Quand tu as eu Azel, tu te disais encore qu’un Pokémon, c’était suffisant. Que tu aurais déjà beaucoup à faire avec elle, qui était si jeune, et puis, tu n’avais toujours eu que ton Typhlosion à tes côtés, avant de prendre la petite Salamèche sous ton aile, alors, tu te considérais comme de ces dresseurs qui ne cherchent pas réellement à avoir tout un tas de Pokémon. Un Salamèche, qui avec beaucoup d’entraînement, pourrait aisément devenir un majestueux Dracaufeu, ça te paraissait pas mal, franchement. Amplement suffisant, en fait. Mais voilà, il y avait eu Leigh.

Leigh, c’est le nom que tu as donné au Bulbizarre qui a décidé de te suivre, lors de ton escapade dans la forêt aux murmures. Tu étais allé là-bas à la recherche du fameux Skitty que tu n’avais d’ailleurs pas retrouvé avant de … revenir en ville – il était rentré seul, pour une fois – et tu étais revenu à la maison avec un Pokémon de plus. Au départ, tu pensais que ce serait la galère, et puis finalement, tu t’es rendu compte que ce n’était pas plus compliqué qu’avec Azel seule, et qu’en plus, la Salamèche semblait heureuse d’avoir la compagnie de l’un de ses semblables. En fait, Ethan, la voir comme ça avait remis en question ta décision de te contenter d’elle, et tu avais remis sur le tapis de tes décisions à prendre une espèce de rêve, une volonté : celle d’avoir un Malosse.

Ce Pokémon avait toute ton affection et ce, depuis que tu avais croisé un énorme Démolosse, peu de temps avant d’arriver à Lathea. Tu t’étais toujours dis que si tu avais la possibilité d’en avoir un, tu le ferais, et c’est pour cette raison que, sur un coup de tête, tu avais quitté la maison, bien décidé à en attraper un, tout en profitant de cette escapade du côté des grottes pour potentiellement entraîner ton début d’équipe.

Alors qu’on se le dise. L’endroit que tu as choisi – juste parce que tu as entendu quelques échos, par ci, par là – est bien moins joli, et accueillant que la fichue forêt dans laquelle tu as cru bon de te perdre la dernière fois, c’est un fait. Toi, tu te rassures un peu en te disant qu’au moins, ici, tu ne croiseras pas d’insectes. C’est donc confiant – un peu – et avec Azel dans les pieds en guise de lampe torche – pratiquement la flamme d’un Salamèche – que tu pénètres dans une grotte, t’enfonçant, lentement mais surement dans cette dernière, en ouvrant l’œil, pour ne rien manquer.

Et tu sais quoi ? C’est l’annonce d’une bien mauvaise journée qui te tombe dessus. Littéralement, en fait. Parce que tu te retrouves avec un maudit Chrysapile qui se décroche d’on ne sait pas trop où, qui te tombe sur l’épaule, qui te fais sursauter, puis chuter, et quand tu te rends compte qu’une saleté d’insecte est là, sur toi, tu te mets à te débattre, si bien que c’est ta Salamèche qui est dans l’obligation d’intervenir pour t’en débarrasser. Autant le dire, Ethan, pour un début de grotte, ce n’est pas bien brillant, et si tu n’étais pas si déterminé à trouver ce que tu cherches, tu aurais probablement fait illico demi-tour, tiens.

C’est non sans une certaine honte que tu te redresses. Tu ne sais même pas où est passé l’insecte, mais, tu t’en fiches, en fait, tu viens épousseter rageusement ton jean, tu vérifies que tu n’as rien perdu dans ta chute, et puis, tu te masses quelques secondes le coude pour dissiper la douleur légère qui s’est installée dedans à la suite du petit choc contre la paroi rocheuse. « Des insectes dans une grotte … » Oui, bon. En soit, ce n’est pas dénué de toute logique non plus, hein, mais ouais, encore une fois, tu ne fais que rager, et tu te dis qu’heureusement que seule Azel était là, tiens, tu te serais pris une sacrée honte.

