Salut. Assis sur le canapé, dans son appartement où tous les cartons n'ont pas encore été déballés, Oliver fait la gueule. Près de lui, Meleys se tient debout, bien campée sur ses deux petites pattes de garce ; elle l'observe attentivement et très longuement, et ses petits yeux perçants sont chargés de menace. Et pour cause ; il a fallu deux semaines, deux semaines et des jets de flammes à travers le salon pour que le batteur se décide à attraper son Motismart pour envoyer un texto au numéro qu'il a conservé, peut-être un peu trop précieusement, dans son portefeuille. « Tu fais chier. C'est bon là je lui ai écrit, merde. » Tout ça parce que madame veut revoir son compagnon ; il a mis le temps, mais il a fini par le comprendre.  

Bon par contre la réponse, il ne s'y attendait pas. Je ne sais pas comment vous avez eu ce numéro mais si vous comptez vous en servir à des fins malfaisantes sachez que je n'hésiterai pas à appeler la police. Sans déconner, là ? Il en soupire déjà, quel con putain. J'ai eu ce numéro par un grand crétin blond qui me l'a donné après un orage dans la Lande mais message reçu, bonne journée. Alors, mordra, mordra pas ? Ohkee ! Mais encore ? Devant lui, un grondement résonne ; madame commence à s'impatienter, on dirait. Non ! Ollie ? Pourquoi est-il aussi exaspéré ? Sûrement parce qu'il ne voulait pas lui écrire. Il a résisté pendant deux semaines, et ce malgré les longues minutes passées à regarder ce putain de bout de papier. D'ailleurs sur son Motismart, son nom c'est grand couillon. Et pas à tort, à l'évidence. Tu fais quoi demain ?

Simple, rapide, efficace ; il n'a pas du tout envie de s'amuser à échanger par texto, là. J'ai absolument rien d'important de prévu Ah. Bon. Dommage. Il aurait pu dire à Meleys que Gaspar n'était pas disponible ; tant pis, hein ? Trop tard. Je vais me promener au-dessus des steppes. Il avait trouvé un endroit magnifique là-bas. J'ai entendu dire qu'il y avait une petite clairière géniale par là-bas. J'aimerais bien te la montrer. Tu m'en diras tant, songe le batteur avec un sourire un peu amusé, cette fois, alors qu'il tapote la réponse... trop lentement au goût de Meleys, à l'évidence, puisqu'il vient d'apercevoir une petite flamme, là ? « Oh, j'ai pas six bras, vu ? » Bordel. Je la connais. C'était là que je voulais t'amener. Si Mallory apprend ça, il va le tuer. Il va forcément le tuer, c'est une idée à la con, mais sa Salamèche ne lui laisse absolument pas le choix, là. Ah bah... super. Moi je connais pas j'en ai juste entendu parler. Bien, donc s'il est partant ils calent une heure et puis c'est marre, non ?

Ça nous évitera peut-être de nous perdre cette fois : 'D Tiens donc, et il va s'en plaindre, le chanteur ? A mon souvenir, tu t'en es pas plaint. 16h ? Qu'ils abrègent, c'est bon. Au cas où demain, il va prendre son gros sac, parce que s'il a trouvé la clairière facilement la première fois, il n'est pas sûr d'y parvenir de nouveau. Parfait. Tu t'en es plaint, toi ? Merde. Pourquoi il a dit ça bordel ? Allez, on abrège. 16h demain au point de départ du chemin de randonnée vers le Bois Demilune. A demain Neskov. J'y serai. Merci (: « C'est bon, t'es contente ?!
– SALA. »

*~*~*~*~*~*

Il est pile à l'heure, le chanteur, et Oliver n'est pas du tout surpris de voir une belle moto se garer près de sa voiture dans un grondement de moteur. L'engin, noir et rutilant, est conduit par une haute silhouette qu'Oliver ne peut que reconnaître malgré l'épais blouson de cuir et le casque. Quand Gaspar le retire, ses cheveux sont complètement en pétard ; et quand il aperçoit le batteur, appuyé contre un tronc à l'entrée de la clairière et muni de son gros sac de voyage - acheté la veille au soir - il sourit de toutes ses dents, ce grand imbécile. Lui, pas vraiment, non. Par contre, Meleys se précipite vers lui, et il la désigne du coin de l'oeil. « Salut. Cette petite garce a failli faire cramer la moitié de mon appart parce qu'elle voulait voir son compagnon. Tu l'as amené ? » Aimable sans vraiment l'être, il ne sourit pas mais n'aboie pas non plus. « Pas mal la moto, au fait. » La sienne est au garage. Depuis dix ans.

