L'après-midi est trop belle pour rester enfermés ; c'est en tout cas la pensée qui rassure le jeune chanteur qui fait le guet dans les couloirs de l'hôpital, en cherchant à tout prix à échapper au regard des infirmiers et de l'interne en psychiatrie qui lui a préconisé une semaine de repos après la dernière crise. A ses côtés, il y a un garçon, mince et pas très grands, les cheveux sombres et l'air un peu perdu. Dans ce genre d'endroits, il est difficile de nouer la moindre relation, qu'elle soit amicale ou non ; la plupart du temps, ceux qui viennent ici n'ont pas suffisamment conscience du monde qui les entoure pour  prêter attention à ceux qui, comme lui, apprennent doucement à revenir à la vie entre chaque épisode de détresse. Mallory ne garde toujours que très peu de souvenirs de ses crises. Seulement la colère, la rage et les larmes, mais il en oublie souvent la raison et les retombées. Hier soir, avant d'être admis aux urgences, il a mordu Erèbe jusqu'au sang. Pour une histoire de cafetière vide au moment de la pause, pendant  la répétition du soir.

La  moindre contrariété est souvent signe de panique chez un garçon comme le champion et les frustrations engendrent très souvent des actions disproportionnées. Cette fuite vers l'extérieur en est la preuve, même si elle n'est pas uniquement de son fait. Dans la salle d'attente, au lieu d'aller voir le psychiatre, ces deux-là se sont échangés une poignée de mots au moins aussi froids qu'une brise hivernale. T'es là pour quoi ? J'me souviens  pas, et voilà au moins la raison pour laquelle ce garçon a attisé la curiosité élimée par la maladie du jeune  homme qui lui fait signe de le suivre jusqu'à dehors. Ils quittent le hall d'un pas presque trop tranquille, s'engouffrent par la sortie, puis traversent une série de boulevards avant de rejoindre le Parc Pokélovers. S'ils s'éloignent trop, il n'ose pas imaginer comme il va se faire engueuler par le groupe et Sophie va s'inquiéter, mais il avait besoin de prendre l'air. Et aucune envie de raconter au crétin qui lui sert de psy que là, maintenant, avec les cachets, la crise et le repos forcé, il est dans un état tel qu'il ignore même s'il pourra ressentir de nouveau une émotion. Comme d'habitude.

Mais cela n'a pas beaucoup d'importance, et garçon à côté de lui ne lui en tient visiblement pas rigueur. Deux fous ensemble dans une fuite en avant passent les portes de fer forgé pour pénétrer dans le petit paradis des Pokémon au coeur de la ville la plus laide de Lathea ; exception faite de Nathalia, bien entendu. Mallory marche à pas lents maintenant, profite doucement de la chaleur du soleil sur sa peau blanche. Autour d'eux s'égayent des Pokémon citadins, que personne n'a le droit de capturer mais que tout le monde finit quand même par emmener ; le jeune homme les ignore pour le moment, préférant reporter son attention sur le garçon qui l'a suivi sans une seule protestation, cherchant visiblement un refuge, un point de fuite autre que cet endroit dans lequel résonnent de drôles de râles dans les couloirs blancs à l'infâme odeur de désinfectant. Ici, ils sont beaucoup plus libres de leurs mouvements. « C'est quoi ton nom déjà ? » Demande le chanteur, sans savoir s'il lui a déjà posé la question dans la salle d'attente, ou non. Il ne sait pas s'il est vraiment curieux ou s'il a simplement besoin d'ouvrir la bouche ; son état actuel ne l'oblige à répondre qu'à ses besoins les plus primaires. « De quoi tu te souviens pas, en fait ? » Parce qu'il a essayé de lui  expliquer en haut, mais Mallory ne l'écoutait pas, ou à peine. La seule chose à laquelle il pensait, c'était de sortir, et maintenant qu'il est dehors, il est satisfait d'apercevoir  une brume violette s'approcher doucement de lui, avant de matérialiser l'Ectoplasma qui apparait près de lui, sans
un mot. Sophie trouve toujours un moyen de le retrouver.

Il est là depuis un moment à flâner dans l’hôpital. Il ne sait pas tant s’il a envie tout de suite d’aller dehors, d’explorer comme les autres le font. Il est resté à alterner entre le toit et l’hôpital qu’il connait si bien à présent. S’il devait être honnête, il dirait qu’il a bien hâte de sortir même s’il sait tout autant qu’il n’est pas vraiment prêt et à la fois il sait qu’il ne sera pas livré à lui-même si on lui dit un jour qu’il est prêt, qu’il peut aller comme tous les jeunes de son âge à découvrir Lathéa, à voir un peu de l’île même s’il sait qu’il restera les premiers temps à l’endroit où il se trouve, Skyler Bay. Avant de pouvoir y aller pourtant, il doit aller dans l’aile psychiatrie qu’il connait bien à présent et ou on le connait bien également. Il y a Zoé avec lui mais elle y va à reculons comme si elle aussi avait envie de faire tout sauf d’aller dans ce bureau pour parler, là où elle s’ennuiera surement tout autant que lui.

Il soupire un peu quand il est là en avance, regarde les magazines posés sur la table sans aucun intérêt. Il pourrait piquer un somme mais il est bien éveillé, ne parvient pas à rester assis plus de cinq minutes qu’il est déjà là à arpenter la pièce. Pourquoi est-il parti plus tôt déjà ? Parce qu’à force de n’être si peu souvent sorti depuis un peu plus d’une semaine, il a du mal à rester en place. Cela ne dérangerait personne qu’il s’en aille en vérité, il sait qu’il n’est sous la tutelle de personne, qu’il est majeur alors s’il le voulait il pourrait partir tout de suite s’il en avait l’envie, du moins il croit. S’il a cette envie de bouger pourtant, il sait que c’est mieux pour lui d’attendre au moins l’accord du médecin parce qu’il ne voudrait pas faire une rechute bête et s’abîmer la santé juste par envie de découverte. Puis aussi les pokemons, ce n’est pas nouveau pour lui, il sait ça mais quelque part, ça l’est un peu également alors pour eux aussi, même s’il en a lu beaucoup sur eux depuis qu’il est là, c’est mieux qu’il reste.

