Quand Meleys a la bougeote, c'est tout le monde qui en fait les frais, chez le jeune Porter. C'est bien pour cette raison qu'il a décidé de la sortir un peu aujourd'hui ;ça commence donc par lui demander quel endroit elle a envie de visiter, un doigt posé sur la carte de Lathea. Pas de chance pour elle, le Coeur de Kerbé, c'est peut-être un poil trop ambitieux pour un Oliver qui commence tout juste à sortir ; quoique depuis quelques temps, il commence à s'y faire, aux promenades. Il peut se targuer d'avoir fait un bon tour de la région, au moins grâce aux taxis volants ; mais là c'est quand même une autre paire de manches, ce qu'elle lui a demandé. Il a préféré opter pour les grottes Charbi, certes un peu moins exotique mais beaucoup plus sécure ; et bien sûr, madame fait la gueule en entrant, si c'est pas formidable, hein ?

« Tu peux arrêter de faire la gueule, steuplait ? On est dehors, c'est déjà pas mal, non ? » Non, bien sûr, madame n'en a jamais assez de toute façon. Elle est capricieuse, peste, insupportable, et ce serait sûrement moins grave si c'était un putain de Couafarel, le fait est que c'est un Salamèche et qu'Oliver s'est déjà retrouvé avec une mèche de cheveux carbonisée le jour où il a eu l'audace de lui dire, à un moment de petite crise dans ce genre, qu'elle faisait concrètement tout à fait chier. Les Pokémon et les humains ne communiquent que par l'échange de notions la plupart du temps, mais visiblement elle a compris celle-là ; parce que ça lui a chauffé la gueule, suffisamment en tout cas pour qu'il décide de la mettre dans sa Pokéball pour le reste de la journée. Le souci, c'est qu'elle sait en sortir, en fait.

D'ailleurs, la balade commence bien puisque madame a décidé de ne l'écouter que d'une oreille, préférant concentrer son attention sur un Pokémon sauvage dans l'entrée de la caverne, sur lequel elle grogne sans vergogne alors qu'ils s'avancent dans sa direction. Il a d'abord un peu de mal à discerner le Pokémon en question, caché dans un recoin d'une artère, et seuls deux yeux sombres brillent à la lueur presque irréelle des gemmes brillantes et inconnues qui éclairent à peine les couloirs. Lorsque la créature s'avance, il reconnait quatre pattes, une figure canine, deux yeux un peu craintifs ; un Malosse. Il a toujours adoré ce Pokémon. « Hé, laisse-le, gronde le dresseur à sa Salamèche, qui l'écoute à peine. » Il a l'air d'avoir peur, en dépit de la curiosité qui l'a poussée à s'avancer vers le batteur ; batteur qui a déjà une Pokéball dans les mains, comme s'il n'en avait pas assez chez lui, tiens. Son appart, ça devient une foutue ménagerie.

Ce n'est peut-être pas une bonne idée de le capturer. C'est vrai quoi, il en a déjà beaucoup des Pokémon ; non pas qu'il n'ait pas les moyens de les nourrir ou de s'en occuper, mais le groupe lui prend un temps qu'il ne peut pas utiliser pour s'occuper de tout le monde, alors... non, c'est une mauvaise idée. Reposant la pokéball dans son sac, il décide d'avancer, contournant le Pokémon sauvage... sous les grondements de Meleys, qui n'a pas l'air d'apprécier que le Malosse décide de les suivre. Oui oui, il les suit. « Salut, dit-il gentiment au Pokémon qui semble très intéressé par sa Salamèche, sans trop oser s'approcher pour autant. Tu devrais pas me suivre, tu vas te perdre là-dedans, non ? » Cela étant, si le Malosse vit là depuis longtemps, il retrouvera sûrement son chemin plus facilement que lui mais ça, c'est une autre histoire.

Mais il n'y a rien à faire ; le Malosse est extrêmement curieux, et il continue de les suivre tandis qu'Oliver choisit de s'engager sur le chemin de gauche. Il aimerait bien voir un Charbi ici ; il paraît qu'il en reste plein dans le coin, même si la mine a fermé il y a des années de ça. En lieu et place du Charbi, c'est le Pokémon de départ qui tente de se placer à côté de Meleys, qui grogne plus fort à chaque fois que le Malosse se trouve un peu trop près d'elle à son goût. Alors quoi, il est tombé amoureux ? Non, au vu de la forme de son tête, c'est une femelle. Est-ce que les Pokémon peuvent être attirés par une autre espèce ? Du même sexe ? C'est des drôles de questions ça, et il ne sait pas du tout si quelqu'un pourra lui apporter une réponse à ce niveau, en fait.

C'est pas comme si ça avait une véritable importance, de toute façon ; c'est mignon, cette façon qu'elle a de tenter de s'approcher de sa Salamèche, comme si elle avait arbitrairement décidé qu'elle serait son amie et point final. D'ailleurs, ça ne ferait pas de mal à Meleys, de bien s'entendre avec un Pokémon ; elle est très solitaire, et ne tolère la présence dque de Drogon. Le souci, c'est que les deux Pokémon ne se voient pas aussi souvent qu'il le faudrait pour adoucir le caractère de sa petite championne qui avance devant lui pour l'éclairer, en essayant d'ignorer la Malosse, qui crache un petit jet de flammes pour attirer son attention... et ne reçoit en réponse qu'un grognement méprisant. Et un jet de flammes plus grand, juste pour se la péter apparemment, sauf qu'au lieu d'intimider sa petite compagne du jour, celle-ci pousse un aboiement admiratif, qui arrache un rire au dresseur spectateur de la scène.

