« D'accord, entend-il finalement, et c'est un drôle de soulagement qui l'étreint au moins en même temps que le chagrin quand deux bras l'enveloppent, l'entourent, l'enlacent et le protègent, enfin. Désolé. » C'est pas grave, a-t-il envie de répondre, mais il n'en a même pas la force ; tout ce qu'il peut, maintenant, c'est se laisser tomber, mollement, au creux d'une étreinte douce et réconfortante. C'est assez incroyable de penser qu'Ismaël est capable de  lui faire oublier sa colère au moins en même temps que toutes ses bonnes résolutions, simplement en glissant  une main dans ses cheveux alors que la boule dans sa gorge enfle, grossit, menace de le faire éclater en sanglots. Comme souvent, comme presque toutes les fois où il l'a vu, revu, il a envie de relever le nez, les yeux brillants de larmes et de tout lui dire. Il ne sait pas si cela apaiserait sa conscience, ou si au contraire il précipiterait sa propre destruction : en tout cas une chose est certaine, c'est que cela ne lui apporterait absolument rien. Alors autant rester là et profiter, pour le temps que ça dure, de ce simple moment qu'il lui donne, quand bien même ne le lui serait-il pas réservé. Tant pis. Il peut au moins faire semblant.

Au bout de quelques minutes, il finit par se calmer ; au loin, il n'entend plus que le lent roulis des vagues contre les rochers, la douceur de la soirée, le bruit lointain d'une fête, quelque part, il s'en fiche. Apaisé par la chaleur et l'odeur de sa peau, Mallory ferme doucement les yeux ; il aurait presque pu s'endormir comme ça, seulement en l'étreignant. Dans une vie rêvée, ce serait peut-être arrivé tous les soirs, hein ? Sauf qu'une main posée sur son épaule le fait lentement reculer, et il en grognerait presque de frustration, s'il ne croisait pas ce grand sourire. « T'étais là pour les champignons, non ? J'les ai agglutinés sur ton côté de pizza, j'espère que t'as faim. »

Contre toute attente, oui. Et il n'a pas envie de faire la gueule plus que nécessaire, Mallory ; alors il s'assoit, étire ses membres engourdis, secoue la tête pour se réveiller avant de démolir toutes ses chances, en rallumant le joint que le baroudeur lui a cédé. Oui, il a faim, et il n'a pas du tout envie de passer toute sa soirée à regretter, alors... il se relève, s'asseoit en tailleurs, et lorgne tranquillement la boite de pizza qu'Ismaël pose sur ses genoux. Une part lui est fourrée dans les mains ; effectivement, il y a plein de champignons dessus. La réflexion lui arrache un sourire amusé ; comment il s'est rappelé qu'il aimait ça, exactement ? Un bruit attire son regard ; un peu plus bas, près de la plage, les Pokémon tranquillisés par l'absence de promeneurs commencent à s'égayer sous leurs yeux. C'est un Obalie, ça non ? C'est moche, bon sang. « Il a pas froid aux yeux, celui-là. D'ailleurs, t'es venu sans Sun ?
– Nan, il est dans sa Pokéball, répond le garçon en haussant les épaules. Si j'le sors maintenant, il va courir après tous les Pokémon sauvages qu'il voit, essayer de bouffer mes parts de pizza et aboyer jusqu'à ce que mort s'ensuive. »

Et pour une fois qu'il vit une soirée calme, il aspire au moins à ce que ça continue comme ça, sincèrement. Mordant dans la pizza froide, il se surprend à la comparer au meilleur repas de sa vie ; c'est comme d'habitude, à la fin de chacun de ses concerts, c'est la même impression. Le stress l'empêche de manger pendant presque deux  jours en général alors là, il a bien l'intention d'en profiter. « Je l'aime beaucoup, tu sais, reprend-il finalement, sans trop savoir si c'est le joint ou seulement la soirée qui lui délie un peu la langue. Mais par moment j'me demande s'il s'ennuie pas un peu avec moi. Il est très énergique et il a toujours envie d'aller partout, mais j'ai des responsabilités il paraît, alors... j'peux pas le sortir autant qu'il le faudrait. » Il hausse les épaules. Il verra bien, peut-être que ça finira par se calmer, à l'arène. Ou du moins l'espère-t-il. « Enfin, il m'a donné envie de me faire une nouvelle équipe, confesse-t-il finalement. J'vais varier un peu les types, d'après Ollie je passe beaucoup trop de temps avec mes spectres. »

« Nan, il est dans sa Pokéball. Si j'le sors maintenant, il va courir après tous les Pokémon sauvages qu'il voit, essayer de bouffer mes parts de pizza et aboyer jusqu'à ce que mort s'ensuive. »
Isma rigole, simplement, admettant volontiers que ce n'est pas exactement l'idée qu'il se fait d'une soirée tranquille, lui non-plus. Enfin, ils iront bien se promener sur la plage un peu plus tard, peut-être que Mallory voudra bien le laisser courir un peu ? Il aimerait bien le revoir, ce petit Voltoutou survolté. 
Satisfait de constater que le musicien mange à sa faim, il s'applique à son tour à entasser le plus de pizza possible dans sa bouche. « Je l'aime beaucoup, tu sais. Mais par moment j'me demande s'il s'ennuie pas un peu avec moi. Il est très énergique et il a toujours envie d'aller partout, mais j'ai des responsabilités il paraît, alors... j'peux pas le sortir autant qu'il le faudrait. »
Ça l'inquiète, Mallory ? Si Sun vit comme ça depuis longtemps, il a dû s'habituer, et puis les Voltoutou sont des Pokémon adaptables. En tout cas il n'avait pas l'air si malheureux que ça la dernière fois. « Enfin, il m'a donné envie de me faire une nouvelle équipe. J'vais varier un peu les types, d'après Ollie je passe beaucoup trop de temps avec mes spectres.
– Bah, tu sais, j'imagine que tous les Pokémon à forte doses finissent par avoir une influence plus ou moins néfaste, hein. Du moment que t'arrives à pas te laisser bouffer... »
Il ne sait pas trop, lui, il n'a pas souvent eu de spectres dans son équipe et jamais vraiment longtemps. « J'suis pas pro, je t'avoue. Mes équipes ont jamais été vraiment stables, alors... »
Il hausse les épaules et avale une nouvelle part de pizza. « J'ai attrapé une Munna quand j'étais à Unys. Elle m'a aidé, beaucoup, mais... j'me reposais un peu trop sur elle, du coup, alors je sais pas vraiment ce qui est le mieux. Pourquoi il dit ça Ollie ? Et t'en penses quoi toi ? »