Parce que oui, mon vieux, tu es bien conscient que cette peur panique des insectes, pour un gaillard dans ton genre, ça peut surprendre. Tu es censé être celui qui protège une jolie fille contre ces créatures des enfers, tu sais, comme dans les films, les types qui balancent les sales bêtes effrayantes, d’une pichenette et sans sourciller, en plus. Ouais … autant dire que t’es incapable de faire ça, même pour crâner un peu. En fait, plus tu tiens loin de ces créatures, mieux tu te portes.

Tu entends du bruit. Beaucoup de bruits. Ces grottes sont loin d’être paisibles et s’il est de notoriété publique que les Pokémon qui vivent ici sont loin d’être dangereux, tu sens déjà qu’ils sont nombreux. C’est donc par précaution que tu te décides à faire sortir Leigh de sa Pokéball, et, aussi anxieux que reconnaissant, il va direction de placer aux côtés de la Salamèche pour prendre la tête de votre petite équipe en progressant dans la galerie.

Il fait frais, dans ses grottes. C’est le seul avantage que tu y trouves, parce qu’au-delà de la fraicheur, l’odeur d’humidité, de terre, et de roche mélangée est absolument atroce. Toi qui te disais encore en entrant ici que tu avais faim, elle vient littéralement te couper l’appétit.

Tu n’es pas serein, vois-tu. Mais tu ne peux pas dire que tu as peur, non plus. En vérité, l’environnement est pesant, les Pokémon étranges, mais tu n’en démords pas, tu veux réussir à dénicher ce que tu es venu chercher.

Si vous croisez tous les trois un Wagomine relativement imposant, ce dernier ne semble même pas vous accorder un regard, et c’est tant mieux. Tu pousses la Salamèche, qui avait pourtant l’air très intriguée en avant, afin qu’elle continue de s’enfoncer dans la galerie, et sans un mot, tu réajustes ton sac, sur ton épaule tandis que Leigh ralenti un peu la cadence, pour rester dans tes pieds. « T’en fais pas Leigh, on ira te faire prendre un bon bain de verdure en sortant d’ici. » Tu te doutes bien que l’environnement déplaît énormément à ton nouveau Bulbizarre. En fait, celui-ci émet quelques plaintes, depuis tout à l’heure, et c’est bien pour ça que tu prends finalement sur toi de le rassurer un peu, quand tu en auras terminé ici, tu le laisseras profiter un peu de l’extérieur, à l’air libre, dans un coin bien plus vert que cette sombre grotte humide dans laquelle tu t’acharnes à t’enfoncer. « Et on ira manger, si vous voulez … » Ouais, d’autant que si tu trouves ce que tu veux, tu seras probablement d’assez bonne humeur pour ça. Dans le cas contraire, disons que tu feras l’effort.

C’est Leigh qui, tout à coup, fonce droit en avant. Tu ne comprends pas pourquoi, au départ, tu ne captes qu’un mouvement léger, à peine perceptible, en fait, dans un coin de la grotte, et si tu avais choisi de l’ignorer et de passer ton chemin, le Bulbizarre crois bon d’aller vérifier. Il faut qu’Azel le rejoigne, pour que tu te rendes compte qu’il s’agit en fait d’un Vostourno. Tu ne sais même pas ce que cette créature fait ici, en vérité. Il a presque l’air égaré … mais tu te dis qu’il finira bien par retrouver son chemin. Le souci, en fait, c’est que, tout comme tu as l’habitude de le faire quand les choses ne vont pas dans ton sens, le volatile semble perdre patience. Il s’agite. Pousse de grands cris, et c’est sur Leigh qu’il se met en tête de sauter.