Il n’est rarement seul quand il est dans cet endroit, il y a d’autres patients. Certains un peu étranges parfois, qui ont surement d’autres problèmes à gérer beaucoup plus graves que le sien alors il évite d’en parler véritablement avec eux. Le plus souvent il esquive comme il sait si bien le faire même s’il est curieux et ça il sait bien évidemment que c’est un trait de caractère qu’il a depuis tout petit. Il y en a un qui vient, en qui il voit ce quelqu’un pour le tirer de cet ennui là, pour échapper quelques heures à l’hôpital pour en revenir mais au moins ça résoudrait le fait de ne pas s’aventurer seul dans un endroit qu’il ne connait pas ou plutôt qu’il connait sans connaitre. Cette ville, il la connaît sans y avoir mis réellement les pieds. Ce quelqu’un qui a l’air un peu à côté de ses pompes mais ne le sont-ils pas toujours ? Il semble réfléchir. Il y a des bons jours ou ils ont l’air bien, du moins mieux par rapport à ces moments où rien ne semble jamais bien aller pour eux. Il ne sait pas trop comment l’aborder en réalité une fois qu’ils y sont, dehors. Il a l’air un peu gauche parce que c’est bien d’avoir cette idée de partir mais une fois que l’inconnu nous tend les bras, il est difficile du moins pour lui de l’appréhender cet inconnu là qui est l’île toute entière.

Il ne sait pas vraiment s’il doit le suivre mais c’est une occasion d’aller dans ce parc qui grouillent de pokemons semblant y vivre facilement sans qu’il doivent craindre la capture même si cela arrive bien évidemment, bien souvent en réalité. C’est bien là le premier endroit qu’on lui a indiqué pour ses débuts, s’il voulait en savoir un peu plus sur les pokemons et en voir quelques uns qui se laisseraient approcher. Il lève la tête à la question, tiré de ses pensées sur l’endroit dans lequel ils se trouvent. « Maxence. » Il répond lentement comme s’il essayait de voir si c’était bien celui-là, s’il était bien avec ce prénom là à défaut d’avoir le sien. Ce qu’il peut dire c’est qu’il ne se sent pas tant étranger de lui-même avec ce prénom-là. Il l’aime bien. « De quoi je me souviens plutôt. » Parce que cette question qu’il lui pose le brun, il ne peut pas vraiment lui répondre autre que presque tout. « Tu t’appelles comment toi ? » Parce qu’il a pas trop fait attention aux informations ces derniers temps, à des choses qu’il devrait être capable de savoir s’il voulait en connaitre un peu plus sur Lathéa. Il regarde le pokemon qui arrive vers eux, pas très à l’aise avec cette façon d’arriver qu’on les pokemons généralement de type spectre.

Maxence. Ce nom est joli et commun, mais est-ce vraiment le sien ? Le sait-il seulement, cet étranger ? Mallory est curieux, bien sûr, et c’est une curiosité qui lui permet au moins d’oublier pour quelques temps son propre état, sa propre condition. Le soleil qui lui chauffe le dos ne parvient pas jusqu’à son coeur gelé, la présence des Pokémon qui l’entourent n’arrivent pas non plus à éveiller son intérêt. Il ne sait pas comment prendre ou vivre les choses Mallory, tout au plus est-il seulement capable de survivre en ce moment. Ces quelques nuits dans ce lit froid de l’hôpital ne lui ont pas accordé le repos qu’il lui fallait, et il sait qu’en y retournant, seul le temps sera capable de guérir, ou au moins d’atténuer la douleur des blessures  silencieuses qu’il s’est lui même infligé. Et en attendant, il vaut mieux se concentrer sur autre chose, par exemple cet étrangé qui erre avec lui dans les allées pavées du parc gorgé de soleil, sans pour autant qu’ils parviennent à en ressentir la saveur ou la joie sauvages qu’un enfant pourrait connaître à l’arrivée du printemps. Lui n’a jamais attendu que le froid de l’hiver, celui qui lui a toujours donné une très bonne excuse pour se planquer.

Tandis qu’un Skitty se faufile entre ses jambes pour fuir de l’autre côté du chemin, il sent une main qui se pose en douceur, aérienne et éthérée, sur son épaule. Sophie semble suivre le chemin de son ombre avec tranquilité, et si elle regarde l’étranger bien curiusement, l’Ectoplasma ne dit d’abord rien ; son corps de jeune femme progresse souplement dans l’air de l’après-midi, et au soleil elle ressemble plus que jamais au fantôme de l’âme dont elle a décidé de s’imprégner. Lui, et si cette paume posée sur lui le rassure, il ne regarde que cet inconnu qui a répondu d’une voix basse, presque pesante, comme s’il cherchait lui-même si ce nom dont il se rappelle est véritablement le sien. Amnésique à ce point-là, sans doute une proie rare et précieuse pour des hommes et des femmes qui ont offert leur vie à la psychiatrie, ils ne laisseront certainement pas filer un cobaye pareil, songe le chanteur sans le quitter du regard. « De quoi je me souviens plutôt. » De quoi, alors ? Maxence ne se rend sans doute pas compte que cette curiosité est une aide précieuse pour le champion qui marche à côté de lui ; parce qu’il n’en rajoute pas plus, presque aussi vide que lui alors que la journée est magnifique.