Bon d'accord, elle est mignonne. Et puis, il a toujours eu envie d'avoir un Malosse, Oliver ; le problème, c'est qu'il a toujours eu envie d'avoir beaucoup de Pokémon, et il n'y a que six places dans une équipe. Il ne lui en reste qu'une seule, et elle était supposée être occupée par le futur Carapuce qu'il va capturer quelque part même s'il ne sait pas trop où, alors que fera-t-il d'elle ? Il n'en sait rien du tout. Mais elle a l'air de bien s'entendre avec Meleys, et c'est quelque chose de suffisamment rare pour être souligné. Amusé par l'envie du Pokémon de s'approcher de sa Salamèche, il progresse dans les galeries de la mine, observe les gemmes qui ornent les murs. Est-ce qu'elles étaient déjà là avant, ou bien est-ce l'Homme qui les a placées là pour éclairer les couloirs, à l'époque où le charbon était une denrée exploitable ?

Si l'humain a décidé de poser ces pierres ici, ce n'est pas une mauvaise idée. L'éclairage, bien qu'un peu faible, permet au moins de voir devant soi ; et la lumière n'est sûrement pas dérangeante pour les Pokémon qui vivent ici. Qui plus est, les grottes sont un très bon endroit pour capturer des Pokémon sauvages, Oliver l'a lu sur internet. C'est fou comme il y passe plus de temps depuis qu'il a décidé de se lancer, et quelque part, depuis qu'il vadrouille un peu sur les routes, il sent que tout va un peu mieux. Il fume moins, il regarde moins de conneries à la télé et la plupart du temps, quand il rendre chez lui après quelques heures de marche, il s'endort assez rapidement. Les heures longues durant lesquelles il se demandait si vraiment, il avait décidé d'occuper sa vie de cette manière, sont terminées pour le moment. Avec un peu de chance, il arrivera à effacer tous ses doutes quand le grand crétin blond qu'il voit pour le moment en cachette pourra mettre sa vie en ordre.

Ce qui n'est pas d'actualité pour le moment apparemment, mais bon, on ne va pas faire son difficile, hein ? Il a promis de prendre son mal en patience et c'est ce qu'il fera ; de toute façon, c'est pas tout à fait comme s'il avait le choix, songe le batteur en progressant dans les galeries, cherchant du coin de l'oeil la présence d'un Pokémon intéressant tout en continuant d'observer l'échange de Meleys et de la Malosse, qui continue de les suivre. Est-ce qu'elle va venir avec eux, alors ? Il n'aura de toute façon pas le coeur à l'abandonner ici ; peut-être qu'elle a envie d'avoir de la compagnie, bien qu'il n'ait jamais rencontré de Pokémon aussi enclins à suivre un dresseur comme ça. A part Nox, et encore, son Evoli a testé un peu sa résistance avant de se décider.

Lorsqu'Oliver finit par atteindre une salle un peu plus grande, c'est une étrange impression qui le prend ; l'endroit est un peu mieux éclairées que la galerie qui l'y a amené, et surtout, il semble presque aménagé. Certains wagons de l'ancienne mine ont été déplacés, il reste encore des rails au sol ; il aperçoit quelques vieux bancs, usés par l'âge, et ce qui ressemble à des palettes mises les unes par-dessus les autres comme pour faire des tables. Cet endroit lui rappelle brutalement quelque chose, lui qui était certain de ne jamais avoir foutu un pied dans les zones sauvages de Lathea ; celle-ci, cette fois, parle à de vieux souvenirs sans vraiment qu'il sache s'il les a vécus ou non. Curieux, et peut-être un peu perplexe, Oliver décide de ne pas avancer plus loin pour le moment. Ses pas le conduisent à travers l'immense grotte, et lorsqu'il regarde autour de lui, c'est comme s'il faisait un terrible bond, vieux, très vieux.

Son coeur rate un battement, quand il lui semble entendre les rires rauques d'adolescents en pleine mue, alors qu'il n'y a absolument personne ici. L'endroit est désert, visiblement les dresseurs font une pause pour aujourd'hui ; c'est un tort d'ailleurs, il fait bien frais ici, c'est agréable par rapport à la chaleur extérieure. Curieux, perturbé, Oliver observe les bancs, les tables, fronce les sourcils en apercevant quelques bouteilles de bière en verre abandonnées là, comme les vieux restes d'une fête où on aurait oublié de tout ramasser. Si tout le monde faisait comme ça, franchement... sans s'attarder plus avant sur les détritus - qu'il ramasse quand même pour les mettre dans son sac - un étrange instinct le pousse à se rapprocher des murs. Ses doigts effleurent les gemmes qu'il a la surprise de trouver chaudes, ses yeux observent les différentes aspérités de la roche, comme s'il cherchait quelque chose. Mais quoi ?

C'est au bout de quelques minutes qu'il finit par trouver ce qu'il ne recherchait pas vraiment. Dans un recoin de la grotte, près d'un vieux banc qui a l'air d'avoir vingt ans, il y a une gravure dans la roche, qu'il sait avoir été faite à l'aide d'un couteau émoussé qu'Erèbe avait dans sa poche quand ils y sont allés. Ils avaient quoi, treize ans ? Quatorze ? Ils n'étaient pas plus vieux, Oliver en est sûr ; c'était avant qu'Ismaël arrive, avant qu'ils rencontrent Gaspar. Ils étaient trois, à ce moment là, quatre gamins qui avaient décidé de partir en vadrouille dans les montagnes ; ouais, ça lui revient maintenant, c'était une idée d'Erèbe, et les trois gosses avaient tout simplement suivi. Ils avaient tout préparé à l'avance, soigneusement. Un Dimanche après-midi, ils avaient faussé compagnie à leurs parents, et sauté dans un taxi volant, direction les grottes.