caresse. Neptune vient également la voir pour lui dire bonjour.

Heureusement, je garde toujours des pokéballs dans ma poche même quand je vais surfer. C'est d'ailleurs comme ça que j'ai pu capturer Mistral, mon Bekipan, autrefois Goélise. Je surfais sur la plage de Poivressel quand j'ai vu un Goélise curieux tourner autour de moi. Il s'est posé sur ma planche de surf et j'ai discuté avec lui. Il était très curieux et semblait très sociable. À la fin, je lui avais montré une pokéball en lui demandant s'il voulait venir avec moi. Il avait accepté et avait rejoint mon équipe.

- Salut ma belle. Tu es toute seule ? Tu voudrais venir avec nous ?

Je lui demande en sortant une pokéball de ma poche, lui présentant devant sa tête. Elle l'examine, sortant la langue, lui donnant un air adorable et un peu idiot. J'ai beau avoir déjà mon équipe complète pour l'arène Tempête, j'aimerais entraîner d'autres pokémons eau.

Elle semble réfléchir à la proposition. J'ai le temps de réfléchir à une stratégie. Est-ce que je l'attaque ? Est-ce que je tente de lui balancer la ball directement dessus avant qu'elle ne s'enfuit ? Mais d'elle même, pendant mes réflexions, elle pose sa tête sur le mécanisme de la ball et disparaît dans un flash rouge. Souriant, je la range dans ma poche alors que Vénus applaudit et que Neptune se demande ce qu'il s'est passé, toujours trop heureux de pouvoir nager librement.

- Comment va-t-on l'appeler, hein ? Que dites vous de ... Boréa ?

Vénus semble valider mon choix, elle acquiesce en applaudissant bruyamment avec ses nageoires plus grosses que ma tête. Elle a beau être magnifique et gracieuse, en plein combat elle frappe fort en plus d'être très résistante. Je peux toujours compter sur elle pour donner le meilleur d'elle même et m'apporter la victoire.

Finalement, je la sens la vague qui vient. La vague parfaite qui va me donner la sensation de décoller. Je m'allonge sur le ventre et je nage légèrement, assez pour me pousser vers l'avant quand la vague me happe. Rapidement et avec habileté, je me mets debout sur cette planche Milobellus, jambes écartées, en équilibre. Et je me sens pousser des ailes. Je suis rapide. Je fends l'eau. Je vois à l'intérieur du rouleau quand je passe à l'intérieur, Vénus, qui me dit bonjour. Elle me suit, prête à me protéger. Quant à Neptune, il bondit à l'intérieur et à l'extérieur du rouleau. Je devrais être concentré, mais au contraire je me sens serein. Mon corps connait les mouvements, il a les réflexes presque mécaniques qui me permettent de rester debout sur cette planche. Je sors du rouleau, sentant des éclaboussures dans le dos alors que la vague manque de me mordre.

Le reste mourant de la vague me pousse gentiment jusque sur le rivage, le sable chaud et humide accueillant tendrement ma planche. Je croise un Anchwatt et un Bacabouh, tous les deux flirtant avec la limite de l'eau. Je les évite avec prudence avant de retourner dans le bateau pour vérifier l'oeuf. Je grimpe facilement grâce à l'échelle puis je rejoins la cabine pas très grande mais en état tout seul, elle me suffit amplement. Elle a un lit, un frigo et une salle de bain en dessous de la cabine de pilotage. L'oeuf trône sur le lit, ma Oratoria en a pris soin, l'entourant de coussins pour éviter qu'il ne tombe et ne se brise par mégarde avec les vagues secouant le Sunflower. Je pose une main dessus, il est chaud malgré le fait de l'avoir trouvé dans l'océan. Il va bientôt éclore si c'est le cas.