Tandis que Mallory cherche l'emplacement de cette foutue gravure débile qu'il a faite à quatorze ans alors qu'ils avaient désobéi aux Porter pour s'enfuir dans ces grottes et vraiment c'est pas la peine d'insister là-dessus, Sun, lui, décide de faire le tour des lieux. Pour une fois silencieux, il renifle un peu partout, la queue remuante sur son popotin dodu, tandis que Sophie donne résolument des coups de pied dans les cailloux qui passent près d'elle. Lui, il plisse les yeux, puis se décide à sortir son Motismart ; l'appareil a, par chance, une fonction lampe-torche, et le Pokémon à l'intérieur se fait toujours une joie de rendre service. Il éclaire le mur devant lui, cherche les aspérités familières ; oui, maintenant il s'en souvient de cette journée, et de cette caverne. Il y a quinze ans, elle était beaucoup moins meublée que ça, mais il s'en rappelle encore. D'ailleurs, il lui semble que c'était plutôt de l'autre côté qu'ils avaient gravé leurs initiales, non ?

Quelque chose lui dit qu'il ne le saura jamais ; un aboiement sonore résonne dans la cavité, le faisant violemment sursauter comme à chaque fois qu'un mouvement brusque ou qu'un bruit le surprend. Le coeur battant, il se tourne, prêt à engueuler le Voltoutou de l'autre côté qui fait fuir un Fermite à toutes pattes, poursuivi par son Pokémon bien décidé à faire la course, à l'évidence. Il se pince le nez Mallory, soupire, s'apprête à gueuler ; quand une boule noire jaillit du tunnel d'où il vient pour foncer sur un Sun tout surpris mais ravi, qui pousse un nouveau cri à en faire trembler les parois de la grotte. Les deux Pokémon se saluent joyeusement, ça fait un bordel pas possible, et heureusement que le dresseur du Zorua arrive, parce que là franchement, c'est pas du tout le moment.

L'homme, qu'il ne distingue pas très bien dans la pénombre, attrape son Pokémon à bout de bras pour le soulever ; Sun n'est absolument pas d'accord, et pousse un couinement à fendre l'âme. « Hey, désolé ! s'exclame l'inconnu, tandis que Sophie se désintéresse de ses cailloux pour tourner la tête, très vite. Elle est intenable mais j'pense qu'elle voulait seulement jouer. » Cette voix... elle lui dit clairement quelque chose. Tandis que l'inconnu la dévisage, lui plisse les yeux dans la pénombre ; vraiment, ce type, il l'a déjà vu, il reconnait ce sourire plein de dents blanches, sans trop oser y croire. Son Ectoplasma, elle, est déjà en train d'étirer sa grande bouche, ravie sans qu'il sache pourquoi ; il ne cherche plus depuis longtemps. « Pas de dégâts, tout le monde va bien ? »

Et cette fois, c'est de la part de Sophie que le coup de tonnerre éclate dans la caverne, tandis qu'elle se met littéralement à hurler.
« IIIIISMAAAAAAAAAAAH !!! » Gueule-t-elle, semble-t-il de toutes ses forces, en écartant les bras pour se jeter dans ceux de celui qui fait perdre le peu de couleurs qui restait sur le visage du champion. Surpris, médusé même, Mallory écarquille les yeux et, sans vraiment réfléchir, un peu comme à chaque fois qu'il s'est trouvé en présence de l'Esperanza, il le dévisage. Des cheveux bruns, épais, une barbe d'une semaine, deux yeux brillants et il devinerait presque le sourire solaire de l'homme sous son air parfaitement stupéfait. Ismaël. Bordel, c'est Ismaël.
Et clairement, il était pas prêt.

Huit ans sont passées depuis la dernière fois qu'ils se sont vus, et les choses se sont mal terminées. Pourtant, cette flamme qu'il croyait morte semble se ranimer à mesure qu'il le regarde, sans réfléchir, sans penser, incapable de le quitter des yeux. Huit ans, et pourtant cet homme-là, il n'a jamais été foutu de se le sortir de la tête. Ismaël. A chaque fois que Mallory prononçait ce nom dans sa tête, c'était une nouvelle chanson qui fleurissait, tantôt rageuse, tantôt malheureuse, et s'il a toujours fait de son mieux pour brider les espoirs fous qui animaient son coeur malade à chaque fois qu'il pensait à lui, il n'a jamais pu s'empêcher de les nourrir en silence, et ce depuis la première fois qu'il a posé les yeux sur lui. A l'époque, ils étaient jeunes, très jeunes, et le regard brun de l'homme qui le dévisage à son tour quand Sophie le relâche a toujours suivi les yeux d'un autre. Rien que cette pensée l'énerve, alors il fronce les sourcils. Comme d'habitude, il répondra à ces espoirs stupides par encore plus de stupidité, mais ça vaut mieux. « T'es pas mort, toi ? » lâche-t-il, presque désinvolte, en haussant un sourcil.