Lorsque tu approches, c’est à la hâte, et pourtant bien trop lentement puisqu’Azel s’est déjà jointe à la lutte, elle repousse le Vostourno d’un bon coup de griffe, et c’est finalement Leigh qui se met en tête de lui donner une bonne leçon.

Il a l’air caractériel, tiens, ton Bulbizarre. En fait, il ne lui faut pas bien longtemps pour céder, et lancer une attaque sur le volatile énervé. Son attaque Tranch’Herbe te surprends énormément d’ailleurs, le problème, c’est qu’elle ne touche pas sa cible. Sans que tu ne comprennes comment, ni même pourquoi exactement, le Vostourno semble changer d’attitude, il abandonne le combat, et s’il te semble avoir été un peu secoué, l’attaque de ton Bulbizarre est tout de même un échec.

Un soupire franchit la barrière de tes lèvres. Tu te penches, pour finalement finir à genoux près du Bulbizarre, et tu poses une main terriblement douce sur sa tête pour le caresser quelques instants, l’apaiser un peu. « Ça va, mon vieux, t’as bien travaillé, va. » Tu prends le temps, Ethan, parce que, c’est comme ça que tu fonctionnes, tu es bien placé pour savoir qu’on n’obtient rien des autres – humains ou Pokémon – en laissant la frustration, ou la colère s’installer. Tu fais pour tes Pokémon ce que tes parents n’ont jamais fait pour toi : tu rassures.

Tu ne presses en rien les choses. Pourtant, tu as bien hâte de trouver ce que tu es venu chercher, pour repartir d’ici, et retrouver un cadre plus agréable que cette grosse aussi sombre qu’humide et puante, mais tu laisses le temps à Leigh de se calmer, et quand il revient dans tes jambes, visiblement reconnaissant de l’attention qu’il a reçu, tu comprends que ça va bien mieux, et que tu peux continuer ton errance dans cette grotte.

De nouveau, tu laisses ta Salamèche passer en premier, et une nouvelle fois, Leigh revient marcher à côté de toi, près de tes pieds. Il est plus lent que la Salamèche, tu as déjà cru remarquer que son énergie était limitée, et le manque de lumière ne doit certainement pas aider cette petite créature, qui, comme n’importe quelle plante, à sérieusement besoin de soleil pour survivre et s’épanouir. Tu t’en veux presque, tiens, de lui imposer cet environnement, mais en même temps, tu te dis que si tu es voué à le garder dans ton équipe, il va devoir s’habituer à des conditions que, souvent, tu ne choisis pas, selon les missions, ou le travail à accomplir. Malheureusement pour lui, Ethan, tu ne recules devant rien, et tu ne comptes plus les fois où tu t’es mis dans des situations inconfortables ou dangereuses.

Tu marches. Tu ne fais que ça, et pendant que tu marches, tu penses, ouais. Ça ne t’arrive pas souvent de ressasser le passé, mais parfois quand tu n’as pas l’occasion d’occuper ton esprit à autre chose, il s’impose à toi de façon toujours relativement douloureuse. Aujourd’hui, c’est la grotte qui éveille quelque chose, cette fois, où tu es tombé dans un vieux puits plein d’Insectes en pleine forêt. Tu y es resté des heures, au fond de ce trou. Tu t’es cassé un poignet, d’ailleurs, ce jour-là. Tu avais sept ans, tu vadrouillais déjà, à droite, à gauche. Tu t’es penché, tu voulais voir le fond, tu as fini par le voir de près quand tu l’as touché durement. Ensuite, tu as hurlé, pleuré, aussi, pendant des heures. Quand ta voix à commencé à faiblir, tu es resté silencieux, deux heures, et tu as regarder la nuit tomber. Tu as pensé que tu allais dormir ici … personne ne s’est inquiété, chez toi, à part l’une de tes sœurs qui a fini par sortir en douce pour te chercher. Elle t’a retrouvé des heures après le couché du soleil, elle a demandé l’aide d’un vieux bonhomme, et quand tu es rentré, tu as pris une belle raclée juste pour le dérangement. Tu sais quoi ? Ta mère n’a même pas eu le droit de te servir le dîner. Tu as dormi le ventre vide, ce soir-là.