« Bah, tu sais, j'imagine que tous les Pokémon à forte doses finissent par avoir une influence plus ou moins néfaste, hein. Du moment que t'arrives à pas te laisser bouffer... » De manière générale, il s'en sort plutôt bien avec ses Pokémon, que ce soit de l'avis des autres ou non. Son équipe lui obéit, et la plupart comprennent sans problème ses sautes d'humeur. Destiny a voulu le défier en duel une fois, et ça s'est mal terminé ; par chance, ça s'est mal fini pour elle, pas pour lui. Tout aurait pu être très différent s'il n'avait pas gardé son sang froid mais en général, il s'en sort plutôt bien, songe-t-il en terminant sa part avec un soupir de soulagement. Et aussitôt, une autre lui est collée dans les mains ; et il ne va certainement pas s'en plaindre. « J'suis pas pro, je t'avoue. Mes équipes ont jamais été vraiment stables, alors... » Celle dont il lui a parlé la dernière fois avait une sacrée classe en tout cas, songe-t-il avec un petit sourire. Les spectres, c'est très particulier, et la plupart des gens  le savent. Chaque type a sa spécificité, bien sûr ; mais même les types Ténèbres, qui appartiennent au monde de la nuit, n'ont jamais été aussi mystérieux que ceux qui ont déjà effleuré ou connu la mort. Longtemps, ces créatures l'ont fasciné. Aujourd'hui, il aimerait découvrir autre chose. C'est peut-être une fuite vers l'avant, mais tant pis.

« J'ai attrapé une Munna quand j'étais à Unys. Elle m'a aidé, beaucoup, mais... j'me reposais un peu trop sur elle, du coup, alors je sais pas vraiment ce qui est le mieux. Pourquoi il dit ça Ollie ? Et t'en penses quoi toi ?
– Il dit ça à cause de Hatta. » Mais il ne sait pas très bien s'il a envie d'en parler à quelqu'un qui lui a dit que s'il voulait ne plus être un sale con il suffisait qu'il le décide, hein. Peu rassuré, il lui jette une oeillade méfiante ; décide finalement, à voir sa curiosité, de ne répondre qu'évasivement. « Quand on était à Johto, j'ai eu... un genre d'accident. Oliver et Erèbe ont paniqué et ils m'ont fait rencontrer une sorte d'exorciste, un mec super... bref, il m'a donné mon Spiritomb en m'assurant que si j'arrivais à me lier correctement à lui, ça m'aiderait beaucoup. Et de fait, ça m'aide. » Mais il a fallu batailler avec le fils Porter pour essayer de le lui faire comprendre, et encore aujourd'hui ce  n'est toujours pas le cas, en dépit de tous ses efforts. « Oliver le déteste. Il dit qu'il a beaucoup trop d'influence sur moi, 'fin bref, tout un tas de conneries. Moi j'sais juste que je serai sûrement pas là à te parler si on me l'avait pas donné, ce Pokémon, alors je suis moins catégorique. » Même si ça ne suffit pas, Hatta est le seul capable de le soulager. Le seul.

« Mais bon, reprend-il en tirant sur le joint à demi consumé, ça fait du bien de changer, il paraît. J'pense que j'irai choper tout ce que j'ai envie quand je pourrai prendre le temps de souffler, et on verra bien c'que ça donnera. Et puis Sun pourra sortir, comme ça. Je... suis vraiment content que tu m'l'aies donné, cet oeuf. » Même si ça lui arrache la gueule de le dire et qu'il doit sûrement passer pour un con, tant pis. L'air du soir, la weed, il ne sait pas ce qui le motive quand il s'appuie doucement contre son épaule, l'air de rien. « Ça a remis un certain nombre de choses en perspectives. »