Quelque part, ç'aurait été préférable, au moins aurait-il eu une très bonne raison pour le hanter. Agacé par cette simple pensée, Mallory croise les bras. Ismaël. C'est une putain de blague. « C'est à toi c'machin ? Sun est déjà bien assez énervé comme ça, ça serait pas mal que tu le dresses, ton Pokémon. » Il tourne la tête, regarde ailleurs. Allez, casses-toi. « Enfin bon, content de savoir que t'es toujours entier, à plus ? »

La fille est bizarre, vraiment, il ne distingue pas grand chose à la lueur du Motismart du garçon mais il y a quelque chose de dérangeant et d'étrangement familier qui émane de cet air perturbé et de ces cheveux blonds. L'autre est un garçon, les cheveux sombres, malingre. Ces deux silhouettes ensemble ne sont pas sans lui rappeler... « IIIIISMAAAAAAAAAAAH !!! »
Le hurlement d'outre-tombe le fait sursauter, et fait couiner la Petite qui saute des bras que le dresseur ouvre quand, tout à coup, il reconnaît la fille qui n'en est pas une. La silhouette fine de l'Ectoplasma transformé se précipite contre lui et, passées les premières longues secondes de stupéfaction, il éclate de rire en serrant dans ses bras le corps glacé de l'illusion. « Oh putain, Sophie ?! s'exclame-t-il avec dix secondes de retard, l'air le plus halluciné du monde alors qu'il sent l'étrange effluve d'un passé révolu le rattraper sans prévenir. »
La sensation le fait sourire, content ; il n'imaginait pas retrouver ce genre de familiarité ici. Alors Asylum est rentré ? constate-t-il en tournant ses yeux brillants vers la silhouette totalement figée de celui qui ne peut être que Mallory.
Il n'a pas vraiment changé, le chanteur. Toujours petit, maigre, avec ces grands yeux noirs comme la nuit, plus sombres encore que la grotte qui les abrite. Sans cesser de sourire, il relâche finalement Sophie qui recule d'un pas mais continue à le fixer sans cligner des yeux, le visage mangé par un rictus absolument effrayant qui le ferait mourir de rire s'il n'était pas en train de dévisager plutôt le garçon resté silencieux. Alors, on dit pas bonjour ? « T'es pas mort, toi ?
– Euh, non, répond-il, un peu surpris par l'attaque gratuite et parfaitement débonnaire qui lui est jetée. Toi non-plus, apparemment. »
Pourtant, la question était plus légitime dans ce sens que dans l'autre, mais bon ; il en faut plus pour faire perdre sa bonne humeur à Ismaël, qui hausse les épaules en souriant. « C'est à toi c'machin ? Sun est déjà bien assez énervé comme ça, ça serait pas mal que tu le dresses, ton Pokémon. »
Oh, vraiment ? Merci Captain Obvious, ricane le baroudeur, sans répondre ; avec celui-là, il sait déjà que ça ne servira à rien. « Enfin bon, content de savoir que t'es toujours entier, à plus ?
– Bah attends, pourquoi tu t'sauves ? Ça fait tellement longtemps, j'suis content de te voir. »
Est-ce que c'est vrai ? Peut-être ; après tout, Mallory apporte avec lui l'espoir de croiser d'autres visages beaucoup plus aimables, et c'est une idée qui enchante le Johtien au plus haut point. En attendant, il peut toujours essayer d'être aimable ; qui sait, un miracle peut toujours arriver après tout. « J'savais pas que t'étais dans la région, ça fait plaisir. Il est à toi ce Voltoutou ? Sun, c'est ça ? »
Il s'accroupit, toujours souriant, et attire l'attention du Pokémon de quelques gestes en l'appelant par son nom, ravi de constater que l'intéressé obéit avec enthousiasme. « Mais t'es trop mignon toi, oui, tu le sais, oui ? Alors ?
– Isma aime pas chienchien nul. Isma aime Sophie. »
La voix, boudeuse, lui fait relever un visage légèrement effaré par la surprise ; il a bien entendu ? Elle est jalouse ? Eclatant bruyamment de rire, il se redresse d'un bond en secouant la tête. « Mais oui, Isma aime Sophie, dit-il, souriant plus largement encore en avisant le visage de l'Ectoplasma qui passe d'une mine boudeuse à une expression radieuse. Tu m'as manqué, toi ! Vous êtes dans la région pour longtemps ? »

« Bah attends, pourquoi tu t'sauves ? Ça fait tellement longtemps, j'suis content de te voir. » C'est vrai ce putain de mensonge ? Non, bien sûr que non ça peut pas être vrai. Lui, il est content de le voir. Non, pas du tout, il n'est pas du tout content de le voir Mallory, il le met mal à l'aise, à chaque fois qu'il s'est retrouvé seul avec lui quelque part, il s'est toujours senti con, encore plus faiblard et débile qu'à l'accoutumée, gauche, stupide, inutile, nul à chier. Il lui a toujours fait cette impression Ismaël, et il suffit qu'il lui sourie comme il est en train de le faire pour qu'il perde tout sens commun, à presque en oublier comment il s'appelle ; c'est rageant de constater que cette putain d'attitude d'adolescent est toujours là, bien ancrée, même huit ans après. Alors on peut vraiment continuer d'aimer quelqu'un qu'on a pas vu depuis tout ce temps ? Aussi fort qu'au début, et surtout, dans le secret le plus absolu ? Bah ouais. Apparemment ouais, parce que ses putains de mains sont déjà en train de trembler à Mallory, juste parce que cette tête de con lui a souri. Alors  il faut qu'il se barre.

