Depuis ma première visite à la plage Carapagos, j'étais tombée amoureuse du lieu, n'hésitant pas à y retourner dés que j'avais un moment. Les vagues avaient toujours eu cet effet sur moi, peut-être parce que j'avais grandie entourée de celles-ci... mais peu importe l'humeur qui m'accompagnait en arrivant, je repartais toujours heureuse et calmée. Les vagues et le sable chaud sur lequel je me reposais me relaxaient d'une façon à laquelle rien ni personne ne pouvait être comparée. De plus, c'était le lieu idéal pour chasser les pokémon eaux et j'avais attrapé pas moins de cinq pokémon la première fois que je m'y étais rendue. J'en avais inclus quatre d'entre eux à mon équipe. Trois étaient particulièrement haut niveau, mais un en revanche était un peu à la traine : Baloo, mon Obalie que j'avais attrapé ici-même. Je l'avais donc amené à mes côtés aujourd'hui, le laissant en dehors de sa pokéball pour qu'il puisse s'entraîner et qu'il rattrape les autres en un rien de temps !

C'était une belle journée, comme la saison l'annonçait et il y avait du monde à la plage que je pris l'habitude de saluer, en particulier certains que j'avais l'impression de voir à chaque fois que je m'y rendais. Probablement des habitués comme moi. Il était rare pour moi que je m'attarde sur ces personnes, préférant profiter du paysage et des pokémons. Cependant, l'un d'eux attira mon attention. Un homme d'une petite quarantaine d'années, accompagné d'un Zorua à ses côtés. Je haussais un sourcil, me demandant pourquoi son visage me disait quelque chose... Je devais me rapprocher. J'attrapais mon Baloo qui aimait énormément être porté et m'avança de plus en plus près de l'homme mystérieux, attendant que ça me revienne quand... Mais oui ! Voilà d'où je le connaissais.

Tout me revenait maintenant. Et pourtant, c'était il y a des années. Et il avait tout de même beaucoup changé. Mais... je me souvenais de l'évènement comme si c'était hier. J'avais rencontré Alphonse quand j'étais encore jeune, lors d'un voyage à Kalos. Je m'étais retrouvé aux prises d'un animal sauvage peu après le décès de ma sœur. J'avais l'habitude qu'elle me défende contre tous les dangers, et n'avait pas encore participé à des combats pokémon toute seule. Effrayée, j'avais été incapable de bouger. Pourtant, un homme, cet homme, était venu à ma rescousse, éloignant le pokémon sauvage et vérifiant si j'allais bien. Nous n'avions pas énormément discuté mais... j'avais été énormément inspiré par Alphonse. C'était en partie grâce à lui que je promis de faire toujours preuve de courage dans le futur. J'avais arrêté de m'apitoyer sur mon sort et celui de ma sœur et avait enfin pris les choses en main pour que la prochaine fois, je puisse me défendre toute seule. Et, ça avait payé puisque j'étais devenue une femme forte, championne d'arène. Mais qu'est ce que faisait Alphonse ici ? Aurait-il déménagé, tout comme moi ? Je devais absolument le remercier pour ce qu'il avait fait par le passé. Je reposais Baloo au sol et m'approcha d'Alphonse.

-Bonjour ! Vous vous souvenez de moi ? J'iagine que non, ça fait au moins dix ans... Je suis Donna, une jeune fille que vous avez aidé à Kalos ? Vous aviez empêché un pokémon sauvage de m'attaquer ! Vous vous êtes comportés comme un vrai héros ce jour là, alors encore merci. Est que ça vous dirait de parcourir un peu de chemin ensemble ?

Je fus extrêmement surprise de la réponse de Alphonse. Il semblait distant et particulièrement froid, quelque chose de totalement différent de l'homme que j'avais rencontré des années de cela. Je n'étais qu'une adolescente mais... mes souvenirs étaient intacts, j'en étais certaine. Peut-être que j'avais été influencé par le fait qu'il m'ait sauvé la vie, aveuglant alors ses défauts mais... à ce point ? J'avais l'impression d'avoir en face de moi un tout autre homme. C'était vraiment déroutant. Il m'insulta même de sotte, disant que quelqu'un sans pokémon n'avait rien à faire dans une zone avec des pokémon sauvages. J'étais un enfant ! Qu'es-ce qu'il ne comprenait pas là dedans ? Mais, je ne devais pas le laisser me taper sur les nerfs. Je devais absolument garder mon calme et comprendre ce qu'il s'était passé et la raison pour laquelle il me rejetait de la sorte. Quelque chose avait bien dû se passer pour qu'il soit aussi froid ! Et j'étais bien trop curieuse pour abandonner maintenant...