« Tu me prends pour un con. 
– Mais non, pas du tout ! Attends... pourquoi ?
– Cette promenade dans la Lande. »
Gaspar n'en mène pas large. Il était tranquillement assis devant la télé en train de se remater pour la douzième fois le Voyage d'Eliott, d'Anastaja Hudson, un film génial sur le voyage initiatique d'un dresseur au don inné pour comprendre les Pokémon et qui est donc capable de discuter avec eux. Il a la tête dans un pâté pas possible et pour cause, il ne dort pas très bien depuis deux semaines. La première nuit après son escapade à la Lande, il a été réveillé par une secousse assez désagréable et les râleries de Sacha qui lui demandait de faire moins de bruit. Il a prétendu un cauchemar. Ce n'était pas la vérité.
Toujours est-il que son mari, donc, s'est planté devant-lui il y a dix secondes, en l'accusant éhontément, et du coup, Gaspar commence à flipper parce qu'il n'est pas tout à faire sans reproche dans l'histoire de cette promenade dans la Lande. « Qu'estcequetuveuxdire ? piaule-t-il d'une toute petite voix, se recroquevillant légèrement sur le cuir du canapé.
– Cette ball, dit alors le compositeur en sortant de derrière son dos la sphère rouge et blanche que Gaspar avait gardée dans son sac pour ne la sortir que lorsque Sacha n'était pas là. Tu la cachais.
– Cacher, cacher... c'est un grand mot quand même, se défend-il un peu piteusement, soulagé tout de même que le motif de l'accusation soit celui-là.
– Tu as capturé quoi ?
– Rien d'intéressant...
– Alors pourquoi tu l'as capturé ? Tu pouvais pas le laisser tranquille ce Pokémon ?
– Je... »
Son téléphone vibre dans sa poche, et apparaît aussitôt dans sa main. Salut. Il fronce les sourcils, puis relève les yeux quand un soupir retentit au-dessus de lui. Il prend quand même le temps d'envoyer une réponse, ce qui dissuade Sacha d'attendre la sienne. Je ne sais pas comment vous avez eu ce numéro mais si vous comptez vous en servir à des fins malfaisantes sachez que je n'hésiterai pas à appeler la police. « Tu l'as sorti de là, au moins, en deux semaines ?
– Bien sûr, réplique-t-il, en écarquillant les yeux. Je le laisse pas enfermé tout le temps, juste...
– Juste, c'est déjà trop, bon sang. Sors-le de là.

– J'y tiens pas, tu vas encore... »
Mais Sacha n'attend pas, et libère lui-même le Salamèche doré qui se met aussitôt à regarder autour de lui, un peu désorienté. « Bon sang, Gaspa...
– Sala ! »
Le petit cri du Pokémon empêche le compositeur de s'énerver ; celui-ci se retrouve d'ailleurs un peu stupide quand, sous ses yeux, le Pokémon se précipite vers son dresseur pour l'écraser de tout son poids et se lover dans ses bras. « Mais, tu... bon sang, tu m'énerves. »
Bon. L'avantage, c'est qu'à ça, il n'a pas besoin de répondre, et puis Sacha s'en va pour retourner dans son bureau. L'affection de Drogon vient de le sauver d'une monstrueuse engueulade, et il en soupire de soulagement en câlinant le Pokémon qui lui donne de petits coups de museau sur le visage. « Je sais, soupire-t-il en saisissant son téléphone qui a à nouveau vibré. Je sais, mais il ne me... »
J'ai eu ce numéro par un grand crétin blond qui me l'a donné après un orage dans la Lande mais message reçu, bonne journée.

Il en échappe le téléphone en tapant sa réponse, envoyant un message sans aucun sens avant de se saisir à nouveau de l'engin, le coeur battant. Ça y est, ça y est il m'a écrit. Drogon semble percevoir quelque chose d'ailleurs parce qu'il redescend sur le plancher et se met à fixer Gaspar sans plus bouger d'une oreille.
Non ! Ollie ?
Pitié, pitié qu'il n'ait pas renoncé à cause de sa connerie, il faut qu'il lui répondre, Gaspar ne va jamais s'en remettre si c'est à cause de sa stupidité qu'il a convaincu Oliver de ne plus... Tu fais quoi demain ?
Il en soupire de soulagement, et tape très vite sa réponse avant de relever un visage souriant vers Drogon. Ça y est.
J'ai absolument rien d'important de prévu. Si, en fait, mais il va décaler, tant pis. Je vais me promener au-dessus des steppes. 
Au-dessus des steppes... Vers la fameuse clairière enchantée ? Gaspar en a entendu parler, peut-être qu'il pourrait essayer d'y amener Ollie, pour se la péter un peu et l'impressionner ? J'ai entendu dire qu'il y avait une petite clairière géniale par là-bas. J'aimerais bien te la montrer.
Je la connais. C'était là que je voulais t'amener.
Ah, bon. Pour la bonne impression on repassera pas dans l'absolu, c'est pas le plus important. Ah bah... super. Moi je connais pas j'en ai juste entendu parler.
Il envoie son message, le visage barré d'un immense sourire devant son Salamèche qui s'est mis à danser de joie. Aussitôt, gagné par l'enthousiasme, il en envoie un autre : Ça nous évitera peut-être de nous perdre cette fois :'D
A mon souvenir, tu t'en es pas plaint. 16h ?
Non, certes, mais... il n'a rien amorcé du tout, lui. Il n'aurait jamais osé, alors ? Parfait. Tu t'en es plaint, toi ?
Pas à son souvenir. Est-ce qu'il regrette, maintenant ? 16h demain au point de départ du chemin de randonnée vers le Bois Demilune. A demain Neskov.
Il regrette. Sinon il aurait répondu. La pensée lui fait perdre son sourire, un peu, mais il se console vite : demain, il le revoit. J'y serai. Merci <3
Hm. L'idée est plutôt mauvaise, non ? De toute façon, il va effacer les messages, mais il n'a pas envie qu'Oliver renonce à venir alors il corrige : Merci :)