« J'savais pas que t'étais dans la région, ça fait plaisir. Il est à toi ce Voltoutou ? Sun, c'est ça ? » Ouais. Sun. Mallory se rappelle beaucoup trop bien de la dernière fois qu'il a vu Ismaël avant son départ ; c'est resté gravé dans sa mémoire, dans sa chair, il n'a jamais été capable d'oublier la seule fois où il s'est senti heureux dans sa vie, quand il a empoigné à pleine mains ses épais cheveux noirs en soupirant, quand il a eu tout le loisir de le regarder, à quelques encablures de sa bouche, manipulé par ses mains qui l'ont étreint un temps beaucoup trop court avant que tout s'arrête, brutalement. Il a mis des mois à s'en remettre, personne n'a compris. Pas plus que lui quand, au lendemain matin, il a trouvé un oeuf sur son lit. Un oeuf qu'il a trimballé dans son sac pendant deux ans avant de le faire éclore. Sun, ça s'est presque imposé à lui à ce stade, quand il a vu le Pokémon aboyer joyeusement en se jetant dans ses  bras, aussi joyeux que celui qui le lui avait donné. Aussi solaire. Le seul rayon qui réchauffait secrètement sa vie, c'était lui.

Et le voilà accroupi, les mains tendues pour accueillir le Pokémon, avec son magnifique sourire aux lèvres, ses yeux brillants de bonne humeur, magnifique, plus encore qu'avant. Ismaël est un adulte maintenant, et l'âge ne lui a rien fait perdre des expressions parfaites de son visage. C'est horrible à regarder, terriblement douloureux pour quelqu'un qui s'est toujours condamné à le regarder de loin, conscient qu'il ne parviendrait jamais à se faire aimer de quelqu'un comme lui. « Mais t'es trop mignon toi, oui, tu le sais, oui ? Alors ?
– Isma aime pas chienchien nul. Isma aime Sophie. » Sophie, elle, elle a toujours adoré Isma et se n'en est jamais cachée. La preuve, elle refait la gueule, jalouse du Voltoutou qui repart gambader avec la Zorua ; lui recule d'un pas, presque par instinct. Personne n'a jamais réussi à le foutre dans un tel état de fébrilité à part lui, et c'est vraiment énervant de constater que même huit ans après, ce connard est encore capable de lui faire cet effet-là. Ce rire chantant qui éclate dans la grotte, il aurait adoré être capable de le provoquer.

« Mais oui, Isma aime Sophie. Tu m'as manqué, toi ! Vous êtes dans la région pour longtemps ? » Il faut qu'il s'en aille, il se sent trop mal, il se sent oppressé, ça va pas du tout. Perturbé, Mallory ne répond que par un grommellement boudeur, bien incapable d'être désagréable plus longtemps face à un sourire pareil. « Ouais. J'suis le champion de Castlerain, maintenant. » Si Isma vient de refaire surface, alors il ne doit pas être au courant ; Oliver sait-il qu'il est là ? Non, sûrement pas, sinon il n'aurait pas été aussi surpris de le voir, hein ? Au moins il ne le sait pas. Personne ne le sait. Juste lui, et il lui sourit, alors... alors il se détend légèrement, le chanteur, en dépit du regard peu amène qu'il jette au dresseur. « Et à moins que t'aies vécu dans une grotte pendant huit ans, tu dois savoir qu'Asylum a beaucoup de succès, alors on est revenus pour ces deux raisons là. Et toi ? » Parce qu'après tout, il se souvient assez bien de la façon dont ils ont quitté la région, Mallory. Des larmes d'Ismaël et des  bras au creux desquels il s'est réfugié, sous l'oeil de l'adolescent fragile qu'il aurait rêvé que ce soient les siens. « J'croyais que tu voulais plus foutre  un pied à Lathea. »