-Je vous ai connu plus chaleureux ! Vous étiez si gentil quand je vous ai rencontré... Je me demande bien ce qu'il s'est passé pour que vous deveniez aussi abject.

Je ne supportais pas qu'on me parle de la façon qu'il avait utilisé. J'estimais mériter le respect comme n'importe qui sur cette Terre. Je ne comptais donc pas me laisser faire, et encore moins pas un homme qui avait décidé d'un seul coup, pour une raison obscure, de me manquer de respect. Malheureusement pour lui, son Zorua avait l'air d'apprécier la compagnie de mon Obalie. Les voir s'approcher me fit sourire. Voilà une bonne excuse pour rester ici et essayer de comprendre ce qu'il se passait. Alphonse dit à son Zorua de revenir là, mais je ne comptais pas le laisser faire. Je me baissais et poussa gentiment Baloo.

-Joue avec le Zorua vas-y ! Je suis sûr que vous pourriez être super copains ! Je relevais la tête vers Alphonse, un grand sourire innocent sur les lèvres. Vous ne voudriez quand même pas séparer ces deux adorables boules de poil ? Je vous assure que je ne suis pas là pour vous ennuyer. Je me disais seulement que c'était agréable de renouer avec une vieille connaissance, vous ne pensez pas ?

Les réponses d'Alphonse ne semblait tellement pas... lui. J'avais l'impression de découvrir une toute autre personne. Son frère jumeau ? Impossible... il ne m'aurait pas reconnu. Notre rencontre avait beau avoir été brève, et date de plusieurs années, je n'avais pas pu me tromper à ce point ! J'étais loin d'être une psychologue et ne savait donc pas analyser les gens mais j'avais la certitude que cet homme n'était pas quelqu'un de cassant, ou pire, de mauvais. En m'approchant de lui, je m'étais attendue à tout sauf à cette réaction. Je m'attendais à une discussion légère entre deux adultes et un peu de nostalgie du passé, pas que l'on me dise de dégager en seulement quelques secondes. Quelque chose clochait. Je ne savais pas quoi, mais je ne comptais pas partir tant que je n'aurais pas les réponses à mes questions. Comment Alphonse avait-il pu devenir cet homme abject ?

-Je ne pense pas m'être trompée à ce point. Que je vous ai idéalisé du fait que m'ayez sauvé la vie quand j'étais petite, ça c'est possible. Mais de là à me faire un souvenir aussi différent de vous... Non, vous avez changé. Quelqu'un qui est capable d'un geste aussi héroïque ne peut pas être aussi méchant le reste du temps ! Je refuse de le croire. Et vous savez que j'ai raison.

Par la suite, il me menaça, me disant que je ne devrais pas poser trop de questions. Ah oui ? Dommage pour lui, je comptais bien faire le contraire. Il rappela son pokémon, qui retourna à ses pieds, bien malgré lui. Le pauvre... Il avait l'air tellement heureux quand il jouait avec Baloo. Pourquoi le priver de ce bonheur ? Simplement pour me faire partir... Voilà qu'il me montrait une nouvelle facette de lui : il était égoïste, ne pensant qu'à son bien-être et pas celui de son pokémon. Plus la discussion continuait et plus le souvenir que j'avais de lui semblait se briser en mille morceaux dans mon esprit, ne représentant pas la réalité à laquelle je faisais face aujourd'hui. Plus il parlait, pire cela devenait. Il allait finir par représenter tout ce que je détestais chez l'être humain. Il planta ses yeux dans les miens, et je fis la même chose, montrant que je ne me laissais jamais me faire marcher sur les pieds. Il reprit l'insulte que je lui avais jeté, disant que je ne serais pas capable de le supporter. Mais, ce qu'il ne savait pas, c'était que j'adorais les défis.

-Oh, ne vous en faites pas pour moi, j'ai déjà supporté bien pire que vous. Et puis, rien ne m'empêche de vous en mettre une si vous dépassez les bornes.

Je jetais un oeil à Baloo sur le sol qui semblait tout triste que son compagnon de jeu l'ait abandonné. Je le pris dans mes bras et le caressa délicatement avant de reposer mes yeux dans ceux d'Alphonse.

-Quel est votre but ? Pourquoi est-ce que vous vous efforcez à vous montrer désagréable pour me faire fuir ? Si c'est pour écourter la conversation, je ne pense pas que ce soit la bonne tactique... Je suis, au contraire, bien plus intriué maintenant et ne compte pas partir tant que je n’aurais pas une explication. Alors qu'une simple discussion vous aurait pris quoi ? Cinq minutes, peut-être dix, au maximum. Là, vous allez m'avoir sur le dos pendant des heures. Jusqu'à ce que je sache pourquoi vous agissez de la sorte... Enfin, après c'est comme vous voulez.