Quand tu découvres qu'une carte au trésor est en fait le dos d'une boite de céréales.
Plato Real. Paldea. J'ai dix ans.
J'avais pas vraiment d'amis de mon âge. Ils étaient soit trop vieux, soit trop jeunes. Alors je jouais seul. Souvent je sortais du hameau pour aller jouer près de l'étang. Je n'avais pas le droit d'aller au-delà en étant seul, même si souvent le Kirlia de maman m'accompagnait pour me surveiller. Elle était infirmière au centre pokémon. Enfin, elle l'est toujours. Très respectée la daronne et aimée par tout le monde. Alors on me connaissait comme étant le fils de celle qui soigne les pokémon. Mon père était moins présent, il venait que les week-ends mais c'est un bon parent. Il travaillait comme professeur à Mesaledo, l'académie dans laquelle j'irai très prochainement. Là encore je serai connu comme "le fils de".
Mais pour l'instant, je trompe l'ennui du haut de mes dix ans devant un étang pas assez profond pour m'y noyer à essayer de me lier d'amitié avec un Axoloto de Paldea. Et c'est là que je la trouve. LA carte au trésor. Mon cœur fait boom boom tellement vite que j'ai l'impression de faire une crise de panique. Sauf que la sensation est agréable. Donc définitivement pas une crise d'angoisse ... Je la montre à Ruby, la Kirlia de maman, avec tellement d'excitation qu'elle se contente d'applaudir en me laissant faire. Il y a un gros X rouge indiqué quelque part. Mais je reconnais aucun repère des environs. Il y a de l'herbe ... Des arbres ... Deux rochers. Et le trésor est enfoui à leurs pieds.
Cinq heures. C'est le temps qu'il m'aura fallu pour faire le tour du village pour creuser sous tous les rochers que je voyais avant de rentrer bredouille au centre pokémon couvert de terre avec une Ruby qui tapote gentiment mon épaule pour me consoler. Moi je boude, ma mère me demande ce qui se passe. Je lui explique tout avant de lui montrer la carte au trésor. Je la vois essayer d'étouffer un rire avant de me dire : "Mais mon chéri, c'est le derrière de ta boite de céréale préférée. Celle de l'an dernier, les Captain Flamigo.". Je me sens nul. Mais je me suis bien amusé. Et après ce jour là, je fais moi même mes propres cartes au trésor. Et j'enterre des objets quelque part. Avec le recul, j'ai oublié de cacher la carte dans un endroit où elle sera trouvable. Elle ne sert à personne dans un coffre de rangement de chez moi ... Alors la figurine Malvalame que j'ai caché au pied d'un arbre y est restée pendant des années ...
Quand t'es le seul gosse du quartier et que les histoires qu'on te raconte sont stupides alors tu inventes les tiennes.
Quand j'étais gamin, j'aimais les storytime juste avant d'aller me coucher que maman me racontait. Mais plus les livres pour enfants s'accumulaient, moins je trouvais ça passionnant. Parce que tout devenait prévisible, ennuyant. Un jour, ma mère m'a dit que si aucune des histoires me plaisait, je n'avais qu'à inventer ma propre histoire. À ce moment là, c'est comme si tous les Tic, Clic et Cliticlic dans mon cerveau s'étaient mis à s'activer à leur maximum au même moment. Elle avait raison. Depuis tout petit je jouais seul car j'avais aucun ami de mon âge dans le hameau, légèrement en dehors du village de Plato Real. Alors j'utilisais mon imagination pour jouer la grande majorité du temps. Je n'avais qu'à utiliser cette même créativité pour inventer des histoires et les raconter à ma mère.
Le titre c'était Olivini et ses amis. C'était l'histoire d'un Olivini seul et effrayé qui voulait voyager au-delà de son oliveraie. Un jour, il fait le premier pas, le plus important, et il s'en va à l'aventure. Sur sa route, il devient ami avec un Wattouat qui le laisse se blottir dans sa fourrure quand il a peur. Ils se déplacent ensemble vers le sud pour voir l'océan. Et sur la route, le duo va rencontrer plein d'autres amis pokémon qui vont se joindre à eux. Au fil des semaines, mon histoire s'améliora. Il y avait des combats avec des méchants pokémon, il y avait des moments émouvants car ils se faisaient des amis mais certains refusaient de les suivre vers le sud alors ils devaient se dire au revoir. Au bout de quatre mois à s'arrêter partout, ils étaient enfin parvenus jusqu'à l'océan où ils ont fait la fête sur la plage toute la nuit. C'était la fin. Ma mère avait applaudi. Mon père aussi quand je lui avais raconté tout ça chaque week-end qu'il rentrait à la maison.