Alors Mallory n'a vraiment pas changé, hein ? Il fait toujours la gueule, il est désagréable, il grogne. L'adolescent qu'Isma a connu était déjà comme ça ; ça l'amusait, lui, au début, il trouvait ça adorable, cet air de Darumarond mal luné dans un corps digne d'un Venalgue. Et puis le chanteur a commencé à devenir absolument odieux pour une raison qui a totalement échappé à Isma, lequel a été beaucoup trop occupé à le renvoyer dans ses buts pour chercher à comprendre. Les derniers temps avant que le Johtien ne décide de partir, la situation était devenue invivable. C'est probablement cette insupportable tension qui les a précipités l'un contre l'autre avant son départ. Peu importe, tout ça remonte à tellement loin. « Ouais. J'suis le champion de Castlerain, maintenant. »
Ah, oui, ça ressemble à un retour assez définitif alors, constate-t-il en haussant les sourcils de surprise. « Ah ouais, ça rigole pas, observe Ismaël en souriant à nouveau. Félicitations.
– Et à moins que t'aies vécu dans une grotte pendant huit ans, tu dois savoir qu'Asylum a beaucoup de succès, alors on est revenus pour ces deux raisons là. Et toi ? »
Oh, il sait qu'Asylum a du succès ; où qu'il soit allé durant son errance, il a entendu la musique de Mallory, d'Erèbe et d'Oliver et il n'a pas été rare que le simple son de leurs voix éveillent chez lui tout un tas de souvenirs dont il s'est piteusement confessé auprès d'Arella, ces dernières années. « J'croyais que tu voulais plus foutre  un pied à Lathea. 
– Il s'trouve que la Terre est ronde, figure-toi, répond-il en haussant les épaules. J'suis allé partout et j'me suis rendu compte que la région que je connais le moins, c'est Lathea. Et puis ça m'semble un bon point de départ pour commencer ma course aux badges. »
Il sourit, et adresse un clin d'oeil au chanteur, enjoué : « On s'ra amenés à se revoir, Méli-Mallo. »

« Il s'trouve que la Terre est ronde, figure-toi. » Super, si ce crétin a d'autres vérités élémentaires dans ce genre, il est vraiment pas obligées de les lui dire, il n'y a pas marqué abruti sur le front du chanteur qui lève les yeux au ciel, agacé. Mallory pince les lèvres, serre les dents ; comme d'habitude, ou plutôt comme avant, Ismaël n'a pas la moindre idée des pensées qui le traversent ; ne saura jamais interpréter ce regard qu'il coule vers lui avant de le fuir, s'énerver tout seul, prendre une longue inspiration pour se calmer. Quand le baroudeur est là, toutes ses pensées se mélangent et s'emmêlent, et c'est presque devenu inconscient maintenant cette façon qu'il a de museler sa joie de le voir à tout prix pour ne rien trahir et pour ne s'attendre à rien du tout. « J'suis allé partout et j'me suis rendu compte que la région que je connais le moins, c'est Lathea. Et puis ça m'semble un bon point de départ pour commencer ma course aux badges. »

Ah tiens, lui aussi ? C'est la mode ou quoi ? Entre Oliver et maintenant lui, ça va faire la queue à Castlerain, finalement. Il a bien fait d'écourter sa tournée, il n'aurait jamais pu se dédoubler pour être à la fois sur les dates des concerts et dans son arène à rabattre le caquet des gamins qui s'imaginaient monter jusqu'à la Ligue. Comme s'ils en étaient capables. Il s'apprête à répondre Mallory, quelque chose comme oh bah j'ai l'temps alors, hein, vu comment elle a l'air bien dressée ta Zorua, mais l'air joyeux suivi du clin d'oeil du jeune homme en face de lui bloque au fond de sa gorge toute parole désagréable. Quand il le regarde de cette manière, c'est tout simplement impossible. « On s'ra amenés à se revoir, Méli-Mallo. »

Et voilà. Comme d'habitude, son coeur rate un bond dans sa poitrine ; il lui faut toute la force du monde pour ne pas écarquiller les yeux, rougir jusqu'aux oreilles. C'est quoi son problème, à ce type ? Et à lui, hein ? Lui, qui n'a jamais eu le courage de lui dire la vérité, conscient que la seule réponse valable d'Ismaël serait quelque chose du genre j't'aime bien mais non merci, pourquoi ressent-il encore cette abominable fièvre qui lui donne terriblement chaud quand il le regarde comme ça, comme s'il avait treize ans de nouveau ? C'est stupide, et il s'agace tout seul Mallory, quand il croise les bras en relevant le menton. « Ouais, j'imagine. T'attends pas à ce que je te fasse de cadeau, ceux qui ont espéré sont partis les pieds devant. » Sophie penche doucement la tête à droite, puis à gauche ; son sourire lumineux n'est adressé qu'à Isma, et elle finit par hocher la tête, très contente. « A l'arène, Sophie casse gueules.
– Comme elle dit, ricane un peu le champion, plus détendu par l'interruption de son Pokémon. Et encore, j'suis pas le seul à être dangereux. T'as essayé les autres arènes des régions que t'as vues ? » Il aurait aimé faire une pause un peu plus longue du côté de Corrifey, ça lui aurait beaucoup plu d'écraser son collègue, et Travis. Surtout Travis, à la réflexion. « Enfin, j'te souhaite bon courage. T'as l'air d'en avoir besoin avec ton machin, là.
– Chienchiens moches. »