Quand la moto rutilante et généreusement chargée de Gaspar s'arrête sur le parking près d'une voiture noire qu'il a bien sûr reconnue, son sourire est immense avant même qu'il n'enlève son casque. Il est plus heureux qu'il ne sait le dire d'avoir reçu ce message et la simple perspective de passer un moment avec Oliver lui a même fait oublier l'engueulade monumentale qu'il a eue avec Sacha au matin. Son mari est parti pour quelques jours à Lucinel, et il a voulu emmener Drogon avec lui pour le montrer aux autres. Autant dire qu'il n'en était pas question parce que même si, contrairement aux accusations reçues, Gaspar a confiance en son époux, il n'en est absolument pas de même pour les autres tarés de là-bas et dans la mesure où ces mots ont été prononcés, la situation a un peu échappé à son contrôle. Cette fois, il n'a pas cédé, et ça s'est mal terminé. Peu importe. Il voit Oliver, il pense à autre chose, et il est aussi content qu'il est décoiffé. « Bonjour ! lance-t-il joyeusement en sautant du véhicule après avoir coupé le contact.
– Salut. Cette petite garce a failli faire cramer la moitié de mon appart parce qu'elle voulait voir son compagnon. Tu l'as amené ? »
La froideur de la réponse, et son contenu il faut le dire, figent franchement le sourire de Gaspar sur ses lèvres, et écarquillent légèrement ses yeux de surprise. « Je... je oui, je l'ai avec moi, dit-il, le ton un peu incertain. »
Alors c'est pour ça qu'il lui a écrit ? Parce que son Salamèche détruit son appartement ? C'est... logique, il suppose. « Pas mal la moto, au fait.
– Merci, répond-il automatiquement, un peu ailleurs alors qu'il cherche machinalement sa pokéball à la bandoulière sur son épaule. »
Une fois la ball en main, il l'active pour libérer Drogon, qui regarde autour de lui en piaulant de surprise, apparemment dérangé en pleine sieste. Son égarement s'évapore aussitôt qu'il voit sa comparse, près de laquelle il se précipite en criant de joie ; les mamours et les câlins qui s'ensuivent sont d'une mignonnerie terriblement douloureuse, si bien que Gaspar détourne les yeux pour saisir le gros sac accroché derrière sa moto. « Ils se sont manqués, apparemment, observe-t-il du bout des lèvres sans oser regarder Oliver. Ça va sûrement leur faire plaisir de passer un peu de temps ensemble. »
Il a bêtement espéré qu'il en serait de même pour Oliver et lui mais de toute évidence ce n'est le cas que dans un sens. Tant pis, il profitera de ce qu'on lui donne, décide-t-il en osant enfin un petit sourire, un peu triste, mais tout de même. « On y va ? »

Qu'est-ce qui lui arrive, à Gaspar ? Son visage s'est affaissé d'un coup, est-ce qu'il est surpris par le formalisme de ses réponses ? Quelque part, il n'a pas du tout envie de se comporter comme ça, Oliver, mais il n'a pas le choix. Ces deux dernières semaines ont été compliquées, bien plus que ces dix dernières années, simplement parce qu'il a passé quelques heures avec lui ; et qu'il a constaté, presque avec autant d'horreur que de soulagement, qu'en dépit de cette étrange vie qu'il a décidé de mener, le chanteur est resté le même. Sous l'apparence, derrière sa moto noire et brillante, son menton bien droit et son air fier, il y a toujours ce gamin un peu gauche, un peu paumé, qui n'a pas vraiment trouvé sa voix et qui ne sait pas comment la chercher. Il a retourné ça dans sa tête ce soir-là, toute la nuit. Ça, et la force avec laquelle il a répondu à son baiser, cette sorte de réaction presque désespérée qui lui a fait se demander si, si un jour il arrivait à le pardonner, si un jour il parvenait à oublier, à quel point les choses ne seraient pas impossibles. Des jours entiers à le chasser de sa tête, à se rappeler, se répéter non, non, c'était il y a longtemps, beaucoup trop longtemps pour qu'après dix années, les choses soient restées les mêmes. On ne peut pas figer le temps, et les blessures que Gaspar a laissées en partant, il n'a jamais su les refermer. Cette fois, c'est lui qui a besoin d'aide, et le chanteur n'a jamais été capable de s'aider lui même, alors quelqu'un d'autre ?

