Galilée continue de prendre des photos. Heureusement j'ai rempli l'appareil de papier glacé exprès pour pouvoir en prendre plusieurs et j'ai même acheté d'autres recharges au cas où. Une fois chaque photo prise, le pokémon de type psy utilise ses pouvoirs occultes et mystérieux pour faire voler la photo jusqu'au sol, les posant sur ma veste trônant près de moi. De mon côté, je continue le croquis sagement, en silence. Je me contente juste de sourire, de m'imprégner de l'atmosphère magique, féérique même de ce moment enchanteur.

- C'est si beau. Epoustouflant ...

Je murmure à moi même en voyant plus en détails les premiers Spododo se rapprochant. Je les entends aussi, ils chantent gaiement. Comme un rituel, une fête de célébration. Comme si ce long voyage à travers le lac était quelque chose qu'ils avaient attendu si longtemps que leur bonheur et leur excitation étaient à leur paroxysme.

Finalement après une bonne dizaine de minutes d'attente, le nuage de Spododo nous rejoint et passe au-dessus de nos têtes. Galilée prend des photos, plusieurs. Il ne s'arrête pas. En fait, il est forcé d'arrêter quand la recharge de papier glacé est vide et qu'une trentaine de photos sont entreposées de manière négligée sur ma veste, la plupart ayant déjà eu le temps d'être développées.

- Bien joué Galilée, maintenant admire simplement le spectacle.

Certains Spododo semblent dire bonjour en passant. Les premiers s'enfoncent déjà dans la forêt plus loin. Est-ce déjà la fin de leur voyage ? Peut-être. Mais il y a encore tellement de ces pokémon flottant dans le ciel, comme une bande lumineuse infinie. Une voie lactée florale, un ruban dorée illuminant au-dessus du lac. Cette guirlande ne semble pas avoir de fin. Et je reste là, à observer en silence.

Le temps semble suspendu. Je m'allonge dans l'herbe fraîche et étend mes jambes et mes bras comme une étoile de mer. Galilée me rejoint très vite après avoir rangé les photos dans le sac à dos - chose qui ne lui a pris que quelques secondes seulement. Il s'allonge près de mon visage.

- C'est beau, n'est-ce pas Galilée ?

Ma voix est emplie d'émotion et d'émerveillement. C'est exactement la raison pour laquelle j'ai décidé de voyager à travers les régions. Quand j'ai vu les paysages magnifiques de Paldea et le comportement presque magique et naturel de certains pokémon, je savais qu'il y avait d'autres trésors naturels que je découvrirai. Et ces trésors finiraient par être posés sur papier pour me romans, et dans mes dessins, peintures, croquis et photographies. Et quand je serai plus vieux, je me remémorerai ce genre de moments grâce à ça.

Le spectacle dure une bonne demi heure. La nuit est ponctuée par les chants mystique des ces pokémon plante flottant dans les airs pour aller dans la forêt, comme s'ils franchissaient tous un pont invisible au-dessus du lac pour rejoindre une autre partie de la forêt qui deviendra leur nouvelle maison. Est-ce que ce phénomène se produit toutes les nuits ? On m'a dit que ça se produisait au printemps et en été durant les nuits sans pluie. Mais est-ce que ça se produira demain ? Et après demain ? Et tous les jours de la semaine tant que le temps sera clément et le ciel dégagé ? Il faudra que je demande aux locaux de m'en dire plus demain quand je serai rentré à Halosis. Je me poserai à la terrasse d'un café au bord du lac pour compléter mon chapitre et mes croquis, au calme.

Je crois que je finis par m'endormir. Je me laisse bercer par les lumières chatoyantes produites par les Spododo. Elles sont douces, elles n'agressent pas mes yeux, elles sont presque chaleureuses et réconfortantes, comme une caresse chaude. Leur chant est comme une berceuse, un chant enfantin qu'une mère pourrait chanter à son bébé avant de l'endormir. Le manteau de la nuit m'emporte et je ne remarque pas quand Galilée m'enveloppe de ses pouvoirs psychiques pour m'envelopper dans mon duvet et me place sous la toile de tente.

Je me réveille aux aurores, en même temps que le soleil. Galilée dort recroquevillé dans mon gilet. Sans faire trop de bruit, je prépare mon café. Je sors ma bouilloire, le café instantané et mon réchaud. Et je laisse faire les choses jusqu'à ce que l'eau bout et arrose la poudre caféinée. Je bois une gorgée avant de pousser un soupir de bien être, le regard encore embrumé.

Il fait frais ce matin. C'est normal, une fine pellicule de rosée du matin s'est formée sur la végétation et même sur la toile de la tente. La chaleur de l'astre solaire n'a pas encore réchauffé l'air, il faudra quelques heures avant qu'il ne fasse vraiment chaud. Ne voulant pas déranger Galilée en prenant mon gilet, je prends sur moi et me dirige en tee-shirt et boxer jusqu'au bord du lac. Je nettoie mon visage avec l'eau froide, essuyant mes mains sur mon tee-shirt, ayant été un peu stupide pour ne pas prendre de serviette avec moi. Je retourne finalement dans le duvet pour finir mon café tout en admirant le lever du soleil. Je voudrais peindre ou dessiner, mais j'ai tellement la flemme que je choisis de ne pas bouger et simplement observer la nature qui s'éveille en même temps que moi.