« Il dit ça à cause de Hatta. »
Hatta... ah oui, le Spiritomb. C'est sûr que ce n'est pas exactement le genre de Pokémon qui inspire la confiance, et Oliver a toujours été insupportablement protecteur avec le petit chanteur. Il doit suer du cul quand il y pense, le batteur.
Pourquoi il le regarde comme s'il allait le manger, Mallo ? Il l'écoute, c'est tout. « Quand on était à Johto, j'ai eu... un genre d'accident. Oliver et Erèbe ont paniqué et ils m'ont fait rencontrer une sorte d'exorciste, un mec super... bref, il m'a donné mon Spiritomb en m'assurant que si j'arrivais à me lier correctement à lui, ça m'aiderait beaucoup. Et de fait, ça m'aide. »
Bah alors pourquoi il chie une pendule, Ollie ? C'est pas Wailmer à boire, d'accord Spiritomb est un peu inquiétant comme Pokémon mais il n'est pas si dangereux, c'est pas un légendaire, non-plus. « Oliver le déteste. Il dit qu'il a beaucoup trop d'influence sur moi, 'fin bref, tout un tas de conneries. Moi j'sais juste que je serai sûrement pas là à te parler si on me l'avait pas donné, ce Pokémon, alors je suis moins catégorique.
– S'il t'a sauvé la vie alors Ollie devrait allumer son cerveau, c'est débile de le condamner. »
C'est tout, en fait, c'est pas plus compliqué que ça. Dans la vie il y a des éléments qui nous aident et d'autres qui nous tirent vers le bas. Savoir faire le tri, c'est important, et pour le faire il suffit de voir les choses simplement : ce que ça lui apporte, ce que ça lui enlève. En l'occurrence, Hatta l'a sauvé, alors quoi ? « Mais bon, ça fait du bien de changer, il paraît. J'pense que j'irai choper tout ce que j'ai envie quand je pourrai prendre le temps de souffler, et on verra bien c'que ça donnera. Et puis Sun pourra sortir, comme ça. Je... suis vraiment content que tu m'l'aies donné, cet oeuf. »
En entendant ça, Ismaël sourit ; il ne savait pas vraiment ce qu'il espérait, en laissant cet oeuf là-bas ; il espérait sans doute laisser une trace de son passage ou, quelque part, remercier Mallory, même si l'aide que le chanteur lui a apportée ce jour-là était un peu tordue. Peu importe, en soi. S'il est content, tant mieux. Ce n'est pas plus compliqué que ça. « Ça a remis un certain nombre de choses en perspectives.
– J'imagine que déjà, Oliver te casse moins les couilles parce qu'il a la trouille de celui-là, ricane-t-il. C'est moche d'avoir des a priori pareils sur des Pokémon qu'ont rien demandé. J'aimerais beaucoup le rencontrer, ton Hatta, si t'es d'accord. »
Y a des fois, faudrait vraiment qu'il allume son cerveau, le batteur ; il décide de ce qui est bon ou pas pour Mallory mais par contre, lui, retourner dans les bras d'un abruti qui lui a brisé le coeur en se comportant comme la pire des sous-races, zéro problème. Suivant le fil un peu décousu de ses pensées, il reprend : « J'te jure, dit-il en soufflant la fumée du joint sur lequel il vient de tirer, les yeux levés au ciel. Il est débile Ollie quand il s'y met. Qu'il s'occupe déjà de pas foncer dans le mur avec Neskov, il pourra s'occuper de toi après. »
A tous les coups ce crétin est dépité de se rendre compte qu'un Pokémon arrive mieux à aider Mallory que lui. Vive la psychologie inversée de la dépendance affective, hein ? Il lui manque, ce grand crétin. Demain, il ira le voir. « Et donc, à part ça, qu'est-ce qu'il a remis en perceptive, ton adorable Voltoutou ? »

« J'imagine que déjà, Oliver te casse moins les couilles parce qu'il a la trouille de celui-là. C'est moche d'avoir des a priori pareils sur des Pokémon qu'ont rien demandé. J'aimerais beaucoup le rencontrer, ton Hatta, si t'es d'accord. » Bien sûr, il peut venir à l'arène quand il veut, Ismaël ; ce n'est pas comme s'il allait refuser sa présence, et surtout pas après tout ça. Alors il hoche la tête Mallory, hausse tranquillement les épaules. En dépit de tout ce qu'il a pu lui dire depuis le début de la soirée, c'est sûrement le meilleur moment qu'il passe depuis longtemps, et il sait très bien à qui il le doit, là, tout de suite. « Bah, j'suppose que Hatta lui fait peur. Il fait ça à tout le monde, il est vraiment particulier. Ollie aime pas trop tout c'qui sort des sentiers battus, alors c'est pas vraiment étonnant. » Tout c'que je veux c'est te protéger, abruti. J'veux pas que cette saloperie te lave le cerveau, c'est quand même pas compliqué à comprendre, si ? Quelque part, ses craintes sont légitimes ; mais Oliver aura beau faire tous les efforts qu'il veut, il n'arrivera sûrement jamais à comprendre que certaines choses dépassent son entendement.

« J'te jure, entend-il alors à côté de lui, et il tourne la tête, de la pizza plein la bouche, il est débile Ollie quand il s'y met. Qu'il s'occupe déjà de pas foncer dans le mur avec Neskov, il pourra s'occuper de toi après. » Ah ça... il ne peut être que d'accord avec lui, songe Mallory en se renfrognant. Il passe son temps à lui dire ça ,hein. Il est odieux avec le  batteur et il le sait, mais ça l'insupporte de l'imaginer avec ce tocard qui n'a même pas eu le courage de venir le voir depuis qu'il est rentré. S'expliquer, c'est trop compliqué pour cette tête de noeud, hein ? Il doit craindre les répercussions que ça aura, et il peut. Mallory n'a jamais aimé se faire poignarder dans le dos, et c'est pourtant très exactement ce que le chanteur lui a fait. Alors qu'il se tienne à carreaux et qu'Oliver le largue, merde.