Le petit Salamèche est finalement relâché par son dresseur, et lève le nez pour regarder autour de lui. Surpris, il ne comprend d'abord pas très bien ce qui lui arrive, mais c'est le pur hurlement de joie de Meleys qui lui fait comprendre, et quand il se précipite vers elle, les pattes en avant, Oliver ne peut empêcher un drôle de sourire de fleurir sur ses lèvres. « Ils se sont manqués, apparemment.  » Ouais. C'est beaucoup trop adorable, cette façon qu'a Meleys de se lover contre lui dans un ronronnement sonore, en le serrant contre elle de ses petits bras. Ils sont mignons, il faut bien le dire, et deux semaines de séparation, apparemment c'était un peu trop, pour eux. « Ça va sûrement leur faire plaisir de passer un peu de temps ensemble. » Il hoche la tête, Oliver ; quelque chose lui dit qu'ils vont devoir se revoir de temps en temps, ne serais-ce que pour que ces deux là se retrouvent. Il a le coeur un peu lourd, étrangement, alors qu'il passe la lanière de son sac de voyage sur son dos. « On y va ?
– Allez, répond-il, faussement tranquille, avant de s'engager sur le chemin qui s'enfonce dans la forêt. »

Il fait un peu frais, aujourd'hui, et il suppose que la proximité avec le Bois Demilune n'aide pas beaucoup. Il ne boite presque pas Oliver, aujourd'hui ; il sait pourtant qu'il va devoir être prudent, sa dernière crise remonte à trop peu de temps. Finalement, après quelques secondes de silence, il finit par tourner la tête vers l'homme qui marche à côté de lui, le nez vers le sol. « Alors, tu t'es pas trop fait engueuler en rentrant ? demande-t-il, pour alimenter un semblant de conversation, tandis que les deux Salamèche partent devant. J'suppose que ça a pas été bien pris, que tu ramènes un Pokémon de la Lande. » Les Pokélovers, c'est juste une putain de plaie, en fait. Sa mère passe tout son temps à se battre contre Eddy Weaver, il en sait quelque chose.

« Allez, répond-Oliver, et les voilà partis. »
Gaspar peine un peu à cause de son énorme sac ; il ne s'attendait pas à ce que la tente qu'il a prise avec lui soit si lourde. D'ailleurs, il se demande un peu pourquoi il l'a prise, finalement, puisqu'Oliver n'a sûrement pas l'intention de passer plus de temps avec lui que celui qui sera nécessaire pour éviter que son Salamèche ne détruise son appartement. Il aurait aussi bien pu la laisser sur la moto. Tant pis, trop tard, il va faire le fort et porter ce truc sur son dos toute la journée.
Les deux hommes avancent dans le silence, et Gaspar songe un peu tristement aux pensées qui l'ont traversé durant les jours qui ont suivi leur dernière rencontre, et toute la journée d'hier, après leur échange de messages. Quand il s'est couché tout seul le soir où Sacha a traîné au studio, les yeux rivés au plafond en se blotissant contre son oreiller en se rappelant comme il aimait, fut un temps, se lover contre une épaule adolescente en regardant les vieilles étoiles fluorescentes encore accrochées dans une chambre d'enfant pas totalement redécorée. Il s'est dit qu'il le raconterait à Oliver, qu'il lui demanderait s'il s'en rappelait, lui. Il a pensé à lui, aussi, quand il s'est assis à sa batterie pour la première fois depuis des mois en n'osant pas imaginer la tête que ferait le jeune homme s'il voyait comme il galérait maintenant. Pendant quelques minutes, il a même fait l'idiot en l'imaginant rire de ses pitreries comme autrefois.
Mais là, tout de suite, il se sent idiot d'avoir imaginé tout ça, et il ne voit plus vraiment comment il pourrait le raconter sans passer pour le dernier des cons. « Alors, tu t'es pas trop fait engueuler en rentrant ? J'suppose que ça a pas été bien pris, que tu ramènes un Pokémon de la Lande.
– Pas vraiment, non, répond-il en haussant les épaules. Mais je me suis fait une raison. De toute façon il est jamais content. »
Le ton est las, et la fin de sa phrase ponctuée. Il n'a pas envie de parler de Sacha. « Merci de pas avoir vendu la mèche, au fait, j'ai pas entendu parler d'un psychopathe qui arpenterait Castlerain avec son Ectoplasma pour me casser la gueule. »
Même s'il n'a finalement aucun mal à croire qu'Oliver n'a pas raconté à Mallory ce qui s'est passé la dernière fois. Ce serait un peu suicidaire, sans doute. « Enfin, ma pote a quand même pris son arme de service quand je lui ai raconté tout ça. Juste au cas où. »
Ça grimpe dur, par-ici, et le pauvre chanteur commence à franchement peiner avec ce truc sur le dos. Peut-être qu'il le laissera à l'entrée de la clairière, finalement. « Tu sais où on va, au fait ? Il paraît que l'entrée est un peu cachée et j'me suis pas vraiment renseigné. »

« Pas vraiment, non, mais je me suis fait une raison. De toute façon il est jamais content. » Eh ben, c'est à se demander s'il était bourré le soir où il l'a demandé en mariage, celui-là. Il a presque envie de poser d'autres questions mais ça serait peut-être un poil cruel ; la froideur de son ton a sûrement déjà fait son office, pour empêcher à Gaspar de s'imaginer qu'ils pourraient retrouver leur complicité d'antan. C'est beaucoup plus compliqué que ça, et à vrai dire, Oliver ne sait pas très bien pourquoi il marche, là, sa tente sur le dos, avec cet homme qu'il prétend ne plus connaître. Ce n'est pas vrai. Il le sait. Et il n'a pas du tout envie de le savoir, alors il hausse les épaules. Après tout, ce mari de merde, c'est lui qui l'a choisi. Si ça foire déjà après deux ans, c'est sûrement que Gaspar aurait dû allumer son cerveau quand il en était encore temps, ce qui n'est visiblement pas arriver. Et quand il était encore temps, ça veut tout simplement dire : quand lui aurait trouvé la force de le reprendre malgré sa défection, et le garder.