Tu pousses un immense soupire. Si audible et remarquable qu’Azel se retourne pour te lancer un drôle de regard. Quand on dit que t’es un gamin, Ethan, c’est toi, hein, qui a choisi de venir ici, c’est toi aussi qui l’impose à tes Pokémon, cette grotte. Pourtant, tu es probablement celui qui, des trois, se plaint le plus depuis le départ. Le fait est que tu n’as pas de patience, mon vieux. C’est terrible, hein, mais il te faut toujours tout, tout de suite, dans la seconde, la minute, tout au plus, et au-delà d’un certain stade, autant dire que tu es sacrément doué pour faire savoir et comprendre à quel point ça te gave. En l’occurrence, tu es seul, ou presque, et tes compagnons, eux, ne semblent pas disposés à protester quant à ton attitude agaçante. Tant mieux, en un sens parce que, autre défaut notable : tu as toujours raison, même quand tu as tort. Pénible. Vraiment.

Non, mais, regarde-toi, tu traînes des pieds, quoi. Et le pire c’est que … mon vieux, il n’y a que toi que tu ralentis et donc, que tu emmerdes, là. C’est à peine si tu ne viens pas de marcher sur un affreux Nodulithe sans t’en rendre compte.

Toi qui avais l’impression d’aller de plus en plus profond … voilà que tu finis par arriver dans un endroit assez particulier. Pour beaucoup, c’est probablement un joli coin puisque la salle rocheuse dans laquelle tu pénètres et baignée de lumière via un puits profond, ancré dans le plafond, et qui remonte tout droit jusqu’à la surface, permettant aux rayons du soleil d’entrer, et de se refléter sur les pierres humides, en les faisant briller d’une étrange façon. « On fait une pause. » A croire qu’un peu de lumière naturelle aura suffit à te convaincre de cesser d’agir comme un enfant et de préférer les décisions rationnelles.

Tu te laisses donc – sans grâce aucune – tomber sur une grosse pierre bien ronde en soupirant avant de t’étirer quelques secondes. Enfin, tu sors une bouteille d’eau qui est restée relativement fraîche – merci la grotte – ainsi que les deux petites gamelles que tu as pensé à emmener. Tu sers un peu d’eau à tes deux Pokémon avant de venir boire une longue gorgée à ton tour.

Tu te perds dans tes pensées. C’est loin d’être négatif, pour cette fois, cependant. Tu es en train de te demander si ça vaut le coup, si tu vas réussir à dénicher ce que tu cherches, à tes solutions de repli. Ouais, en fait, Ethan, tu es littéralement en train d’élaborer un plan et c’est à peine si tu remarques qu’Azel s’est de nouveau éloignée, en silence, attirée par un nouveau mouvement de l’autre côté de la salle illuminée. C’est quand Leigh bouge à son tour, pour la suivre, la rejoindre, que tu reposes les yeux sur eux, que tu les plisses, tes yeux, en observant leur petit manège. Ta Salamèche semble s’acharner sur quelque chose, et en fait, tu n’as pas vraiment le temps de te lever, ou encore de te redresser pour comprendre que sa patte est venue attraper celle d’un tout petit Magby et qu’elle le tire, de derrière le rocher derrière il ou elle était caché(e).

Tu as un soupire, dans un premier temps, avant de remarquer que ce petit Pokémon semble être … mal en point. Pourtant, il refuse qu’Azel l’approche, et rapidement, il se met à se débattre, violemment. C’est là que tu sautes sur tes pieds. « Leigh ! Attention ! » Parce qu’un Pokémon plante, face à un Pokémon de type feu, tu sais parfaitement ce que ça donne, d’autant que Leigh manque probablement d’entrainement au combat.