« Tu t’appelles comment toi ?
– Mallory, répond-il simplement, un peu amusé de se dire que son nom, à lui, même s’il l’oublie il y aura des centaines de milliers de fans pour le lui rappeler. D’un geste du pouce, il désigne le Pokémon qui marche avec lui. Et elle, c’est Sophie. C’est un Ectoplasma, même si ça se voit pas beaucoup tout de suite. » Sophie sourit. Ses lèvres s’écartent, remontent le long de ses joues jusqu’à atteindre le lobe de ses oreilles ; elle est avenante bien sûr, mais pour le commun, cette bouche d’une bonne quinzaine de centimètres de longueur est effrayante. « Sophie joue du piano. » Sa voix rauque résonne dans l’atmosphère paisible, et fait s’envoler quelques Poichigeon qui passaient par là. « C’est normal, si tu flippes, rétorque le chanteur, en calant ses mains dans ses poches. Les gens ont souvent peur d’elle. Elle a fini par s’y faire. » Avec la horde de fans qui portent des t-shirts du groupe à son effigie, elle a appris à relativiser. « Tu dois rester à l’hosto combien de temps ? »

Il n’aime pas cette ville. C’est bête qu’elle soit son lieu de vie depuis un peu plus de deux semaines. Les jours sont longs, la vue est morne même dans les hauteurs quand il s’échappe un peu à sa façon, dans un endroit où les infirmiers et infirmières savent toujours le retrouver. Ce n’est pas comme s’il cherchait véritablement à s’évader sinon il l’aurait déjà fait. Pour un début de vie dans sa nouvelle vie, il ne peut pas nier et dire que Castlerain n’est est pas un bon départ. Aujourd’hui pourtant il a eu envie de partir un peu plus loin, de quitter même vingt minutes cet endroit. Le garder à l’hôpital reste pourtant la solution de facilité le temps qu’une autre pointe le bout de son nez. En attendant, il reçoit de l’aide comme ce psychologue qu’il n’a aucune envie de voir aujourd’hui. Il sait qu’il parvient toujours à le faire parler même s’il déteste, même s’il a du mal à dire des choses sur lui à quelqu’un qu’il ne connaît pas, quelqu’un qui ne se soucierait pas de lui, comme  chacun de ceux devant le voir une fois les portes de l’hôpital franchies.

Il ne sait pas tant où le brun les emmène. Castle Rain après tout il n’a pas vraiment cherché à la connaître même en restant entre ces murs blancs. C’est plutôt l’extérieur et tout le reste de l’île qui l’a intrigué. Alors il fait attention quand il le suit, reste prudent en se demandant déjà combien de boulevards ils ont traversés depuis qu’ils ont quitté l’hôpital. Il trouvera bien son chemin, demandera de l’aide quand il sera temps pour lui de rentrer. Le parc fait du bien, Zoé se montre curieuse dans cet écrin de vert pas réellement caché dans cette ville un peu triste. Il la laisse faire après tout c’est assez rare qu’ils rencontrent des pokemons eux-aussi. Il y a ceux de ceux qui bossent à l’hôpital mais ce n’est pas la même chose que d’en voir en vrai. Enfin. Ailleurs. Il lui répond assez facilement à Mallory qui est bien vite rejoins par un pokemon qu’il semble reconnaitre malgré l’apparence. Un pokemon spectre définitivement. S’il a du mal souvent avec la façon d’agir des pokemons spectres quand ils arrivent pour vous surprendre comme à présent : la curiosité prend facilement le dessus, comme toujours. « Elle n’était pas avec toi ? » Il ne sait pas lui après tout que les pokemons peuvent se déplacer ainsi aussi facilement pour retrouver quelqu’un.

Sophie, une Ectoplasma. S’il ne veut pas se souvenir au moins il tâchera de se rappeler. Il invite Zorua qui est surprise et à la fois ravie de se trouver dehors, hors de l’hôpital. « J’aime bien le piano. » Il lui répond un peu curieux. C’est bien la première fois qu’il entend un pokemon parler ainsi, d’avoir cette apparence si particulière. « Sophie m’a surpris. » Il peut bien l’admettre. « Mais là j’suis plutôt curieux que terrorisé. J’avais hum. » Oublié n’est pas le bon terme mais c’est celui qui lui est venu tout de suite. « Je ne savais pas qu’ils pouvaient se matérialiser ? » Ce n’est peut-être pas le meilleur terme mais Mallory fera avec ce qu’il sait, c'est-à-dire pas grand-chose. Il regarde un peu autour de lui, assez curieux de l’endroit, de ceux qu’il croise sans pour autant avoir étudié leurs noms quand la question est posée. Il hausse les épaules. « J’en sais trop rien. » C’est vrai. Il n’y a pas réellement de façon de faire pour une situation telle que la sienne. « Quand je me sentirais prêt, j’imagine. »

Il peut partir s’il en a l’envie même sans endroit où se réfugier ou tout l’inverse. Peut-être qu’il ne pourra pas avant qu’ils aient la certitude que tout ira bien pour lui une fois dehors, pour ceux qu’il rencontrera dehors. Il n’a pas causé de souci depuis qu’il est là pourtant. « Tu  connais bien Castlerain ? » Il n’a pas eu l’air d’être perdu quand ils se sont dirigés par ici, Sophie l’a rejoint de façon facile. Il doit être d’ici. Si Maxence va lui demander comment il s’est retrouvé dans cet hôpital, il n’en sait trop rien. Parfois, c’est peut-être bien mieux de ne pas savoir. « Zoé ne supportera pas l’hôpital bien longtemps. » Elle est la première à avoir trouvé l’escapade sur le toit, la première à attendre patiemment depuis quelques temps pour qu’il agisse comme aujourd’hui, celle qui semble la plus intéressée des deux par le parc dans lequel ils se trouvent. « C’est quoi cet endroit ? » Il semble attirer les pokemons. Peut-être qu’ils se trouvent dans l’un des rares endroits chaleureux pour eux dans cette ville.