« Merci de pas avoir vendu la mèche, au fait, j'ai pas entendu parler d'un psychopathe qui arpenterait Castlerain avec son Ectoplasma pour me casser la gueule. » Comme s'il allait avouer à Mallory qu'il avait recroisé Gaspar. Cela signerait son arrêt de mort et ils le savent très bien tous les deux. Oliver ne le déteste pas assez pour lui souhaiter ça, après tout, hein ? Il n'a pas du tout envie de voir son ex-jeune amant se faire démolir par Sophie, et quelque chose lui dit que cette connasse d'Ectoplasma n'attendrait que ça, en fait. Alors, il hausse doucement les épaules. « J'suis pas fou. Je souhaiterais pas même à mon pire ennemi que Mallo lui tombe dessus, et puis il est un peu nerveux en ce moment. » Les combats d'arène lui prennent la tête, il croule sous le boulot, il a à peine le temps de composer. La dernière fois qu'Ollie est passé le voir, il s'est fait dégager, et ça n'arrive vraiment pas souvent. « Enfin, ma pote a quand même pris son arme de service quand je lui ai raconté tout ça. Juste au cas où.
– Oh, tu sais que ça l'aurait pas arrêté. » Ou en tout cas, ça n'aurait absolument pas arrêté Sophie, ça c'est sûr.

« Tu sais où on va, au fait ? Il paraît que l'entrée est un peu cachée et j'me suis pas vraiment renseigné.
– Hm, à vrai dire, j'me rappelle plus vraiment du chemin que j'avais pris, répond-il en glissant une main dans ses cheveux. Je longeais le torrent sur la gauche là, et j'ai croisé... ah mais putain, j'suis débile bordel... » Il en écarquille même les yeux, là. Il est tellement con, comment c'est possible ? D'un seul coup, il s'arrête, sous les yeux un peu surpris du chanteur ; fouille la poche de ses balls dans son sac, en sachant qu'elles sont toutes vides. « Et merde, grommelle-t-il dans sa barbe. » Puis voyant que Gaspar l'observe toujours, il s'explique. « J'ai croisé un Brocélôme un peu plus loin, après une bonne demi heure de marche et... un Nymphali. Et je l'ai capturé, c'est lui qui m'a emmené à la clairière. » Ouais, dit comme ça ça fait un peu aventure initiatique mais bordel, c'est vrai. « Sauf que comme un con j'ai pas pris sa Pokéball. Va falloir qu'on trouve... quoi ? Me regarde pas comme ça, j'ai vraiment attrapé un Nymphali. »

« Hm, à vrai dire, j'me rappelle plus vraiment du chemin que j'avais pris. Je longeais le torrent sur la gauche là, et j'ai croisé... ah mais putain, j'suis débile bordel... »
Hein ? Quoi ? Surpris, Gaspar lève le nez ; juste à temps pour se rendre compte qu'Oliver s'est arrêté, ce qui lui permet de s'arrêter avant de lui rentrer dedans. Quelque chose lui dit que ça n'aurait pas fait du bien à sa jambe, ou sa hanche. C'est où le col du fémur ?
Peu importe, il est surpris et il ne comprend rien, alors il s'arrête, et se tait, observant son guide avec les sourcils froncés. Il ne les aurait quand même pas perdus ? « J'ai croisé un Brocélôme un peu plus loin, après une bonne demi heure de marche et... un Nymphali. Et je l'ai capturé, c'est lui qui m'a emmené à la clairière. »
Gaspar hausse un sourcil. Il a été emmené à la clairière par un Nymphali ? Et il l'a capturé ? « Sauf que comme un con j'ai pas pris sa Pokéball. Va falloir qu'on trouve... quoi ? Me regarde pas comme ça, j'ai vraiment attrapé un Nymphali.
– Oh mais j'en doute pas. Et du coup tu l'as laissé à Mallory pour qu'il l'intègre au groupe ? »
Il ricane, sans aucune méchanceté, simplement mort de rire intérieurement à la simple idée d'imaginer la tronche totalement déphasée de ce Pokémon au milieu du groupe de hardrock... bordel. « Apprends-lui à jouer de la flute, il pourra... ok, eh, aïe, c'est bon. »
Il continue pourtant de rire, malgré le coup de poing qui vient de lui bousculer l'épaule, sous les deux paires d'yeux curieux des Salamèche qui ne se quittent pas d'une semelle. « Et du coup, reprend-il en essayant de retrouver son calme malgré le sourire con qui continue d'étirer le coin de ses lèvres. Tu te souviens pas de par où il t'a emmené, ton esprit des forêts féériques ? »