Dans le groupe de copains, Mallory était incontestablement le meilleur d'entre eux en terme de dressage de Pokémon ; Isma était un peu jaloux, mais il était surtout content pour lui, avant que le petit génie se mette à ne plus pouvoir l'encadrer. Lui-aussi il a fait des progrès, depuis ; il serait curieux de voir ce que donnerait son équipe face à celle du champion, aujourd'hui. « Ouais, j'imagine. T'attends pas à ce que je te fasse de cadeau, ceux qui ont espéré sont partis les pieds devant. »
Les pieds devant, rien que ça, rigole-t-il à nouveau, sans rien dire pourtant ; il n'a pas envie de vexer Mallory, c'est déjà plutôt miraculeux qu'il n'ait rien ajouté de plus désagréable que ça, même si c'est hautement prétentieux et que ça a quand même l'air de révéler quelques tendances un peu psychopathes. « A l'arène, Sophie casse gueules, intervient alors l'Ectoplasma, arrachant un nouvel éclat de rire au baroudeur qui n'a aucun mal à l'imaginer.

– Comme elle dit. Et encore, j'suis pas le seul à être dangereux. T'as essayé les autres arènes des régions que t'as vues ?
– Nan, je m'arrêtais pas assez longtemps. »
C'est la seule raison pour laquelle il n'a pas essayé, d'ailleurs, parce que ça lui aurait plu d'avoir un indicateur concret sur ses progrès. « Enfin, j'te souhaite bon courage. T'as l'air d'en avoir besoin avec ton machin, là.
– Chienchiens moches. »
La Petite, qui léchait joyeusement la truffe de son comparse canin, relève sévèrement la tête vers l'Ectoplasma transformée ; de toute évidence, elle est très vexée. Alors Isma, tranquillement, se met à sourire, et montre de l'index l'une des pokéballs accrochées à sa ceinture. Un aboiement joyeux plus tard, la Zorua se transforme en imposant Scolocendre qui gronde de contentement en déployant son immense corps incandescent. Tout à coup, on y voit beaucoup mieux dans la caverne. « C'est une petite tête brûlée, mais elle est pleine de potentiel, annonce-t-il donc tranquillement. Tu la trouves plus jolie comme ça, Sophie ? »
Pas sûr ; l'Ectoplasma est un peu difficile, et Isma a tout à fait conscience qu'être dans ses bonnes grâces relève ni plus ni moins d'un grand privilège. « C'est un peu frustrant de devoir repartir de zéro, ici, dit-il ensuite un peu boudeur. J'ai toute une équipe de Pokémon entraînés et j'ai pas le droit des les utiliser pour passer aux arènes. J'vais avoir besoin d'un peu de temps avant de commencer, du coup. Surtout si t'es aussi bon que dans mon souvenir. »

Visiblement, la réflexion de Sophie n'est pas du tout au goût de la Zorua ; celle-ci lève le nez pour foudroyer du regard une Ectoplasma qui lui sourit bien grand, provocante, avant de tirer une langue démesurément grande pour un être humain. Elles ont pourtant quelque chose en commun ces deux-là, et quelque chose lui dit que quand le Pokémon d'Isma sera au plus fort de sa puissance, elle n'aura aucun mal à dépasser les capacités de transformation d'une Sophie qui est clairement en train de chercher la merde, maintenant ; pourtant, et d'une seule indication de son dresseur, elle prend la forme d'un immense Scolocendre qui darde vers l'Ectoplasma deux langues de feu impressionnantes. Bon, d'accord ; les progrès d'Ismaël sont indéniables, songe Mallory en croisant les bras, peut-être un peu impressionné par cette démonstration de force. Sophie, par contre... est-ce qu'elle vient de lever les yeux au ciel, là ?

« C'est une petite tête brûlée, mais elle est pleine de potentiel. Tu la trouves plus jolie comme ça, Sophie ?
– Non. Toujours chichien dans gros insecte de feu.
– Me la fais pas à moi, hein. T'as les nerfs parce que tu peux pas te transformer en Pokémon, toi. » Elle a déjà essayé, Sophie, mais cela va bien au-delà de ses capacités. Elle lève le menton, consciente de sa faiblesse ; Sophie a toujours pris la forme d'une enfant blonde et quand il lui a demandé pourquoi, elle lui a répondu très simplement. Sophie jouait dans le jardin avant, et puis elle a commencé à tousser fort. Quelque part, il est très heureux de ne pas avoir eu droit à l'histoire au complet de la part de son Pokémon.