« Elle n’était pas avec toi ? » Quelque part, il est rare que Sophie le quitte, Mallory. Elle se déplace souvent derrière ou près de lui, comme une ombre furtive, souriante et étrange ; une certaine forme de folie, sous une apparence de jeune femme au sourire abominable dévoilant sa véritable nature. Sophie n'est pas comme les autres et ne l'a jamais été. Du premier jour où il l'a rencontrée, Mallory l'a su. C'était une évidence et quand elle lui a raconté son histoire, il n'a eu que la confirmation de cet état de fait : ce Pokémon bizarre s'est imprégné d'un souvenir, d'un esprit, il ne sait pas trop, pour devenir ce mélange presque parfait d'un spectre sans but et d'une enfant à qui elle offrait l'occasion de grandir. Mais c'est sans doute un peu compliqué à expliquer à un garçon qu'il connait à peine. Beaucoup s'enfuiraient en entendant les origines de cette petite, et il n'a pas envie d'être seul aujourd'hui. Si habituellement, la compagnie des autres Pokémon lui suffit, maintenant pourtant un peu de contact n'est pas vraiment de refus. Cela fait un peu trop longtemps qu'il est renfermé, Mallory, prisonnier. De temps en temps, il tend un doigt dans l'immatériel gangréné de ses pensées, perce en douceur la bulle de chagrin qui l'emprisonne. Pour une heure, parfois deux, il va explorer à l'extérieur. Mais il n'a jamais vraiment laissé entrer quelqu'un.

Maxence a levé deux yeux curieux vers Sophie, qui le dévisage un peu comme si elle évaluait à quelle taille devrait s'ouvrir sa bouche si elle devait le dévorer. Elle l'étudie, l'observe. Sera-t-il un bon compagnon de jeu ? Pourquoi est-il ici, avec son dresseur ? Est-ce que Mallory l'aime bien ? Pourra-t-elle lui poser des questions et affirmer certaines choses ou au contraire, devra-t-elle rester en retrait pour ne pas nourrir la peur du garçon ? Avec elle, il n'y a pas deux poids deux mesures ; on l'aime ou on la craint, mais elle n'a jamais laissé personne indifférent. « J’aime bien le piano. » Il a dit les mots magiques. Sophie montre ses dents maintenant, en hochant vivement la tête. Mallory l'observe, sans grande conviction, bien conscient qu'il va falloir qu'il se sorte la tête de l'eau. Un homme qui vous repousse ne signe pas la fin de votre vie ; oui, ça c'est vrai quand on est pas malade. Aux yeux du jeune homme, pour le moment, c'est un peu comme si Lathéa tremblait une seconde fois sous les assauts des mêmes forces que celles qui ont détruit Myrtha. Il ne sait pas. Il ne comprend pas. Il est perdu, et si la présence de ce garçon lui donne suffisamment de raisons de garder un pied dans le réel, il sait également que cela ne suffira pas. Rien ne suffit, jamais. Ce qu'il a, c'est une condamnation, une fin plus qu'un moyen. Une promenade au creux de l'enfer, sans possibilité d'en sortir, ou seulement pour en rejoindre un autre.

« Sophie m’a surpris. » Il y a de quoi ; et qu'il n'en rougisse pas Maxence, Sophie surprend tout le monde. Quelque part, c'est un peu une fierté, pour le chanteur qui marche à ses côtés. « Mais là j’suis plutôt curieux que terrorisé. J’avais hum. » Oublié ? S'il ne se souvient de rien, qu'en est-il des Pokémon ? « Je ne savais pas qu’ils pouvaient se matérialiser ? » D'un seul et même geste, les deux garçons haussent les épaules. « Le cas de Sophie est un peu particulier, explique-t-il alors que l'intéressée se penche vers une petite Zorua, sans se départir de son horrible sourire. La plupart du temps cette espèce ne se transforme pas, mais elle peut prendre cette forme, elle. C'est une longue histoire, un peu compliquée et un peu glauque. » Il soupire, glisse une main dans ses cheveux bruns. « En me renseignant, j'ai appris qu'un Fantominus avait fait la même chose à Kanto. » Le Pokémon s'était emparé de l'esprit d'une jeune femme pour hanter l'île. Par chance, Mallory avait ramassé Sophie avant qu'elle s'amuse à faire la même chose.

Et lui alors ? Combien de temps va-t-il rester à Castlerain ? « J’en sais trop rien. » C'est compliqué, songe-t-il en pinçant les lèvres. Comment se trouver un but quand on est privé de ses souvenirs ? Va-t-il seulement y parvenir, ce garçon, ou est-il condamné à attendre que la médecine lui rende ce qu'il a perdu ? Comment s'est-il retrouvé à Lathea, exactement ? « Quand je me sentirais prêt, j’imagine. » C'est la décision la plus docte, et il hoche la tête, le chanteur, en évitant soigneusement un Ortide passant par là. Ce jour-là au moins, le monde extérieur ne fera plus peur. « Tu  connais bien Castlerain ? » Mallory dodeline doucement de la tête ; est-ce qu'il connait bien Castlerain ? « Ouais et non. On va dire que oui, vu que je suis le champion d'arène de la ville. » Mais il n'est pas là depuis longtemps ; pour lui aussi, les choses sont compliquées. Quand il mentionne sa Zorua, Mallory tourne la tête. Le Pokémon a en effet l'air de beaucoup apprécier la promenade ; Sophie tournoie autour d'elle, elles vont sûrement s'amuser un peu ensemble. Tant mieux, ça l'arrange. Le reste de son équipe fait très peur à son Ectoplasma.

« C’est quoi cet endroit ? » Mallory regarde doucement autour de lui ; cet endroit, c'est peut-être le seul qui ne soit pas absolument horrible dans cette ville. « Avant que le Système se mette en place, le gouvernement qui les précédait militait pour la libération de tous les Pokémon. » Pas de Pokéball, plus de combats. Ce genre de conneries dénuées de tout sens, en somme. « Quand ils ont été destitués après Myrtha, ils se sont reformés en petits groupes qui ont réclamé pas mal de choses au Système. Le parc en fait partie, théoriquement les Pokémon sont en liberté ici, et on a pas le droit de les capturer. » Il hausse les épaules, alors qu'un premier petit et fin sourire vient éclairer son visage. « Mais c'est juste théorique. Si tu ne te fais pas voir par les gardiens... enfin, j'ai jamais adhéré avec leurs convictions, et la plupart des dresseurs qui viennent ici non plus. » Donc, s'il veut tenter quelques captures Maxence, qu'il ne se gêne pas. « Peut-être que Zoé s'ennuiera un peu moins à l'hôpital si tu lui trouves un compagnon de jeu, non ? »