« Oh mais j'en doute pas. Et du coup tu l'as laissé à Mallory pour qu'il l'intègre au groupe ? » Est-ce qu'il se fout de sa gueule, là, monsieur le chanteur et son Minidraco trouillard ? C'est une blague ? Il en écarquille les yeux de surprise, Oliver, alors que le chanteur se met à ricaner comme le gros connaud qu'il est et qu'il a toujours été, l'abruti. Il est saoulant, bordel, c'est pas possible. Il en fronce les sourcils de contrariété, bien que ce drôle de sourire amusé lui donne presque envie d'en voir un autre, là. Même s'il est présentement en train de se payer sa tête. « Apprends-lui à jouer de la flute, il pourra... ok, eh, aïe, c'est bon. » Il s'est redressé, et son poing va s'écraser sur l'épaule de ce grand con pour qu'il arrête de se foutre de lui ; non mais ça va bien oui, qu'il garde ses sarcasmes pour lui, en attendant lui il l'a vue la clairière grâce à Lutin, et pas cet imbécile qui se moque de lui. Debout, il récupère son sac et lève les yeux au ciel, exaspéré.

« Et du coup, tu te souviens pas de par où il t'a emmené, ton esprit des forêts féériques ?
– Tu sais quoi ? T'es juste jaloux parce que j'en ai attrapé un et pas toi, rétorque le jeune homme en levant peut-être un peu exagérément le menton, là. J'ai aussi attrapé un Evoli, et si tu continues à faire le malin y'a des chances pour que j'aille effectivement à la tour de combat pour défier un grand crétin blond à tête vide et lui apprendre les bonnes manières. » Le batteur tourne la tête, l'observe ; il a toujours cet espèce de sourire un peu débile aux lèvres, moqueur, mais malgré son agacement, ça lui rappelle beaucoup trop quelques échanges de balles d'un autre temps, quand ça le faisait rire aux éclats entre deux insultes. Ça l'énerve, cet effet qu'a Gaspar sur lui, vraiment.

« Et si tu veux tout savoir, il m'a emmené au milieu d'un bordel de ronces et de buissons jusqu'à la clairière. Au cas où ça t'échappe on est entourés de ronces et de buissons. C'était il y a une semaine et demie, j'me rappelle absolument plus et les chemins indiqués sur internet sont complètement faussés, alors... » Il hausse les épaules, tandis qu'ils rejoignent quand même le bord du petit torrent ; de là, il libère Choupette, qui plonge dans l'eau dans un gargouillement absolument ravi. Meleys et son compagnon, eux, gardent leurs distances. « De toute façon j'ai pris ma tente au cas où. Je veux y retourner, y'a des gens qui ont vu Célébi là dedans. Et puis, c'est magnifique. » Il n'a pas visité beaucoup de zones sauvages, à Lathea ; mais il doit quand même reconnaître que la clairière est sa préférée, pour le moment. « Enfin j'ai pris ma tente pour moi, à mon souvenir les petites princesses chanteuses raffolaient pas des nuits à la belle étoile, hm ? »

« Tu sais quoi ? T'es juste jaloux parce que j'en ai attrapé un et pas toi. »
Mais oui, bien sûr, se dit Gaspar en essayant de ne pas recommencer à rire comme un con, même si c'est très tentant devant l'expression très fière d'Oliver. C'est simplement l'idée que le jeune homme puisse être tout à fait sérieux et réellement vexé qui l'arrête, parce qu'il n'a pas du tout envie de voir la situation dégénérer. « J'ai aussi attrapé un Evoli, et si tu continues à faire le malin y'a des chances pour que j'aille effectivement à la tour de combat pour défier un grand crétin blond à tête vide et lui apprendre les bonnes manières.
– Ah ouais ? Bah écoute c'est quand tu veux ; tu pars sur une équipe de type fée, du coup ? »
Non vraiment il faut qu'il arrête de ricaner comme ça parce qu'il va finir par s'en prendre une vraie, se dit Gaspar en reculant d'un pas prudent, amusé, oubliant momentanément le chagrin qui lui colle aux basques depuis qu'ils ont quitté le chemin.
Ce pas en arrière met fin à la plaisanterie, apparemment. Oliver reprend trop vite son air sérieux. « Et si tu veux tout savoir, il m'a emmené au milieu d'un bordel de ronces et de buissons jusqu'à la clairière. Au cas où ça t'échappe on est entourés de ronces et de buissons. C'était il y a une semaine et demie, j'me rappelle absolument plus et les chemins indiqués sur internet sont complètement faussés, alors... »
Ah bah ça, c'est sûr. Gaspar se rappelle à peine de la mention d'une cascade et d'un Pokémon ultra rare shiny, puis une histoire de statues... De toute façon, il n'a pas d'autre choix que celui de suivre Oliver, et ça lui va très bien, même s'ils ne trouvent finalement pas la clairière. Pour être honnête, ce n'est pas vraiment pour elle qu'il est venu.
Repérant le torrent, il décroche la pokéball de Silver de la sangle à son épaule, et la Minidraco fonce dans l'eau dans un piaillement joyeux pour barboter avec Choupette. « De toute façon j'ai pris ma tente au cas où. Je veux y retourner, y'a des gens qui ont vu Célébi là dedans. Et puis, c'est magnifique.
– C'est aussi ce que j'ai entendu dire, répond distraitement Gaspar, avant de se figer. » 
Il a pris sa tente ? « Enfin j'ai pris ma tente pour moi, à mon souvenir les petites princesses chanteuses raffolaient pas des nuits à la belle étoile, hm ?
– Euh, alors, dit-il en mettant fermement ses mains sur ses hanches, les sourcils froncés. J'te signale que j'ai moi-aussi pris un gros sac à dos et qu'il est pas exactement rempli de produits de beauté, en fait. »
Même s'il aurait beaucoup aimé, il a fallu faire des choix. « Dormir dehors ça me fait absolument pas peur et j'vois pas pourquoi tu te moques. Il me semble pas avoir été si insupportable que ça quand on l'a fait tous les deux. »
Dormir dehors, s'entend. Quoique, y avait pas un Mimigal qui s'était invité dans la tente ? A ce souvenir, il pâlit un peu. Peut-être qu'il a un peu hurlé. Mais bon, rien de notable. « En tout cas, tu t'en étais pas plaint. Et j'avais adoré. Si j'rentre chez moi d'habitude c'est parce que... c'est plus simple. »
Et pas du tout parce qu'il a la trouille de dormir dehors tout seul. Le problème est surtout là, en fait.