Je suis si silencieux en buvant mon café que certains pokémon sortent de leur cachette pour s'approcher. Je vois plusieurs espèces. Un Pandespigle vient s'abreuver à l'eau du lac, puis me voyant le regarder, part en courant le plus vite possible de là où il est venu. Je souris, amusé. Un Araqua glisse sur l'eau élégamment, comme un patineur artistique sur de la glace. Un Barloche saute au loin avant de replonger sous l'eau, me tirant de ma rêverie. Une fois le liquide brûlant et fort consommé, je me relève pour rincer la tasse au bord du lac. Je m'habitue à la fraîcheur matinale alors je décide de rester assis dans l'herbe, mouillant mes fesses avec la rosée du matin et mes cuisses nues y passent aussi. Heureusement pour moi, je rentre à Halosis tout à l'heure et je pourrais louer une chambre pour y prendre une douche.

Mes prochains jours ont déjà été à peu près prévus. Je vais rester deux jours à Halosis. Je vais juste profiter de l'ambiance reposante et tranquille de la ville avant de retourner à Lencliff. Finir les croquis et d'agencer les photos et les dessins que j'utiliserai sur le chapitre spécial sur l'Oeil de Lathea. Utiliser ma rencontre avec le Verpom shiny pour élaborer l'histoire d'un dragon rare de la zone. Ecrire le chapitre en me posant paisiblement sur la terrasse d'un café ou à un restaurant. Et si j'ai fini, le lendemain j'irai faire des emplettes pour ma prochaine excursion avant de retourner à Lencliff, poser quelques affaires et en récupérer d'autre selon ma prochaine destination - à laquelle je n'ai toujours pas encore réfléchi. Si seulement nous étions en juin ou juillet, il aurait déjà fait chaud et j'aurais piqué une tête dans le lac pour bien me réveiller.

Je reviendrai ici cet été. Peut-être que je proposerai à Loki de venir avec moi et profiter d'un week-end camping au bord du lac. Ou d'autres amis si j'en rencontre d'ici là. Profiter de ça seul, ça me va, mais avec des proches, ça reste le mieux. Si possible, à défaut d'emmener des amis, j'espère que j'aurais une équipe complète de pokémon avec lesquels Galilée s'entendra bien et pourra s'amuser gaiment. L'imaginer s'amuser bruyamment avec des camarades, ça me rassurera et je pourrais profiter pour en faire une peinture. Comme à chaque roman que je publie, la dernière double page est une copie de la peinture finale montrant mon équipe entière avant que je ne quitte la région. Mais je peins la même chose quand ils sont jeunes et non évolués pour faire le avant et après.

N'ayant aucune idée des pokémon que je voudrais capturer pour la suite, la seule chose que je sais est qu'il me faut une monture terrestre ou volante pour faciliter mes trajets sans que je n'ai à payer de taxi volant et me ruiner toutes les semaines pour me déplacer. Le reste, ce sera le hasard, le destin. Peu importe comment on veut bien l'appeler. Quant au Verpom, je ne sais pas. C'est un pokémon faible qui attirera beaucoup de prédateurs, il vaut peut-être mieux que je le laisse dans une boite de stockage ou un élevage pour qu'il y soit en sécurité et dans la nature. Le confier à ma mère peut-être à Paldea. Ma mère à un Olivini, récemment capturé, elle m'a envoyé la photo en me disant qu'il lui rappelait ma première histoire que j'avais écrite. Une pomme et une olive, ils s'entendront bien.

Donc pour l'instant je reste avec Galilée. Il faudrait que j'aille voir à Lucinel la semaine prochaine. On dit qu'il y a de nombreux éleveurs là bas qui y sont excellents et populaires et certains pokémons sont proposés à la vente. Peut-être que je pourrais y trouver un nouveau partenaire pour Galilée mais aussi un pokémon qui pourrait m'aider pour mon roman ou tout simplement mes expéditions au sein de la région de Lathea. Je me redresse, me met debout et m'étire, grognant doucement en faisant craquer les os de mon dos.

- Aaaaah ça fait du bien ...

Je m'exclame dans un murmure suivi d'un second grognement de soulagement. Je reviens vers la tente où Lewsor y dort toujours. Est-ce qu'il s'est couché juste après moi hier soir ? Ou bien a-t-il veillé très tard ? Il pourrait avoir vécu une aventure épique et j'en saurais rien du tout ...

Je m'habille en silence. Je manque de tomber en mettant mon jeans mais je me rattrape à un tronc d'arbre sur le côté - celui auquel est attaché l'un des fils retenant la tente pour la tendre au maximum et former le toit - sans réveiller mon ami pokémon. J'enfile mes chaussures et retourne au bord de l'eau pour humidifier ma tignasse brune. J'essaye de lui donner un peu de forme - mais en vain - j'essaye au moins de dompter les épis mais un Nénupiot curieux s'approche et m'empêche de voir mon reflet. Il a l'air amical, il me sourit en piaillant. Je souris à mon tour, fouillant dans la poche de mon jeans et en sort un snack pokémon que je lui lance. Joyeux, il l'accepte avec grand plaisir, le dégustant sur place avant de s'éloigner en lançant des petits cris heureux.

Du mouvement derrière moi m'interpelle. Je me tourne pour voir Galilée se réveiller doucement. D'abord assis, il observe autour comme pour analyser les différences entre le moment où il s'est endormi et le moment où il s'est réveillé. Après quelques secondes à regarder à droite et à gauche, il se met debout, puis se met à flotter vers moi.

- Merci de m'avoir mis au lit. Tu as bien dormi ?

Je demande en lui donnant un snack sorti de ma poche à nouveau. J'ai appris qu'il valait toujours mieux avoir des snacks pokémon en tout temps, ça permet dans mes voyages d'avoir beaucoup plus d'interactions avec la faune locale. Et ça me permet parfois de me faire des amis. Après tout, j'ai déjà capturé des pokémon à Paldea, Galar et Kalos juste en les nourrissant car ils étaient désireux de me suivre après.