« C'est un peu frustrant de devoir repartir de zéro, ici. J'ai toute une équipe de Pokémon entraînés et j'ai pas le droit des les utiliser pour passer aux arènes. J'vais avoir besoin d'un peu de temps avant de commencer, du coup. Surtout si t'es aussi bon que dans mon souvenir. » Faut vraiment qu'il arrête. C'est une chance qu'ils soient dans une grotte et qu'il fasse sombre ; cette fois, Mallory est écarlate et il sent distinctement ses joues bouillir alors qu'il tourne très franchement la tête, pour ne pas regarder le sourire encourageant du dresseur. Pas étonnant que celui-là ait, sans doute, bien profité de ses voyages ; avec une gueule pareille, il a dû en soulever au moins un ou une par soir, bordel. La pensée l'énerve et celle, encore pire, qu'il ne vaut pas mieux que tous ceux là, lui arrache un grognement en guise de réponse. « Tu verras bien quand t'y seras, finit-il par articuler en haussant les épaules, tandis que Sophie s'éloigne en sautillant. » C'est idiot, il est idiot, et il est beaucoup trop mal à l'aise, tout de suite ; ses mains s'agitent, il tourne la tête un peu dans tous les sens, oublie ce qu'il foutait dans ces grottes à la base. Respire, Mallo. Arrête tes conneries. Et pourtant, comme il lui a manqué, cet homme qui ne se doute absolument pas que quelques mots, simples, ont une horrible portée sur le malade qui secoue la tête, maintenant. « Puis bon j'aime pas trop recevoir des fleurs. Entraîne ton équipe et tu verras bien, mais le Système pouvait de toute façon pas accepter que n'importe quel crétin débarque les poches pleines de monstres, donc c'est normal. Si t'as réussi à dresser une équipe, tu pourras bien t'occuper d'une autre. » C'est tellement con ce qu'il dit, bon sang. Ça n'a pas de sens. C'est stupide. Alors, il se racle la gorge ; tourne doucement la tête une fois la rougeur passée, marmonne. « Puis bon, si t'es dans la région, préviens-moi si t'as envie de. Passer voir un concert. J't'enverrai un billet. »

Visiblement agacée par la réaction de l'Ectoplasma, la Petite se transforme à nouveau et choisit, cette fois, de prendre l'apparence de la belle Lysaria, qui dort tranquillement dans sa pokéball. Isma s'amuse alors de constater que Sophie fait beaucoup moins la gueule, et manque, de fait, la réaction soudaine de Mallory qui détourne la tête. Il fait à nouveau très sombre, et le baroudeur se promet d'acheter un Motismart, parce que pour visiter ce genre d'endroit c'est quand même bien pratique. « Tu verras bien quand t'y seras,
– Si t'es champion et que Sophie casse des gueules, j'pense pas que t'aies perdu ton niveau, répond-il d'un ton léger alors que la Petite reprend sa forme de Zorua, faisant immédiatement grimacer la jeune femme au visage si étrange.
– Puis bon j'aime pas trop recevoir des fleurs. Entraîne ton équipe et tu verras bien, mais le Système pouvait de toute façon pas accepter que  n'importe quel crétin débarque les poches pleines de monstres, donc c'est normal. Si t'as réussi à dresser une équipe, tu pourras bien t'occuper d'une autre. »
Est-ce que Mallory vient de dire quelque chose de gentil de façon spontanée ? Le constat fait sourire Isma de toutes ses dents ; il s'attendait plutôt à se faire dénigrer, en fait, et ça lui fait plaisir de voir que le chanteur ne le condamne pas directement. Pourtant, il aurait de quoi ; dans l'affaire à laquelle le Johtien se surprend à penser, ils sont tous les deux coupables. Choisissant de ne pas se prendre la tête avec ces événements bien trop vieux pour être encore à prendre en considération aujourd'hui, Ismaël les chasse de ses pensées d'un haussement d'épaules. « Puis bon, si t'es dans la région, préviens-moi si t'as envie de. Passer voir un concert. J't'enverrai un billet.
– C'est vrai, tu voudrais bien ? demande-t-il alors, franchement surpris, mais très content. On s'est retrouvés à Galar au même moment j'crois, y a quelques années. J'ai vu une affiche pour l'un de vos concerts mais j'ai pas osé venir, j'me suis dit que je serais pas le bienvenu. »
Et c'était sans doute vrai, à l'époque. Mais ça remonte tellement, maintenant... C'est un peu insensé. « Ça m'a pas empêché d'écouter tous vos albums, cela dit. J'aime toujours autant ta musique. »  

« C'est vrai, tu voudrais bien ? » Oui, bien sûr qu'il voudrait bien, oui. Il est vraiment con ce mec, ou lui est suffisamment malin pour savoir cacher à merveille les raisons qui le poussent à faire preuve de gentillesse, tout de suite ; c'est casse gueule, vraiment très casse gueule, et Mallory le sait. Nourrir inutilement des espoirs au sujet de ce mec qui semble revenir d'outre-tombe, c'est complètement débile et insensé, mais ce n'est pas tout à fait comme s'il arrivait à s'en empêcher ; il n'y a qu'à voir comme il lui sourit depuis tout à l'heure, comme si leur haine adolescente avait fini par se flétrir et disparaître sous le poids des années. Et le reste ? L'a-t-il oublié aussi ? Lui, il n'a jamais pu, absolument jamais. Sa marque est restée là, bien visible dans sa vie, et c'est en pinçant les lèvres qu'il hoche doucement la tête. Oui j'voudrais bien. Connard.