« Et donc, à part ça, qu'est-ce qu'il a remis en perceptive, ton adorable Voltoutou ? » Pas mal de choses, finalement. Mais est-ce qu'il a vraiment envie de les dire ? « Ben... j'ai jamais voulu être un vrai dresseur, avec plein de Pokémon différents, et tout, commence doucement Mallory en dodelinant de la tête, une fois sa troisième part terminée ; ça y est, il n'a plus faim. J'ai entraîné Sophie, mais c'est elle qui m'a trouvée. Les autres, soit on me les a confiés, soit je les ai récupérés en vue de l'arène et... enfin, même si je les adore, ils m'ont empêché de m'intéresser aux autres types. » Il soupire, tire une longue bouffée d'un joint presque terminé, maintenant. Dommage. Puis il continue. « Quand Sun a éclos, j'me suis dit que tu t'étais bien foutu de ma gueule, ricane-t-il, peut-être un peu coupable d'avoir été si déçu devant  l'air adorable du Voltoutou. J'ai même voulu le refourguer à quelqu'un, et puis... j'sais pas ce qu'il s'est passé. »

Un peu comme avec lui finalement. Le Pokémon a aboyé de joie, s'est jeté dans ses bras et il a ressenti la même chose, alors, que la première fois qu'il a vu Ismaël pour la première fois. Il s'est senti mieux, réchauffé par sa simple présence. « Il me fait beaucoup de bien. Alors... j'suppose que j'pourrais aller chercher un peu ailleurs, maintenant. J'aimerais bien un... » Il hésite. Il va sûrement le prendre pour un con là hein ? Alors il le chuchote peut-être un peu, en essayant d'être couvert par le bruit des vagues. « Un Ponyta de Galar. Je t'interdis de rigoler. »

« Ben... j'ai jamais voulu être un vrai dresseur, avec plein de Pokémon différents, et tout. J'ai entraîné Sophie, mais c'est elle qui m'a trouvée. Les autres, soit on me les a confiés, soit je les ai récupérés en vue de l'arène et... enfin, même si je les adore, ils m'ont empêché de m'intéresser aux autres types. »
C'est le problème de beaucoup de dresseurs qui ont des équipes à type unique ; personnellement, Isma a toujours trouvé dommage que Mallory n'essaie pas un peu de se spécialiser dans le dressage, avec le don qu'il avait. Quelque part, ça lui fait plaisir de voir que le jeune homme a changé de direction, même si dans l'absolu ça ne le regarde pas. Il croit profondément que les Pokémon peuvent apporter beaucoup aux humains et particulièrement aux dresseurs, alors... quand il se souciait encore du bien-être du chanteur, il lui souhaitait de se rendre compte qu'il aurait beaucoup à gagner à s'entourer autrement, bien que les Spectre soient évidemment un parti intéressant. Enfin, de toute façon Mallory s'est mis à être odieux avec lui avant qu'il ait pu le conseiller ; finalement, il n'a pas eu besoin de lui. Ou, si, mais assez indirectement, puisque c'est Sun qui est à l'origine de cette remise en question. « Quand Sun a éclos, j'me suis dit que tu t'étais bien foutu de ma gueule.
– Je peux comprendre pourquoi, se moque-t-il à son tour. »
Dire que son Typhlosion lui a ramené un oeuf de Voltoutou. C'est quand même un peu du foutage de gueule, il faut l'admettre.« J'ai même voulu le refourguer à quelqu'un, et puis... j'sais pas ce qu'il s'est passé. »
Le refourguer ? Ça par contre, c'est pas cool, et Isma aurait été attristé d'apprendre que son oeuf avait été balancé dans la nature entre les mains de n'importe qui. Il est plutôt soulagé que Mallory ait changé d'avis, quoi qu'il se soit passé. « Il me fait beaucoup de bien. Alors... j'suppose que j'pourrais aller chercher un peu ailleurs, maintenant. J'aimerais bien un... »
Un quoi ? Un Drattak ? Un Séviper ? Séviper lui irait bien... ou un insecte cool, comme Lucanon. Peut-être un Pokémon feu... Braségali ? « Un Ponyta de Galar. Je t'interdis de rigoler. »
Sur ce coup-là, le visage d'Ismaël passe par toutes les expressions. D'abord, il fronce les sourcils, pas sûr d'avoir entendu correctement. Et puis, à l'air un peu renfrogné de Mallory, il comprend que si, alors sa mâchoire pend un peu. La vague d'hilarité arrive très vite mais il s'efforce de la réprimer alors son sourire de grand con mort de rire sans produire un seul son laisse vite place à une petite moue pincée. Ses joues gonflent même un peu sous le rire qu'il étouffe. « C'est cool, dit-il d'une toute petite voix, un peu haute, contrôlée, tant bien que mal. Ponyta de Galar c'est un super Pokémon etpuis enplus ilestjoli PFOUAHAHAHAHAH C'EST TELLEMENT GAY, J'ADORE ! »
Ah il aurait pas dit hein, il aurait jamais pu deviner, mais c'est adorable, et il imagine très bien Mallory remettre impérieusement ses cheveux en place à la Neskov en pointant un doigt devant lui pour ordonner à son petit bébé trop mignon Ponyta de Galar d'attaquer avec pouvoir lunaire « Ah bordel, ah, je suis désolé, c'est tellement mignon ahahahah!... articule-t-il tant bien que mal avant d'inspirer à fond, retenant son souffle pour le libérer en quelques mots plus modérés mais toujours d'une voix beaucoup trop haute et pincée pour masquer le fou-rire qui fait trembloter ses épaules. Désolé, pardon. Hm. J'adore ce Pokémon en plus mais. Mais pourquoi ? »

Il va rigoler, hein ? Bien sûr qu'il va rigoler, n'importe qui rigolerait. N'importe qui. Et il a beau se retenir, Ismaël, Mallory le voit très bien ; d'abord il ne comprend pas, puis il est surpris ; et ensuite ses lèvres se mettent à trembler. Quel connard bordel, est-ce que cet abruti est au courant que personne ne sait qu'il a envie d'avoir ce genre de Pokémon à part Oliver, hein ? Personne ne le sait. Et lui il va se moquer de lui, super, formidable, et il boude là, très franchement alors qu'il voit l'autre crétin adorable grimacer pour réprimer une affreuse grimace toute gonflée. Allez rigole connard, de toute façon je le savais que t'allais te payer ma gueule. Forcément, hein ? Mallory Edgerton, le champion de l'arène Cauchemar, le gardien des spectres, le chanteur de rock énervé avec un Ponyta de Galar, même lui ça le ferait sûrement hurler de rire s'il n'était pas aussi concerné.