Cela fait du bien de changer d’air même s’il a plutôt l’air de quelqu’un qui n’a aucune idée de l’endroit où il se trouve. Ce n’est pas grave, du moins pour le moment et ce malgré la surprise de Sophie. Ils semblent avoir eu besoin tous les deux de se changer les idées et ici comme ailleurs en vérité, c’est plus ou moins pareil. C’est plutôt nouveau, différent de ce qu’il semble connaitre alors bien évidemment, ça l’intrigue. Il notera dans un coin de sa tête cet endroit si il veut changer d’air sans trop quitter Castlerain pour autant. Il ne sait pas s’il est prêt au point de tout réapprendre par lui-même et ce malgré l’aide reçue, les conseils. Elle est curieuse Sophie, un peu étrange aussi mais il est loin de s’en préoccuper, n’est-il pas après tout étrange à sa façon ? Le piano lui manque, parfois il l’entend quand il va sur le toit, des voisins, il ne sait pas trop où mais il a tout de suite su qu’il aimait ce son, qu’il l’avait aimé également.

Il tente de ne pas mettre en avant son manque de souvenir mais il y a des moments où cela lui échappe, où il n’arrive tout simplement pas à dire les choses autrement que de cette façon là. Pour Ectoplasma ça lui avait complètement échappé même en ayant lu sur eux et en même temps il rattrape tellement de lacunes en ce moment qu’il n’est pas étonnant qu’il en ai oublié les trois quart. Cette mémoire sélective lui fait défaut aujourd’hui mais Sophie et Mallory ne semblent pas lui en vouloir, du moins pour le moment. Il ne connait pas réellement les Ectoplasma ni même les pokemons spectre. Il n’y a que Zorua qu’il apprend à connaître petit à petit et Sophie, évidemment, pour aujourd’hui. Il ne peut pas vraiment savoir ce qu’il se passera même d’ici quelques heures pour se dire qu’il pourra tenter de la comprendre un peu plus plus  tard, après cette fin d’après-midi passée en compagnie de son dresseur qui semble à la fois perdu dans ses pensées et bien présent, une situation qu’il connait bien en somme, il ne le jugera pas. Il écoute l’histoire particulière, un peu glauque peut-être de Sophie. Il a bien compris que les spectre étaient plutôt particuliers mais il aime bien aussi cette idée qu’ils aient agis ainsi pour se rapprocher des humains comme le duo à ses côtés. Zoé ne sait pas trop comment agir par rapport à Sophie. Elle a vu pourtant qu’elle ne risquait rien, alors elle reste un peu calme, un peu comme lui en se demandant comment cela va bien pouvoir se passer après. L’endroit la distrait si bien qu’il se doute que Sophie va bientôt être un pokemon curieux comme un autre de cet endroit qu’elle voit pour la première fois pour de  vrai. C’est un peu bête à dire ainsi mais il a l’impression qu’elle est restée dans l’hoîtal elle aussi pendant tout ce temps, qu’ils en sortent tous les deux cette première fois aujourd’hui. Ils ne vont pas commencer leur première journée dehors à avoir la frousse d’une Ectoplasma pas vrai ? « Ouais et non. On va dire que oui, vu que je suis le champion d'arène de la ville. » Ah. Il a l’air malin maintenant face au Champion qu’il affrontera peut-être plus tard. « Ah oui le Système Gaia, on m’en a parlé. » Beaucoup plus que l’autre groupe destitué bien évidemment. Il préfère ne pas prendre position à ce stade, c’est bien trop récent pour lui tout ça. Il regarde Zoé quand le mot théorique est dit et Zoé regarde Mallory quand il continue.

« Ils sont beaucoup contre ce système ? » Oui il a entendu ce que Mallory lui raconte parce que vu comme ça ceux qu’il a rencontré sont tout de même avec des pokemons qui ne sont pas libres, c’est un peu faux de dire après qu’ils sont contre ce nouveau  système mis en place. Il est plus concentré évidemment sur l'idée d'un compagnon de jeu pour Zoé ou une compagne cela dit. « J’suis pas certains qu’ils apprécieraient mes choix pour l’hôpital. » Bon c’était pas vraiment des choix pour l’hôpital mais ils auraient un impact si des pokmons dragons venaient s’ajouter dans la partie de l’hôpital où il se trouve. Elle n’est pas toute seule Zoé, il est toujours là mais il comprend. Il ne sait juste pas si le pokemon qui approche sera un choix avisé vu comment Zoé préfère se décaler pour aller dans la direction opposée. « Mais tu as probablement raison. Je pourrais toujours venir ici juste pour nous changer les idées entre temps. » Il parle pour lui mais surtout pour Zoé qui a besoin et il le sait de se dégourdir les pattes beaucoup plus que lui. « Ton arène à toi c’est les spectre ? » Il n’en sait rien mais il fait avec ce qu’il a sous la main, avec Sophie qui est la seule qui accompagne Mallory tout comme Zoé pourrait pointer du doigt sa préférence pour les ténèbres même s’il est curieux d’un peu tout le monde en réalité pokemon ou non, il ne va pas commencer à faire son difficile même s’il doit bien admettre avoir une préférence pour les dragon.

@Mallory Edgerton  

« Ah oui le Système Gaia, on m’en a parlé. » Encore heureux, songe Mallory avec un petit sourire, en coulant un regard vers le garçon un peu atone qui marche à côté de lui dans le parc. Quelqu’un sans souvenirs ne tiendrait pas très longtemps si on ne lui expliquait pas quel type d’organisme s’occupe de prendre soin de la population ; il serait perdu, s’il sortait de l’hôpital sans la moindre indication à propos de la marche à suivre. En tout cas c’est ce qu’il lui explique, que le Système a changé beaucoup de choses, et que le parc dans lequel ils évoluent tous les deux est une sorte de vestige d’un temps passé, durant lequel les Pokémon étaient séparés des dresseurs. Une période triste quand il y réfléchit, bridée par une série de décisions parfaitement arbitraires et injustes, allant à l’encontre de pratiques au moins aussi anciennes que le monde. A chaque fois qu’il y pense, ça lui rappelle invariablement sa dispute avec le rejeton Weaver, ce petit connard qui s’est imaginé le limoger sur la place publique en prenant Sophie à témoin. Au moins, espère-t-il, la leçon a été retenue. Lui n’a pas à en recevoir de qui que ce soit.