« On s'est retrouvés à Galar au même moment j'crois, y a quelques années. J'ai vu une affiche pour l'un de vos concerts mais j'ai pas osé venir, j'me suis dit que je serais pas le bienvenu. » Il s'en souvient, alors. La dispute a éclaté un soir, quand Mallory lui a craché qu'Oliver n'arriverait jamais à oublier Neskov et que c'était pas la peine de s'accrocher comme il le faisait ; t'es ridicule, Esperanza, on dirait un putain de ponchiot accroché à sa queue, t'en as conscience au moins, que t'es ridicule avec lui depuis des années ? C'est pas toi qu'il a choisi. A l'époque, il n'a pas été capable d'échapper les mots qui lui brûlaient pourtant  l'orée des lèvres, la suite. C'est pas lui que t'aurais dû choisir non plus. En toute objectivité, si ; Ismaël ne pourrait pas poser les yeux sur quelqu'un comme lui. Et pourtant, ils ont hurlé, fort, longtemps, qu'est-ce que t'en sais pauvre taré, t'a jamais été capable d'aimer personne, toi, il s'est bouffé ça dans la gueule comme une putain de gifle ; si. Toi. Mais il n'a pas eu la force de le lui dire non plus. Seulement de le montrer, agrafé à sa peau et dépendant de ses gestes, quand ses yeux  noirs ont forcé la barrière de son regard brun et qu'il l'a imploré de rester avec lui, soupirant près de cette bouche qui lui était enfin accordée, priant pour que ça ne s'arrête jamais mais conscient qu'il aurait disparu le lendemain. Oliver n'a pas compris. Il a dû le lui expliquer, en oubliant, bien sûr, très soigneusement de lui expliquer la vérité.

« Ça m'a pas empêché d'écouter tous vos albums, cela dit. J'aime toujours autant ta musique. » Et c'est sûrement le coup de grâce pour le pauvre musicien qui lève le nez et le dévisage, maintenant. Cette fois, il sourit, en oubliant presque toutes les raisons pour lesquelles tout ce à quoi il pense est tout bonnement impossible. « T'aurais pu venir, à Galar, répond-il en haussant  les épaules. Mais ça m'fait plaisir, merci. » où est Sophie ? Aucune importance. « La tournée était plutôt cool, en plus. J'crois que c'est celle qu'on a préféré faire, c'était vraiment chouette comme coin. J'aurais bien aimé m'attarder un peu à Galar, mais bon. C'est comme ça. » Il aurait bien aimé voyager pour de vrai, lui aussi. S'il n'avait pas toutes ces obligations, sans doute l'aurait-il fait. « Enfin, faut faire des choix dans la vie. Merci pour l'oeuf, au fait. » D'un geste du menton, il lui désigne Sun. « C'est pas un Spectre, mais il est sympa quand il fait pas exploser mes enceintes en pleine répète. »

Il a l'air beaucoup moins morne, Mallory, quand il sourit comme ça. Il ressemble un peu plus au gars qu'il est sur scène, et Isma n'a jamais pu le détester, celui-là. « T'aurais pu venir, à Galar. Mais ça m'fait plaisir, merci. »
Non, il n'aurait pas pu venir ; Oliver lui aurait demandé pourquoi il est parti sans dire au revoir, et il n'avait aucune envie de lui répondre. Quoique, il lui a dit avant de partir ? Il ne sait plus vraiment, le baroudeur ; c'est tellement loin tout ça, et il a vécu tellement de choses, depuis. Ce sont les événements d'Alamos et particulièrement les conseils d'Arella qui l'ont convaincu d'envoyer finalement des nouvelles à Oliver. Il ne s'est décidé que bien plus tard, mais... ça, c'était plutôt faute de savoir comment faire. « La tournée était plutôt cool, en plus. J'crois que c'est celle qu'on a préféré faire, c'était vraiment chouette comme coin. J'aurais bien aimé m'attarder un peu à Galar, mais bon. C'est comme ça. »
Ismaël a adoré Galar, lui-aussi ; c'est là-bas qu'il a capturé Mist, sa Beldeneige, dans les alentours de Winscor. Il se serait peut-être attardé s'il avait eu le sentiment d'avoir trouvé ce qu'il cherchait si désespérément depuis le début de sa fuite en avant. Ça n'a pas été le cas. Et maintenant ? Maintenant, il n'a plus nulle part où fuir, alors ça lui fait remettre les choses en perspective, sûrement. « Enfin, faut faire des choix dans la vie. Merci pour l'oeuf, au fait. »
L’œuf ? D'abord, Isma a un peu de mal à s'en rappeler, de ce geste un peu insensé qu'il a fait juste avant de partir. Et puis ça lui revient, comme ça, tout à coup ; il a bien pris soin de ne pas y repenser, après tout, il était tellement perdu le lendemain de cette incroyable nuit. Quelque part, laisser cet oeuf là-bas, c'était peut-être une façon de le remercier. Mallory lui a quand même ouvert les yeux sur un certain nombre de choses, ce soir-là, et notamment sur le mur dans lequel il se précipitait en s'accrochant à Oliver de cette façon. « C'est pas un Spectre, mais il est sympa quand il fait pas exploser mes enceintes en pleine répète.
– Attends, l’œuf c'était un Voltoutou ? articule-t-il, les yeux ronds. Mais... c'est mon Typhlosion qui me l'avait ramené. »
Un peu halluciné, il rigole doucement en passant une main dans ses épais cheveux en bataille. « Il a dû trouver une Fulgudog à son goût. Quel cachotier. J'pensais que tu te retrouverais avec un Héricendre ; enfin, en tout cas j'suis content si ça t'a fait plaisir. Il doit te changer de tes autres Pokémon. »
Une intervention de Sophie lui fait hausser les sourcils, puis éclater de rire à nouveau. « C'est pas l'amour fou, hein ? dit-il en s'agenouillant pour rappeler le Pokémon court sur pattes qui ne se fait pas prier pour recevoir ses grattouilles en répandant sa bave partout. C'est marrant, on jurerait qu'il a du Mucuscule, aussi. D'ailleurs, j'imagine qu'Oliver est aussi dans la région, du coup ? »