« C'est cool, articule le baroudeur d'une voix aigüe, tandis que les sourcils de Mallory se froncent, avertissent. Sans succès bien entendu, sa voix tremble trop, il ne va pas pouvoir résister, hein ? Ponyta de Galar c'est un super Pokémon etpuis enplus ilestjoli PFOUAHAHAHAHAH C'EST TELLEMENT GAY, J'ADORE ! » Il adore ? Ça veut dire quoi ça exactement ? Que parce que Mallory a des goûts cachés de tapette à la Neskov, il adore ? Il ne sait pas très bien comment le prendre ça, en fait, et il décide qu'il va se vexer, c'est le plus simple. « Arrête de rire, connard.
– Ah bordel, ah, je suis désolé, c'est tellement mignon ahahahah!... » Ouais vraiment c'est à mourir de rire, franchement, c'est super drôle songe le jeune homme avec une grimace, serrant les dents, peut-être un tout petit peu humilié. On a donné beaucoup de qualificatifs à Mallory, mais mignon ? Non, jamais. Et il ne sait pas du tout comment il doit le prendre, à vrai dire.

« Désolé, pardon. Hm. J'adore ce Pokémon en plus mais. Mais pourquoi ?
– Si tu crois vraiment que j'vais te le dire alors que t'es en train de te payer ma gueule tu peux toujours crever, grogne le chanteur en cherchant son paquet de cigarettes au milieu de ses fringues. » Il ne s'attendait pas à autre chose, mais quand même... et une main qui s'enroule autour de son torse le fait râler uniquement pour la forme, quand il proteste en se débattant un peu faiblement sous une voix rieuse, allez, boude pas Méli-Mallo. « Je, commence-t-il en fronçant les sourcils, tournant la tête vers le baroudeur, j'ai toujours voulu ce Pokémon depuis que j'suis gosse, okay ? Voilà. Et un Bibichut. Quand j'suis allé à Galar j'ai passé une nuit entière dans la forêt à côté de Corrifey et le seul que j'ai vu s'est barré quand Sophie s'est mise à hurler à la mort. » Et vu comment il lui a gueulé après ensuite, il ne devait plus y avoir un seul Pokémon à des kilomètres à la ronde. « Je... je les trouve beaux, voilà, et. Et j'crois que ma mère en avait un, j'm'en rappelle pas bien, j'étais trop petit. J'sais juste que j'ai envie d'en avoir un et c'est pas drôle espèce de gros crétin plein de préjugés de merde, lâche-moi. » Mignon. Sans déconner. C'est tellement gay j'adore. Quel connard. « J'aime... j'aime bien ce genre de Pokémon, c'est tout. Ils sont gentils, et... et ils sont très beaux. Si ça fait d'moi la pire des tapettes, tant pis. »

« Si tu crois vraiment que j'vais te le dire alors que t'es en train de te payer ma gueule tu peux toujours crever. »
Oh, mais allez, il ne va pas se mettre à faire la gueule, hein ? Réprimant de son mieux son fou-rire en tendant les bras pour emprisonner le garçon boudeur, il l'attire contre lui, riant toujours doucement ; en plus, il ne se moquait pas de lui, il adore Ponyta de Galar, c'est juste que ça l'a surpris, voilà. « Allez, boude pas, Méli-Mallo, ronronne-t-il près de son cou en s'amusant des vaines et faibles tentatives de l'intéressé pour se dégager. Me regarde pas comme ça, je jure que c'était pas de la moquerie.
– Je... j'ai toujours voulu ce Pokémon depuis que j'suis gosse, okay ? Voilà. Et un Bibichut. Quand j'suis allé à Galar j'ai passé une nuit entière dans la forêt à côté de Corrifey et le seul que j'ai vu s'est barré quand Sophie s'est mise à hurler à la mort. »
L'anedote manque bien de le faire rire à nouveau, mais il se retient ; il n'a vraiment pas envie de le vexer pour que ce n'est déjà le cas. Et ça l'intéresse, de savoir ; comment un gars comme lui peut être tombé amoureux de Pokémon comme ça ? « Je... je les trouve beaux, voilà, et. Et j'crois que ma mère en avait un, j'm'en rappelle pas bien, j'étais trop petit. J'sais juste que j'ai envie d'en avoir un et c'est pas drôle espèce de gros crétin plein de préjugés de merde, lâche-moi.
– Non, décide-t-il en l'attirant d'autorité sur ses genoux, posant son menton dans le creux de la clavicule du chanteur, les oreilles grandes ouvertes pour écouter la suite. 
– J'aime... j'aime bien ce genre de Pokémon, c'est tout. Ils sont gentils, et... et ils sont très beaux. Si ça fait d'moi la pire des tapettes, tant pis. »
Le sourire d'Ismaël n'a absolument rien de moqueur, mais de toute façon Mallory ne peut pas le voir. Ils sont gentils. C'est si simple comme façon de le dire ; et c'est adorable de constater que c'est cette caractéristique qui leur a valu l'amour du chanteur. Cette fois, Isma ne rigole pas du tout, quand il dépose un léger baiser contre le cou de son amant. « J'ai dit ça pour rire, Méli-Mallo. J'trouve ça adorable, et vraiment touchant. »
Un peu triste, aussi, quelque part. Si Mallory était avec les humains comme il est avec les Pokémon, il n'aurait pas à ce point envie de s'entourer d'êtres bienveillants : il aurait beaucoup moins de mal à garder ceux qui le sont près de lui. « Et si t'es la pire des tapettes, qu'est-ce qu'il faut dire de Neskov ? Avec son équipe de dragons il a forcément un truc à compenser. Toi... t'as plus rien à prouver à personne. Tu peux bien avoir les Pokémon qui te plaisent. »