Je me suis senti à la fois heureux et vide. Satisfait et triste. J'avais créé quelque chose à moi seul, une histoire que je trouvais passionnante avec des personnages attachants que j'aimais beaucoup. Pour finalement tout arrêter car ... l'histoire était tout simplement fini. J'étais fier et attristé. Dire adieu à l'Olivini et ses amis, c'était déchirant. Alors pour combler le vide, j'en ai commencé une autre. La quête d'un Candine qui voulait devenir la Sucreine du royaume de Paldea. Et quand l'histoire fut terminée, j'en inventais une autre. J'écrivais tout du mieux que je pouvais. Parfois quand c'était trop compliqué de dire des mots et les écrire, je faisais des dessins. Au fur et à mesure les carnets se sont accumulés. Et je ne me suis jamais vraiment arrêté. Si vous visitez ma chambre d'enfance vous verrez dans chaque carnet l'amélioration de mon vocabulaire, de mon style d'écriture, de la qualité de mes croquis et autres dessins. Une véritable frise chronologique de ma passion.
Quand ton love crush dit que tu seras jamais connu bah en fait, non quoi, il a pas de vocation dans la divination lui.
Je suis tombé amoureux. Fou amoureux. Fou dans le genre à se taper la tête par terre si jamais il répond pas à ton message en moins de dix minutes alors qu'il s'est simplement endormi naturellement entre deux messages. C'était un ami. Mon premier ami à l'académie. On faisait tout ensemble, j'allais chez lui à Mesaledo, il venait chez moi à Plato Real. On était proches. Très proches. Trop proches pour ne pas tomber amoureux l'un de l'autre. C'était comme écrit. Un an de bonheur en couple, et avant ça trois ans de bonheur amical. On avait quoi ? Dix-sept ans. Notre première fois en couple à tous les deux. C'était mignon. Je me sentais invincible. Sauf qu'il voulait rester dans la ville où il es né. Moi, je voulais vivre mes histoires. Il était meurtri. Il avait si mal qu'il m'a dit que jamais mes histoires ne deviendraient aussi célèbres que je l'espérais. C'était au même moment que j'avais envoyé le manuscrit de mon premier roman. Roman que j'avais écrit sous ses encouragements quand on voyageait un peu dans tout Paldea pour notre chasse au trésor annuelle, lors de la dernière même. On rencontrait plein de gens, on vivait des moments inoubliables. Et je voulais que ça ne s'arrête jamais. "Grandis un peu, t'es plus un gosse !" Il avait crié. Mais pas parce qu'il le pensait réellement. Juste parce que me voir partir lui faisait mal. Mais c'est ce qu'il s'est passé.
C'était douloureux. J'avais jamais eu aussi mal. Mais il avait tort. Quand les premiers retours à la parution de mon premier roman "Les Pokémon fantastiques et où les trouver" ont été plus que positifs et m'ont permis de gagner un salaire décent, je savais que c'était le coup de pouce du destin qui me disait de réaliser mon rêve et de voyager pour continuer à écrire. Les adieux avec Leo, mon ex désormais était déchirant. Mais moins violent. Il m'a souhaité le meilleur, et moi aussi. On s'est embrassés pour la dernière fois. J'ai dit au revoir à ma famille, on m'a même forcé à aller dans un peu tout le sud de Paldea pour dire au revoir à mes cousins, oncles, tantes, grands-parents. Et j'étais parti pour Kalos.