« Ils sont beaucoup contre ce système ? » Mallory hausse doucement les épaules, débonnaire. Peu importe leur nombre, ils n’ont absolument aucune crédibilité. Les derniers partisans du régime Weaver ne sont plus qu’une poignée d’hommes et de femmes éparpillés dans toute la région, et dont le siège se trouve à Lucinel. Quelques manifestations dénuées de sens, des tribunes à l’injustice mais pour la plupart, les gens sont satisfaits de ce que le Système leur donne. Après la terrible catastrophe de Myrtha qui a fait tout perdre à beaucoup de monde, ce gouvernement, fort et autoritaire, a remis le pays sur les rails. Les Weaver n’auraient jamais pu en faire autant. « C’est des militants, répond-il alors. Des gens qui ont pas vraiment le pied dans la réalité. Et leurs idées sont trop extrêmes pour qu’on les écoute, de toute façon. » Lui en tout cas ne les écoute pas, et il espère bien que la majorité de la population en fait autant. En tant que champion, il apparaît steanormal, de toute manière, qu’il soit incapable d’approuver les décisions d’un ancien gouvernement qui tenterait absolument à faire arrêter son métier sous prétexte d’exploitation. Mallory peut au moins être certain d’une chose : ses Pokémon sont heureux, qu’ils soient dans une pokéball ou non.

« J’suis pas certains qu’ils apprécieraient mes choix pour l’hôpital. » De toute manière on accepte très rarement un patient avec ses Pokémon à l’hôpital ; Sophie n’est pas du tout la bienvenue lorsqu’il a des rendez-vous, et durant les internements aussi. Ce garçon a dû avoir le droit en raison de ce qui l’a amené là-bas ; amnésique, si en plus on devait le priver de sa Zorua, ce serait de la cruauté. Même s’il a un peu de mal à comprendre pourquoi sa détresse à lui n’est pas écoutée, Mallory peut au moins entendre qu’ils ne sont pas incompétents avec tout le monde. Sophie s’approche doucement du Pokémon de Maxence, d’ailleurs ; la jeune femme à l’immonde sourire approche une main mais l’autre recule aussitôt, sans doute rendue méfiante par l’apparence et l’aura étrange de l’Ectoplasma. Peu importe, elle a l’habitude, Sophie ; on l’aime ou on la craint, mais il n’y a jamais vraiment de demi-mesure avec elle.

« Mais tu as probablement raison. Je pourrais toujours venir ici juste pour nous changer les idées entre temps. » Il y a beaucoup d’autres endroits à découvrir à Lathea ; même Mallory ne connait pas la moitié des coins de sa région, et surtout pas certains que le temps a fini par rendre parfaitement inaccessibles. Est-ce qu’il aimerait retourner à Myrtha ? Il n’en sait rien. A une certaine époque cela l’aurait dérangé, mais il n’a perdu personne là-bas, lui. Il n’était même pas sur place quand c’est arrivé. « Ton arène à toi c’est les spectre ?
– Oui, répond Mallory en hochant la tête. Sophie c’est un peu mon Pokémon fétiche, mais j’en ai quatre autres à l’arène. » Ceux-là en plus de ceux qu’il garde à la maison ; Sun a du mal à frayer avec les autres, son Voltoutou est beaucoup trop énervé pour les spectres qu’il élève. « Ça m’arrive d’accueillir des gens qui veulent juste passer les voir. Si ça te dit tu peux frapper à la porte. » Pourquoi pas après tout ? Il n’a pas l’air méchant, ce jeune homme. « De manière plus générale il va falloir que je sorte dans les prochaines semaines, d’après le doc. Si tu veux découvrir un peu le coin j’peux venir avec toi. » Qu’est-ce qu’il va vouloir faire de cette nouvelle vie, ce garçon ? « Qui sait, des fois que ça te tente le dressage, il y a beaucoup de Pokémon différents dans la région. » Et beaucoup qui sont inaccessibles, mais ça c’est une autre histoire.

Il aime bien Sophie. Il apprécie l’échange avec Mallory. Il les trouve tous les deux plutôt intriguant et pour le moment il doit bien dire qu’il n’a rien pour lui donner raison d’être plus méfiant que ça, d’être méfiant tout court. Il est intéressant, puis il l’aide à sortir de l’hôpital même si c’est Maxence qui les a mené dehors, c’est vrai. Mais cela n’aurait servi à pas grand-chose d’être dehors sans savoir un minimum où aller n’est-ce pas ? Alors il l’a suivit. C’est tout aussi simple que ça. Il ne prend pas conscience de ces dangers qui guettent mais parfois les dangers sont encore plus grands quand on reste à l’intérieur. Il ne veut pas étouffer là-bas et c’est ce qui arrivera surement un jour s’il ne prend pas la décision de partir. Cette fuite n’est qu’une pause, son départ de l’hôpital viendra bien assez tôt, il l’espère en tout cas qu’il pourra vivre une vie plus ou moins normale rapidement. Il reviendra dans ce lieu, se demandera probablement ou il en est Mallory avec Sophie. Pour le moment ils sont là à parler du système qu’il apprivoise aussi petit à petit et peut-être même que cette fois-là un autre camarade accompagnera Zoé à l’hôpital même s’il devra rester dans sa pokeball une fois à l’intérieur, il en a bien peur.