« Attends, l’œuf c'était un Voltoutou ? articule-t-il, les yeux ronds. Mais... c'est mon Typhlosion qui me l'avait ramené. » Ah ouais, sauf que Sun a pas du tout la gueule d'un Héricendre, songe Mallory avec un petit rire, tandis qu'il évite soigneusement de regarder le geste du baroudeur dans ses cheveux bruns, en bordel complet. Adorables, en somme, même s'il aurait largement préféré que ce soit sa main à lui qui s'y glisse. Il vient de dire quoi ? Qu'on peut pas tout avoir dans la vie, hein. « Il a dû trouver une Fulgudog à son goût. Quel cachotier. J'pensais que tu te retrouverais avec un Héricendre ; enfin, en tout cas j'suis content si ça t'a fait plaisir. Il doit te changer de tes autres Pokémon. » Pourquoi a-t-il décidé de le lui donner, cet oeuf ? Pourquoi a-t-il laissé ça sur son lit, ce matin-là ? Quand Mallory a ouvert les yeux, c'est la froideur des draps qui l'a fait frémir, comprenant immédiatement qu'Isma n'était plus là. Il s'est redressé, chaque souvenir de cette nuit et de la matinée qui a suivi sont gravés dans sa mémoire ; il y avait l'odeur de sa peau partout sur le tissus et cet oeuf, là. Il l'a attrapé, a cherché un mot, n'importe quoi. Puis il a éclaté en sanglots. « Autres Pokémon mieux que chienchien, débile. » Un rire éclate près de lui et ses pensées le quittent pour se tourner, à l'entente simple de la trille douce qui résonne dans la caverne ; ses yeux brillent, encore, pour quelqu'un qui ne le voit pas.

« C'est pas l'amour fou, hein ? » Non, Sophie déteste Sun, mais Sun adore Sophie. Elle lui a fait le coup avec chaque Pokémon de son équipe, dans l'arène ; il faut toujours un temps d'adaptation mais en attendant, elle est vraiment insupportable. Isma s'agenouille et bien sûr, Sun se précipite ; il est objectivement adorable ce Pokémon, peut-être un peu trop pour quelqu'un d'aussi morose et amer que Mallory, mais peu importe ; il reçoit une gratouille derrière les oreilles et aboie de joie, ça lui arrache un sourire au champion, encore un. « C'est marrant, on jurerait qu'il a du Mucuscule, aussi. D'ailleurs, j'imagine qu'Oliver est aussi dans la région, du coup ? » Sauf qu'il faut bien remettre ses pieds sur terre à un moment, non ? Cet oeuf, c'était pas uniquement pour lui, et il se rappelle encore du jour où Oliver lui a dit avec un sourire ravi qu'Isma avait enfin donné des nouvelles ; un mot, et un Pokémon. Bien entendu. Son sourire se fane, son coeur s'écrase au fond de sa poitrine, encore une fois brisé par ce connard qui ne voit rien et ne comprend rien, ce crétin à la con sous le charme duquel il n'aurait jamais dû tomber.

Alors son regard s'assombrit, et c'est très sèchement qu'il répond un mot, un seul. « Oui. » S'il veut aller sauter dans son plumar, qu'il fasse, mais tout de suite, il préfèrerait très largement que Neskov y reste, aussi con soit-il. Agacé, il croise les bras, s'efforce de faire disparaître l'énorme boule dans sa gorge. « Faut que j'y aille, maintenant. »