« Euh, alors, » et cette voix, cette posture, ça lui  enlève soudain  toute idée de colère ou de froideur à Oliver ; il est monté dans les aigus Gaspar, comme à chaque fois qu'il se sent outré, les poings sur ses hanches fines et les sourcils froncés par une fausse contrariété. C'est adorable, cette façon si naturelle qu'il a de se comporter comme une meuf en étant, à l'époque, persuadé qu'il n'était pas, mais alors pas du tout homo. Il fallait le voir pour y croire, et Oliver mentirait en prétendant que cela ne fait pas partie de ce qui lui a vraiment plu, chez lui, et ce dès le début.

« J'te signale que j'ai moi-aussi pris un gros sac à dos et qu'il est pas exactement rempli de produits de beauté, en fait.
– Ah oui ? Il y a des choses qui ont changé alors, en dix ans, minaude le batteur avec un petit sourire en coin, clairement moqueur. » Il s'en rappelle, de la seule et unique fois où l'aventureux Oliver a proposé au timide Gaspar de faire du camping, rien que tous les deux, de dormir dehors pour un week-end. C'était pas triste et pour le coup, dans son sac, il a cru apercevoir deux ou trois crèmes de jour et de nuit. « Dormir dehors ça me fait absolument pas peur et j'vois pas pourquoi tu te moques. Il me semble pas avoir été si insupportable que ça quand on l'a fait tous les deux. »

D'accord, cette fois il est incapable de réfréner son grand sourire, et le petit ricanement qui lui échappe. Il a la mémoire courte, le petit chanteur ; ou peut-être pas, en fait. Si ce Mimigal n'était pas venu leur dire bonjour sous la tente, est-ce que Gaspar aurait passé toute la nuit dans ses bras, après lui avoir arraché la promesse qu'Allumette chasserait tout importun et qu'il serait en sécurité ? Non, peut-être que le petit insecte avait fait bouger un peu les choses cette nuit-là, Gaspar avait dormi comme un loir et au matin Oliver, lui, s'était réveillé à l'aube, le nez dans ses cheveux blonds au parfum de fleur. L'une des meilleures nuits de sa vie, et c'était encore et toujours avec lui, tiens. « En tout cas, tu t'en étais pas plaint. Et j'avais adoré. Si j'rentre chez moi d'habitude c'est parce que... c'est plus simple.
– T'as juste peur qu'un Mimigal vienne te bouffer les orteils pendant la nuit, c'est tout, répond le jeune homme avec un sourire en coin. T'as toujours été un trouillard dans la nature, ça rend ton envie de devenir dresseur solo d'autant plus louable, cela dit. »

Lui c'est un dommage collatéral mais bon, c'est pas grave, hein ? « Et donc, tu vas quand même pas me faire croire à moi que dans ton gros sac t'as pas une petite crème de nuit et une de jour, hm ? J'pense pas que ton coming-out ait aidé de ce côté-là. »