Il comprend mieux le pourquoi de l’exsitence cet endroit. Cet endroit est particulier, un lieu naturel sans l’être, un lieu protégé sans l’être. Il a l’impression que c’est tout de même beaucoup de complications mais il doit bien admettre que cette vision de verdure dans cet endroit d’habitude si gris fait du bien. La question de ceux contre le Système Gaia mis en place est loin d’être anodine. Il veut savoir ou tout en est pour se situer, pour voir ce à quoi il peut s’attendre dans un futur plus ou moins proche. En l’écoutant il a eu l’impression que c’était réglé mais on ne sait jamais. « Ca a du sens surement pour eux. » Mais il préfère ne pas pousser le débat plus loin. De son point de vue le Système Gaia est un juste milieu, chacun fait ainsi comme il l’entend par la suite. Si les pokemons ne voulaient pas du tout avoir de lien avec les êtres humains, ça se serait su depuis bien longtemps et jamais il n’aurait pu approcher Zoé. C’est plutôt triste d’en arriver à cet extrême. « Tu risques rien Zoé, c’est une Ectoplasma. » Si Sophie avait voulu leur montrer à quel point ils n’étaient pas les bienvenus auprès de son dresseur, elle l’aurait fait tout de suite. Il a un sourire quand Mallory lui parle de pokemon fétiche pour Sophie. Il est certain que chacun de ceux arrivant dans l’arène doit être bien surpris de découvrir cette Ectoplasma pas mal unique en son genre. C’est étrange ce moment et c’est agréable aussi de pouvoir dire que dans cette ville tous ne sont pas des inconnus. Il n’ira jamais dire qu’il connait par cœur Mallory, loin de lui cette idée mais il sait très bien que cette proposition ne tombera pas dans l’oubli. « Je passerais vous voir, toi et Sophie. » Parce qu’il ne peut pas dire qu’il connait grand monde et qu’il les apprécie même s’ils n’auront parlé qu’une petite heure. Il l’aide avec ses questions peut-être évidentes. Il ne sait pas si c’est qu’ils viennent tous les deux de l’hôpital ou s’il est juste ainsi. Quelques mots lancés dans les réponses du champion lui montrent pourtant qu’il ne doit pas être ainsi patient tous les jours, à toutes les occasions.

Zoé joue avec un Chétiflor sans vraiment y montrer de l’intérêt, de l’envie de s’entraîner plus que cela. Ce premier moment dans le parc Pokelovers sera plus un temps d’observation et ça lui va. « J’aimerais bien. » Il ne lui a pas posé de question sur le pourquoi il était à l’hôpital Mallory. Les séjours là-bas ne sont pas pour de légers problèmes. Il y a une raison pour laquelle ils ont voulu s’échapper tous les deux : ne pas trop en parler. « On a vu quelques combats, ils intéressent toujours beaucoup plus Zoé. » C’est une réponse par rapport au dressage, par rapport à cette arène qui est la sienne. « Mais explorer d’abord Lathéa semble judicieux. » Et d’en connaitre un peu plus sur les combats bien évidemment, d’en réaliser quelques uns peut-être aussi et de savoir perdre. Il regarde Zoé. Il n’est pas tant certain qu’elle soit bonne perdante quand elle râle un peu quand Chétiflor s’en va. Elle l’a titillé sans jamais trop l’attaquer. Il n’allait pas rester jusqu’à ce qu’elle se décide. « Une histoire de notoriété. » Le ton est pas vraiment moqueur, pas vraiment taquin, c’est comme une vanne manquée destinée aux deux dresseurs. « J’ai vu un reportage sur les vieux quartiers. » Il ne cache pas son intérêt pour cet endroit en particulier. « C’est curieux cette sorte d’immunité qu’ont les pokemons de ce lieu. » Curieux qu’ils souhaitent y rester dans cet endroit pas vraiment très hospitalier.

@Mallory Edgerton  

Mallory n'a jamais été contre quelques spectateurs à l'arène, et la présence, quoiqu'étrange du jeune homme sera la bienvenue. Ce flegme et ce calme en dépit de son amnésie et des difficultés générées par cet état de fait est assez admirable, à vrai dire ; il ne sait pas, lui, comment il aurait été capable de gérer une vie sans souvenirs et sans identité, quoiqu'il aurait sans doute pu accepter un marché avec le diable si cela avait été le prix à payer pour ne plus faire de crises, pour ne plus aller à l'hôpital, pour ne plus avoir le sentiment qu'aucun contrôle n'est exercé sur son esprit dans les pires moments de sa vie. Peut-être qu'en échange d'une guérison, il aurait pu accepter de repartir de zéro ; quoi qu'imaginer la souffrance de Sophie à cette idée ne lui plait pas du tout. Son Ectoplasma est maitenant comme une partie de lui, et s'il s'arrachait à son affection, elle n'y survivrait peut-être pas. A la pensée qu'un crétin comme Weaver ait eu un jour l'audace de prétendre qu'il l'exploitait, il en serrerait encore les poings ; oui, Sophie se bat, Sophie est la membre d'un groupe de musique mais il elle est heureuse, et il n'y a rien qu'il ne ferait pas, le champion, pour que cet état de fait continue dans les années à venir. Si ces gens avaient un peu de plomb dans la cervelle, ils le sauraient sans qu'il ait besoin de le dire.

« On a vu quelques combats, ils intéressent toujours beaucoup plus Zoé. » Alors peut-être que Maxence a trouvé sa voie ; devenir dresseur, ce pourrait être une bonne idée pour prendre un nouveau départ. Pour cela, Lathea est riche en possibilités, bien plus que la plupart des autres régions. Clairvoyance ou excès de chauvinisme, Mallory ne sait pas quelles intentions motivent cette certitude, mais dans le cas d'un garçon et de son Pokémon qui visiblement a envie d'en découdre, c'est encore le meilleur moyen de s'en sortir. S'il voyage, en plus, qui sait ? Peut-être a-t-il laissé derrière lui quelques monstres soigneusement cachés sous un tapis. « Mais explorer d’abord Lathéa semble judicieux. »