Il le sait bien Mallory, que c'est un peu ridicule, cette façon d'aimer les petites choses toutes roses au grand sourire, mais il n'y peux rien ; les deux opposées, il les adore, que ce soient les spectres et leurs mystères que les fées et leur permanence bienveillance. Il ne préfère pas l'un des deux types mais les trouve étrangement complémentaires ; le réconfort qu'il va aller chercher chez les uns, il ne le trouvera pas de la même façon chez les autres. Lové dans les bras du baroudeur, il boude un peu, le champion, parce qu'il sait bien que c'est très surprenant et que ça ne lui ressemble pas du tout  ; mais la première fois qu'il a vu la frimousse de Sun se coller contre sa joue avec toute l'affection du monde, il a bien fallu reconnaître qu'il tenterait sa chance un jour. Et puis, il avait tellement aimé le bois bordant Corrifey, et la ville dans son ensemble ; pour un peu et il achetait une maison là-bas, si le champion régional n'était pas une vraie tête de noeud.

Un baiser s'égare dans son cou et il frissonne, Mallory ; va-t-il se contenter de ça, alors ? Est-ce que ça lui suffira, une poignée de moments comme ceux-là où Ismaël lui donne l'illusion d'être important ? Oui, peut-être. Ou peut-être pas, peut-être qu'il peut au moins essayer de faire semblant. Qui sait, un jour, les choses pourraient changer ? « J'ai dit ça pour rire, Méli-Mallo. J'trouve ça adorable, et vraiment touchant. » Il ne peut même plus dire qu'il est renfrogné, Mallory. Attendri et apaisé par l'étreinte du Johtien, il ferme doucement les yeux, soupire. C'est incroyable, de se dire que pour réaliser ses rêves d'adolescent, il suffisait simplement d'attendre quinze putains d'années. Une partie de ses rêves en tout cas.

« Et si t'es la pire des tapettes, qu'est-ce qu'il faut dire de Neskov ? Avec son équipe de dragons il a forcément un truc à compenser. Toi... t'as plus rien à prouver à personne. Tu peux bien avoir les Pokémon qui te plaisent. » Et là, il relève le nez Mallory ; ses yeux sombres parcourent doucement les traits détendus du visage du jeune homme qui le regarde ; est-ce qu'il le pense vraiment, tout ça ? Après tout, il n'y a qu'une poignée de minutes il était encore considéré comme un petit con égoïste et odieux ; sa maladie balayée d'un revers de la main, ses troubles, ses problèmes. C'est une image un peu trop lisse qu'il a de lui Ismaël, trop lisse pour être vraie, réelle, et c'est exactement pour cette raison qu'il ne lui dira jamais la vérité. Ses idées vont et viennes au rythme de ses hésitations, entre les instants où il songe qu'il se contentera du peu qu'il lui donnera et les autres, comme ceux-là, où il sait déjà que ce ne sera pas le cas et qu'il devrait tout arrêter avant d'y laisser plus de plumes encore que ce qu'il lui a déjà cédé sans que jamais le baroudeur ne l'aie remarqué. Alors il ne dit rien, durant de longues secondes. La dualité qui gronde dans son esprit vibre peut-être sur un voile fin autour de ses yeux sombres, cette nuit. Encore une fois, pour la centième, la millième fois, que n'aurait-il donné pour être quelqu'un d'autre, quelqu'un qui le mériterait. Quelqu'un comme Oliver.

Et puis, un sourire un peu fin se dessine sur ses lèvres ; pour la dixième fois, il décide qu'il ne se prendra pas la tête, quand bien même son coeur battrait la chamade. « T'es vraiment qu'un baratineur, finit-il par répondre, pour éviter de se rendre encore plus ridicule qu'il doit déjà l'être. J'arrive pas à croire que ça marche ce genre de ronds de jambe, bon sang. » Il soupire, parce que oui, bien sûr, ça marche ; de toute manière, Ismaël pourrait presque tout lui dire tout de suite, il serait bien incapable de se mettre en colère. Calé, le dos contre son torse, Mallory reprend place et ferme les yeux, sourit quand un autre joint lui est collé dans le bec. « J'suis content que tu sois rentré à Lathea, finit-il par dire, avec une simplicité peut-être un peu trop enfantine. » Tu m'as manqué. « T'es allé voir Oliver, au fait ? »