« T'as juste peur qu'un Mimigal vienne te bouffer les orteils pendant la nuit,
– Pasdutout, répond-il du tac au tac, même si c'est de la pure mauvaise foi.
– T'as toujours été un trouillard dans la nature, ça rend ton envie de devenir dresseur solo d'autant plus louable, cela dit. »
Ah oui, et qu'est-ce que ça veut dire ? Parce qu'il n'aime pas les Pokémon Insecte il n'est pas capable de devenir un bon dresseur ? Vexé, il fronce les sourcils, mais a beaucoup de mal à s'exaspérer sérieusement devant le grand sourire d'un Oliver mort de rire. « Et donc, tu vas quand même pas me faire croire à moi que dans ton gros sac t'as pas une petite crème de nuit et une de jour, hm ? J'pense pas que ton coming-out ait aidé de ce côté-là.
– Même pas, assène-t-il fièrement en relevant le menton. Aucune crème de jour, ni de nuit, j'ai juste pris un masque à appliquer le soir pour réguler le sébum et purifier les pores, donc rien à voir avec... Pourquoi tu rigoles ? Je suis très sérieux ! »
Quel rustre celui-là alors, il ne comprend rien ; comment il peut comparer une crème de jour et un masque ? Il n'y connaît rien, et en plus il se moque, c'est pas sympa. Vraiment pas sympa, et cette fois il boude le chanteur, croisant les bras sur son torse en fronçant le nez pour avancer d'un pas rageur plus loin dans les ronces. Qui lui griffent les mollets parce que bien sûr cette fois il n'a pas fait attention, ce qui lui arrache un tout petit couinement de douleur. « Bravo, à cause de toi j'vais mourir du tétanos, génial, merci beaucoup hein. »

« Même pas. » Ah vraiment ? Il n'a pas pris un malheureux petit soin pour sa peau fragile ? Non, ça il refuse d'y croire, parce qu'il sait que Gaspar ne sortirait jamais sans même une toute petite crème pour sa peau, il l'a toujours fait. Jusqu'à preuve du contraire, il n'a pas arrêté d'être précieux, en témoigne sa tenue, soigneusement choisie pour la promenade et absolument impeccable. Alors quoi, il va lui sortir quoi comme connerie, ce coup-ci ? « Aucune crème de jour, ni de nuit, j'ai juste pris un masque à appliquer le soir pour réguler le sébum et purifier les pores, donc rien à voir avec... Pourquoi tu rigoles ? Je suis très sérieux ! » Alors quoi, il a vraiment pris un masque ? Aussitôt, Oliver l'imagine, avec des concombres sur les yeux et une grosse purée verte étalée sur la gueule et ça lui arrache un rire, terrible, alors que ses épaules se secouent parce que bordel, c'est pas possible de décider d'aller faire une promenade et du camping en pleine nature et penser à son soin du visage. Et comment il compte l'enlever exactement, ce gros malin ? C'est pas possible, et même s'il boude Gaspar, c'est beaucoup trop mignon cette façon de lever le menton dans une posture purement outrée, avant d'avancer à grands pas pour finalement... se prendre les pieds dans les ronces. Là, il a vraiment du mal à ne pas hurler de rire.

« Bravo, à cause de toi j'vais mourir du tétanos, génial, merci beaucoup hein.
– Oh, à cause de moi ? Parce que j'ai le malheur de considérer qu'on peut pas décemment coupler camping sauvage et soin du visage ? Idiot. » Mais c'est beaucoup plus bienveillant qu'accusateur, cette fois ; sans se départir de son sourire, Oliver rejoint sa hauteur, et se penche vers deux jambes emprisonnées dans les ronces. « Bon, commence par enlever les branches. Tu veux qu'on désinfecte ? » Ils viennent à peine de partir et ce grand crétin est déjà en train de pleurnicher, si c'est pas formidable. « J'ai pris de quoi faire, la prochaine fois que tu veux bouder fais quand même gaffe à où tu mets les pieds, hm ? En plus les Mimigal adorent les bosquets de ronces, je dis ça comme ça... »

« Oh, à cause de moi ? Parce que j'ai le malheur de considérer qu'on peut pas décemment coupler camping sauvage et soin du visage ? Idiot. »
Et pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas, hein ? Gaspar se serait bien offusqué un peu plus mal il l'est déjà tellement qu'il risquerait de friser. Et puis il est beaucoup trop en détresse pour avoir de la répartie, là, alors il se contente de pincer les lèvres de contrariété en battant des bras pour ne pas perdre l'équilibre, puisque ses jambes sont immobilisées. « Bon, commence par enlever les branches. Tu veux qu'on désinfecte ?

– J'aurais pas dû mettre de short, pleurniche-t-il en levant la tête vers le ciel, l'air d'accuser une quelconque entité d'être responsable de sa connerie. Il faut désinfecter oui mais j'ai pas de désinfectant...
– J'ai pris de quoi faire, la prochaine fois que tu veux bouder fais quand même gaffe à où tu mets les pieds, hm ? En plus les Mimigal adorent les bosquets de ronces, je dis ça comme ça...
– Oh arrête hein, tu dis ça pour me faire peur, je suis sûr que... AH ! »
Son bond d'effroi le précipite hors des ronces en un éclair, ignorant totalement la douleur que les épines plantées dans sa peau provoquent en se décrochant si brutalement. « C'est... c'était quoi ça ?! accuse-t-il en pointant du doigt un pauvre Chenipotte qui le regarde sans comprendre ce qu'il a fait de mal. La Lumiclairière bordel, pourquoi ils ont appelé ça avec un nom aussi mignon et buccolique si c'est plein de ronces et d'horribles insectes ?! »