Et Mallory est bien d'accord avec cette idée, d'ailleurs ; aller se promener dans les différentes zones de chasse pour se constituer une équipe et admirer les paysages est encore la meilleure chose qu'il puisse faire, songe-t-il en regardant Sophie s'éloigner tranquillement, rapidement suivie de Sun qui s'amuse à lui courir après en dépit de l'aversion profonde que ressent sa spectre pour le Voltoutou hyperactif. La petite plaisanterie lui arrache un sourire amusé, le premier de la journée ; il a bien fait de sortir, de prendre la fuite pour aller s'aventurer dehors avec un parfait inconnu. « J’ai vu un reportage sur les vieux quartiers. C’est curieux cette sorte d’immunité qu’ont les pokemons de ce lieu. » Pas vraiment, mais ce n'est pas difficile à expliquer, en fait ; c'est comme ça que les choses fonctionnent dans des endroits comme Nathalia, et il explique, Mallory, conscient que les étrangers ont besoin de ces informations. « Les Pokémon de Nathalia viennent pour la plupart de la Peste d'Enoville, raconte-t-il. Les dépôts chimiques des entreprises de la ville sont un terrain fertile pour les Pokémon de type poison, mais ils ont aussi développé beaucoup de maladies chez les gens de Nathalia. Il y a des morts tous les ans, et personne ne fait rien. »

Parce que l'être humain est égoïste, et parce que c'est sans doute bien plus simple comme ça, ils ne perdent pas d'argent, au moins. « Du coup, les spectre sont forcément attirés par une atmosphère aussi morbide... et ils se mélangent avec ceux qui viennent se trouver un nouveau territoire. Nathalia recule tous les ans, et personne ne s'inquiète de ce qu'il va se passer quand la pollution l'aura faite reculer jusqu'à l'océan. » Personne à part quelques écologistes. « Je sais pas ce que ce reportage t'a dit, mais généralement le Système préfère vanter les mérites d'un terrain aussi prolifique pour certains types de Pokémon plutôt que de parler des vies humaines qui sont détruites par l'appât du gain des gros entrepreneurs. Mais bon. » Au moins leur idée de notoriété n'est pas trop idiote, pas plus que la promotion des champions et du dressage, hm ? « Pense à ton masque, si tu y vas. »

@Maxence Wanràll  

Il aime bien se trouver ici. C’est une pause avant le retour à l’hôpital. Mallory n’a pas tort, il pourrait trouver d’autres compagnons à Zoé, des compagnons de jeu pour vadrouiller avec lui mais avec elle aussi. Il hoche la tête à l’affirmative pour l’idée d’explorer. Il ne connait pas vraiment le coin, que cela soit ici ou plus loin en dehors de Castlerain alors pourquoi pas. Il a quelques informations, quelques lieux qu’il a déjà repéré mais il n’en sait pas d’avantage.

Ce parc est agréable, il comprendrait presque pourquoi les captures sont normalement interdites dans ce coin de la ville. Si Zoé ne risque rien avec Sophie parce que c’est une Ectoplasma, il avance beaucoup mais il a appris avec elle à ne pas se méfier d’un pokemon à cause d’un type. Il préfère voir par lui-même et avoir des raisons d’en vouloir à un pokemon, une espèce en particulier. Il passera les voir alors Sophie et Mallory et peut-être qu’il verra un bout de Lathea avec eux qui sait. Il y a beaucoup de futurs possibles face à eux, celui là peut en faire partie comme pas du tout. Il va explorer de son côté aussi parce qu’il aime bien se dire qu’il peut parvenir à se débrouiller tout seul la plupart du temps. Pour ce qui est des combats par contre, il a beau avoir beaucoup lu, ça reste compliqué.

Alors il se concentrera sur l’exploration d’abord pour en apprendre sur lui-même, les pokemons ensuite. Il suit du regard les deux pokemons de Mallory qui agissent de façon plutôt drôle l’un envers l’autre, c’est comme s’ils avaient deux caractères opposés. C’est ce qu’il devra apprendre avec Zoé s’il va explorer Lathea comme il se l’est mis en tête. S’il commence par les Vieux Quartiers ou un autre endroit même s’il sait que sa curiosité lui souffle d’aller plus vers les vieux quartiers même si tous les paysages de Lathea valent le détour. Il aurait du faire plus attention, mieux écouter, c’est grave ce qu’il se passe du côté de la Peste d’Enoville. Il est silencieux quand il parle de l’océan Mallory, est certain au contraire que les autorités seront capables d’anticiper pour empêcher que cela n’arrive. « Je vois, les politiciens sont pas tant des écologistes hein ? » Ils pensent plutôt profit et reconnaissance comme le montre le système mis en place de la notoriété alors forcément, il faut bien que la nature et les gens payent quelque part. Et pourtant il espère un peu qu’ils feront quelque chose, c’est dans leur intérêt. Dans leur intérêt à tous. Quand un pokemon étrangement rond vient vers Zoé, c’est lui qui rigole un peu malgré le sujet, pardon, mais Zoé elle se demande un peu ce qu’il lui arrive comme lui quand ils parlent de cette catastrophe qu’il découvre un peu aujourd’hui. Il hoche la tête et Zoé de concert : elle l’aime bien malgré tout cet étrange pokemon qui arrive à petit pas mais qui n'en démord pas pour autant. Il semble curieux.

« Je ne me souviens plus trop je t’avoue. J’étais plus entrain de repérer quels pokemons pouvaient bien vivre dans cette atmosphère particulière. C’est noté. » Bien sur qu’il n’oubliera pas. « Mais j’vois que l’économie prime comme toujours sur tout le reste. » C’est ce qu’il lui vient en tête, il n’a pas d’exemple mais la notoriété, l’envie d’aller plus loin que son voisin montre aussi une concurrence chez les dresseurs qui doit être la même en entreprise : l’appât du gain au mépris de la vie. Il grossit les trait mais c'est ce qui en ressort comme résumé pas très flatteur. « Je suppose qu’ils ont appris des erreurs du passé ? » Parce qu’il ne faudrait pas qu’un deuxième Myrtha arrive. « Tu as l’air d’avoir bien étudié le sujet. Tout le monde sait et tout le monde se tait ? » Il sait pas tant comment cela se passe au fond, lui il découvre un peu tout sur le tas, cette colère palpable et à la fois fort compréhensible de son camarade.

@Mallory Edgerton