Mallory se contorsionne et tord son cou pour regarder le jeune homme qui le tient dans ses bras, lequel est bien forcé  de relever la tête pour soutenir ses yeux d'encre, un peu surpris. D'abord, le champion ne dit rien et à nouveau, Isma se demande ce qu'il s'y passe, dans cette tête brune qu'il ne peut pas s'empêcher de trouver adorable, ce soir, là où il n'a jamais cessé de le comparer à un Venalgue - ce qui n'est pas franchement flatteur. Sur scène, c'est différent. Quand ils s'étreignent, c'est différent aussi. Et ce soir... ce soir il ne sait pas. Il se surprend à songer qu'en dehors de la partie de jambes en l'air absolument spectaculaire qu'il a gagnés en convaincant le garçon de le rejoindre, il a vraiment bien fait d'insister. Son avis se confirme quand il avise le petit sourire du jeune homme. Et s'il l'embrassait, hein, ça ressemble à une bonne idée ça, non ?
Il n'en a pas le temps, Mallory se recale déjà contre son ventre, et il en grogne un peu de frustration en enroulant ses bras autour du ventre fin du chanteur. « T'es vraiment qu'un baratineur. J'arrive pas à croire que ça marche ce genre de ronds de jambe, bon sang. »
Ismaël ne répond pas, souriant pour lui-même du bout des lèvres, sans trop savoir ce qu'il en pense. Oui, ça marche à chaque fois, et avec la plupart des gens - quoique cette fille au Lac l'a bien rembarré mais bon, c'était intéressant quand même. Quand il était plus jeune, il était assez fier de réussir à baratiner n'importe qui ; un talent dont son petit frère semble avoir hérité, d'ailleurs. Retenant un soupir à cette pensée, il tend le bras pour attraper un joint de plus, qu'il colle dans les mains de Mallory. « J'suis content que tu sois rentré à Lathea. » 
Il ne pouvait pas décemment fuir toute sa vie, hein ? Enfin, lui-aussi il est content d'être rentré, après tout. Beaucoup de choses lui avaient manqué, ici. « T'es allé voir Oliver, au fait ?
– Pas encore, répond-il en haussant les épaules, levant le nez vers la mer qui ondule doucement en contrebas. J'irai sûrement le voir demain. Vous restez longtemps sur Jaeda ? J'ai mon weekend, j'voulais surfer demain soir... on verra. »
Là, tout de suite, il n'a pas franchement envie de penser à ce qu'il fera demain. Ce qu'il fait ce soir, ça l'intéresse vachement. « J'ai envie d'aller me baigner, décide-t-il alors, en gesticulant pour faire descendre Mallory de ses genoux, et lui volant le joint au passage. »
Encore totalement nu et tranquillement debout sur le rocher à la vue de n'importe quel promeneur tardif, Ismaël s'approche du rocher, se penche... « Allez, y a quoi, deux mètres cinquante, trois à tout péter. On saute ? »
Il tire sur son joint, se retourne, adresse un sourire clairement provocateur à Mallory. « Ou t'as la trouille ? »

« Pas encore. J'irai sûrement le voir demain. Vous restez longtemps sur Jaeda ? J'ai mon weekend, j'voulais surfer demain soir... on verra. » Oh, qu'il ne se presse pas trop à aller le voir, cela dit. Oliver a vieilli, comme tous ceux de la bande, mais il n'a absolument rien perdu de son charme naturel de connard ; quand on voit à quoi ressemblaient ses parents, on ne peut que le comprendre, cela dit. Avec un léger soupir, il hausse les épaules ; demain soir, ils jouent encore. « On est sur une scène pour le festival demain aprèm, et on rentre Lundi matin. J'ai trois challengers qui m'attendent à Castlerain la semaine prochaine. » Il ne connait pas leur pedigree, mais il espère vraiment que ça vaut le coup ; c'est fatiguant, de perdre son temps avec une pelletée d'incapables qui savent à peine tenir une pokéball et donner un ordre correct à leurs compagnons. Et puis il n'a pas du tout envie de penser à demain ; tout se passe beaucoup trop bien ce soir, il est presque certain qu'il croira avoir rêvé quand il se réveillera dans sa chambre d'hôtel demain matin, fracassé par le manque de sommeil.

« J'ai envie d'aller me baigner. » Quoi ? Mais ils n'étaient pas bien là, sans rire ? Il grommelle peut-être un peu Mallory, quand Isma lui enlève le joint du bec et se contorsionne pour le chasser de ses genoux ; sans rire, ils sont vraiment obligés de bouger ? Qu'il aille se baigner s'il veut, de toute manière lui il n'ira absolument pas mais pour ce qui est de regarder ce mec à poil qui s'avance vers le rebord... ouais bon, ça lui va. « Allez, y a quoi, deux mètres cinquante, trois à tout péter. On saute ?
– Hm, pardon ? » A vrai dire, Mallory n'a absolument pas écouté ce qu'il lui a dit, là. « Ou t'as la trouille ? » Son air un peu rêveur devient clairement perplexe, alors qu'Ismaël lui désigne le bord de la falaise. Quoi, sauter ? La trouille de sauter ? « Ah, tu veux que je saute ? Hors de question. » Et il esquisse un petit sourire, léger, tout à fait convaincu que personne ne pourra le forcer à faire ce qu'il n'a pas envie de faire, de toute façon. « Je déteste la mer, oublie ça. C'est cradingue, ça pue, c'est blindé de Pokémon gluants et dégueulasses, non ça va pour moi mais vas-y toi, j'adore regarder comment t'évalues la hauteur, tu peux recommencer ? » Il fait quoi là ? Il sourit ? Pourquoi il s'approche ? « Eh, j'ai dit non. »