Quand tu décides pour toi qu'il est temps de vivre tes histoires mais que tu as la capacité de survie inférieure à celle d'un Keunotor
D'abord Kalos. J'y suis resté trois ans et demi environ. C'était inoubliable. C'était la région parfaite pour commencer. Puisqu'elle est voisine à Paldea, quand j'avais le mal du pays, ça me rassurait de savoir que Paldea était à côté si je voulais tout plaquer et rentrer chez moi. Juste le temps de m'habituer à la vie de nomade et d'écrivain. J'étais parti avec un de mes pokémon que j'avais depuis adolescent. Garnet, mon Carmadura. Mon fidèle compagnon qui m'a sauvé à de nombreuses reprises lors de mon périple à Kalos. Au fil des endroits que je visitais, mon équipe s'agrandit petit à petit. Mistigrix, Colimucus, Trousselin, Cornèbre et Aquali. Chaque ajout à mon équipe donnait à mon nouveau livre un chapitre entier contant l'aventure épique que j'avais vécu - en étant romancé au maximum - pour gagner l'affection de ces pokémon. Je vivais principalement à Quarellis, j'avais un petit appartement dans lequel je restais quelques jours avant de continuer mes voyages. C'était un peu ma base, celle dans laquelle je revenais pour remettre de l'ordre dans mes affaires. Trois ans sont vite passées. Deux tomes sont sortis entre temps. Le premier intitulé "Les Mystères de Kalos." et le second nommé "Roman sur bois", une référence à Romant-sous-bois, la ville que j'ai préféré lors de mon voyage à Kalos. Chacun des romans - tout comme le premier publié - était une sorte de bestiaire ou d'encyclopédie relatant les diverses espèces de pokémon présentes dans de multiples endroits que j'avais visité, souvent historique et mystique dans cette région.
Après trois ans et demi passés à Kalos, je suis rentré six mois à Paldea pour passer du temps avec ma famille, mes vieux amis. J'ai revu Leo, il avait un nouveau compagnon, ils étaient fiancés. Je l'ai félicité chaleureusement et le soir venu, j'avais beaucoup bu. Beaucoup pleuré. Et j'avais passé plus de temps chez mes cousins à Alforneira, pour m'éloigner le plus de Leo et son fiancé. Après mon séjour sur ma terre natale, je suis reparti. Cette fois-ci direction Galar.
Trois ans et demi, c'est également le temps que j'y suis resté dans cette région. Ma "base" était située dans une petite maison louée à Corrifey, un endroit magnifique, magique même. Entouré d'arbres et de champignons geants et lumineux. On se serait cru dans un contes pour enfants avec tous les pokémon fée qu'il y avait. Je repensais souvent à l'Olivini et ses amis, ils auraient adoré cet endroit. Pour ce voyage, j'avais laissé mes pokémon à ma famille. Carmadura s'occupait du centre pokémon avec ma mère et son Gardevoir. Les autres accompagnaient mes parents ou mes petits cousins et cousines. J'étais parti avec un seul pokémon avec moi. Un Roussil. Heureusement qu'il m'aidait, tout comme Carmadura. Leurs pouvoirs psychiques et leurs personnalités très protectrices, presque paternelles les poussaient à s'occuper de moi. Corvées ménagères, cuisine et j'en passe. Très vite, là aussi mon équipe s'est agrandie. Bourrinos, Spododo, Corvaillus, Wimessir et Leviator. J'ai sillonné la région avec ces six braves chevaliers et deux romans sont nés de nos aventures. Le premier "Les Pokémon de la table ronde", suivi du second un an et demi après intitulé "Goupelin l'Enchanteur". Même format que les trois premiers tomes, mais tout est basé à Galar avec un thème principal portant sur le folklore régional.
Trois ans et demi après, je rentrais à Paldea pour six mois à nouveau. Comme la dernière fois. J'ai revu Leo, il était marié, et il avait un gosse. Et ça faisait moins mal. J'avais encore un pincement au cœur mais le voir heureux me faisait plaisir aussi. Ma prochaine destination était choisie. Lathea. Une nouvelle région chargée d'une histoire sombre n'attendait plus que moi pour en relater ses histoires et expliquer sa faune et sa flore. M'installant à Lencliff, voilà déjà quatre mois que je suis installé ici en compagnie de Galilée, le Lewsor capturé près de Motorby à Galar avant de rentrer à Paldea. J'ai laissé à nouveau mon équipe à mes parents afin de vivre une aventure excitante avec une nouvelle équipe que j'aurais agrandie au fil du temps à Lathea. Avec un nouveau titre en tête pour mon sixième romans, "Renaissance d'une terre." n'aura qu'à être écrit au fil de mes journées dans cette nouvelle région.