« Hm, pardon ? » 
Il matait son cul, là, hein ? Il n'en manque vraiment pas une, se dit Ismaël ricanant, avant de pointer le bord de la falaise d'un pouce derrière son épaule. « Ou t'as la trouille ?
– Ah, tu veux que je saute ? Hors de question. »
Ah oui, c'est comme ça ? Le truc c'est qu'Isma n'a aucune envie de se baigner tout seul, en fait ; il n'a pas envie que Mallory lui fausse compagnie, alors il va sauter. L'air de rien, le baroudeur commence déjà à s'approcher de son amant toujours assis par terre. « Je déteste la mer, oublie ça. C'est cradingue, ça pue, c'est blindé de Pokémon gluants et dégueulasses, non ça va pour moi mais vas-y toi, j'adore regarder comment t'évalues la hauteur, tu peux recommencer ? 
– Allez, fais pas ta princesse, glousse-t-il en avançant d'un pas beaucoup plus décidé.
– Eh, j'ai dit non.
– J'm'en fous. Allez, viens-là. »
Le souci quand on est une crevette comme Mallory c'est qu'on ne peut absolument rien faire pour se protéger de grandes mains plus ou moins bien intentionnées. Il l'attrape, le soulève ; c'est dingue comme il est léger. « Allez, petit Venalgue. A l'eau ! »
Il éclate de rire quand les cris de Mallory redoublent à l'approche du bord de la falaise, et attrape au vol la main qui lui martelait la tronche ; s'il le déséquilibrent, ils se tuent tous les deux, alors qu'il reste un peu sage. « Arrête de gesticuler comme un Magicarpe hors de l'eau, si je loupe mon lancer tu te tues en bas sur les rochers, dit-il tranquillement, avant d'éclater de nouveau de rire parce que la voix du chanteur monte dans les aigus sous le coup de la panique, là. Allez, inspire à fond. A trois. Un, deux... trois ! »
Une impulsion a balancé le corps remuant juste devant-lui, et c'est d'une forte et vive pression de sa paume dans le bas du dos du maigrichon qu'il le jette littéralement de la falaise, bien loin des dangereux rochers en contrebas.
La vision qui lui vient alors est hilarante ; le corps totalement nu et toujours gesticulant de Mallory décolle, un hurlement fabuleux retentit sur toute la plage et il tombe comme une pierre directement dans les vagues.
Lorsque la tête toussante et trempée du chanteur sort de l'eau, Isma n'a pas sauté. Il est allongé par terre, les bras fermés autour du ventre, et il a beaucoup de mal à respirer entre deux hurlements de rire.

« J'm'en fous. Allez, viens-là. » Non, non c'est hors de question il ne sautera pas Mallory c'est même pas la peine d'y penser, il le voit approcher et le menace du regard parce que l'eau, il n'y va jamais il déteste se baigner. Dans la mer c'est encore pire, il a horreur des Pokémon eau, il a toujours eu horriblement peur de la plupart d'entre eux - Carvanha entrant en tête de liste - et alors que le baroudeur tend les bras, il sait déjà qu'il ne va pas pouvoir se débattre suffisamment pour lui échapper. « Non, non Ismaël j'ai dit non tu peux pas me forcer LÂCHE MOI J'AI DIT JE VEUX PAS
– Allez, petit Venalgue. A l'eau !
– NON J'TAI DIT NON T'AS PAS LE DROIT DE ME FORCER ARRÊTE JE VEUX PAS JE NON NON S'TE PLAIT MAIS LÂCHE MOI PUTAIN LÂCHE LÂÂÂÂCHE !! »

Et il se débat Mallory, de toutes ses forces, pour échapper à son étreinte et aux vagues gelées et menaçantes en contrebas ; il plaque ses mains sur sa belle tête de con, bat des bras et des jambes, sauf qu'il est beaucoup trop solide Ismaël, il le tient beaucoup trop fermement et en prime, il lui sourit. Sauf qu'il n'ira pas dans l'eau, c'est hors de question, il bluffe, hein ? Bien sûr qu'il bluffe. « Arrête de gesticuler comme un Magicarpe hors de l'eau, si je loupe mon lancer tu te tues en bas sur les rochers.
– Quoi ?! braille-t-il, les yeux écarquillés de peur. Mais t'es complètement malade putain lâche moi je veux pas que tu... non non, et sa voix est très blanche maintenant qu'il comprend qu'il ne bluffe pas du tout, là.
˜ Allez, inspire à fond. A trois. Un, deux... trois !
– NON NON ME JETTE PAS ME JETTE PAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!! »

Tout va très vite et à la fois pas assez ensuite, en une fraction de secondes il est propulsé dans les airs ; son hurlement se répercute sur les parois de la falaise et lui brûle la gorge, tandis qu'il chute comme une pierre droit dans les eaux noires et mouvantes. Quand il perce la surface de l'océan, ce n'est que le contact glacé de l'eau qui lui donne le réflexe de retenir sa respiration ; puis c'est la panique, l'obscurité, et son instinct qui lui fait battre violemment ses maigres jambes pour retourner à l'air libre.
L'eau est glacée, il a un goût de sel dans la bouche, il est terrifié à l'idée de voir un horrible poisson des profondeurs débarquer pour l'entraîner au fond de l'eau mais c'est bien plus la colère que tout autre chose qui lui fait lever le nez, les cheveux ruisselants devant les yeux qu'il écarte en toussant Mallory, avant de se remettre à hurler à pleins poumons quand il aperçoit la silhouette de ce connard, hilare, au sol. « ESPECE DE PAUVRE CONNARD VA J'TE DETESTE PUTAIN T'ES VRAIMENT QU'UN ENFOIRE J'AVAIS DIT NON ! » Il est fou de rage, vexé, trempé, glacé et humilié à le voir rigoler comme un enfoiré alors qu'il grelotte dans l'eau, qu'il n'a pas pied et qu'il n'a pas nagé depuis au moins dix ans. « VA TE FAIRE FOUTRE PUTAIN J'VEUX PLUS JAMAIS REVOIR TA GUEULE DE CON C'EST BON T'AS VRAIMENT RIEN DANS LE CRÂNE... »

Et voilà qu'il se lève, le Johtien, des restes de rires aux lèvres et qu'il finit par plonger ; rien à voir avec son saut à lui, c'est très élégant mais cette fois Mallory ne le regarde pas, trop occupé à essayer de rejoindre furieusement la rive, et le plus vite possible s'il vous plaît. Alors quand une tête émerge de l'eau, les cheveux trempés et toujours ce sourire d'enfoiré aux lèvres, il lui jette un regard mauvais et se débat aussitôt qu'il sent deux bras solides se refermer autour de lui. « LÂCHE MOI putain de traître à la con va, lâche moi je rentre lâche-moi ! » Et il est terrifié mais ça, pas question de le lui dire, hein ?