Une journée de repos n’en est jamais une pour la journaliste Pokémon. Son travail se mêle de ses passions profondes, ainsi elle a du mal à poser son exercice. En parcourant le parc Pokélover, elle n’y voit pas l’occasion de se relaxer en compagnie de ses compagnons. Se détendre ne fait pas exactement partie de son vocabulaire; elle est habitée d’une dose trop importante d’énergie pour s’y laisser tenter. Ainsi elle erre sur les sentiers du parc, les mains dans les poches, à la recherche de dresseurs avec qui échanger. Peu de temps après son arrivée d’ailleurs, l’occasion se présente. Deux jeunes gens s’affrontent dans un combat explosif que Calypso commente, au plus grand plaisir d’une petite foule qui s’amalgame autour du terrain improvisé. Les intonations exagérées de la jeune femme et son charisme naturel suffisent à instaurer une ambiance des plus survoltées. Pour Caly, commenter les matchs même improvisés lui apporte grande satisfaction. Elle aime provoquer les passions tout autant que d’assister à ces faces-à-faces prometteurs. Ainsi elle se renseigne sur les dresseurs les plus prometteurs… tout en récupérant sa dose d’attention quotidienne, élément essentiel à son bonheur. Sa drogue en quelque sorte.

Le match s’achève dans un tonnerre d’applaudissements et de cris. Calypso sourit, satisfaite : elle a réussi on travail, il est temps pour elle de poursuivre son chemin. Le pas léger, elle rejoint non loin sa petite équipe, qui se développe peu à peu. D’abord Eskel, le Debugant, le premier Pokémon qu’elle a capturé ici à Lathea. Ce petit bonhomme, elle l’a réalisé plus tard, manque cruellement d’expérience. Cependant, il n’a pas froid aux yeux et voit déjà sa dresseuse à la manière d’une mère, écoutant chacun de ses ordres avec docilité. Calypso l’imagine déjà évoluer pour devenir un fabuleux Pokémon. Que deviendra-t-il ? Kicklee ? Tygnon ? Ou Kapoera ? Seul l’avenir lui révélera la décision toute spéciale de son compagnon. Pour le moment il reste un bébé Pokémon collé à ses basques. Ensuite, Tissaia la Statitik, devenue ennemie jurée de Djinn à force de s’accaparer son attention. La petite araignée quitte aussi rarement sa nouvelle dresseuse, sauf pour aller embêter le Sovkipou bien entendu. Puis il y a aussi Fringilla qui est bien plus indépendante. La Wattouat fera probablement une formidable combattante un jour… pour peu qu’elle accepte de suivre les indications de Calypso.

Avec cette nouvelle équipe, la jeune femme a désir de débuter son parcours dans les Arènes de Lathea. Un défi qui promet son lot de difficultés, mais pour lequel elle se sent prête. Un sourire aux lèvres, les mains dans les poches de manière décontractée, la brunette est à la recherche d’un adversaire pour entraîner sa petite équipe encore inexpérimentée. Son regard se porte sur une silhouette attirante à bien des égards : Calypso se rince l’œil un instant avant de reconnaître en lui un potentiel adversaire intéressant. De plus, son œil averti l’a reconnu : cet homme est le batteur et chanteur du groupe Asylum, qu’elle apprécie beaucoup. Habituée aux rencontres avec les personnalités de Lathea, elle ne s’en formalise pas plus que cela, néanmoins c’est l’œil brillant qu’elle s’approche de lui. Calypso ne se demande jamais si elle dérange : elle s’impose et vous convainc que c’était votre idée.

«Hé handsome, jolie équipe que tu as là. Mes Pokémon et moi aurions besoin d’un peu de pratique, ça te dirait de nous affronter.»

Calypso sourit avec audace et assurance, bien qu’elle se sache peu disposée à gagner. Quels Pokémon lui réservera son adversaire ? Elle a hâte déjà. Relèvera-t-il le défi ?

« Il va quand même falloir que tu penses à bouger le cul, Porter, parce que là ça commence à bien faire.
– Eh, j'ai aucun compte à te rendre à ce sujet, vu ? Lâche-moi avec ça putain, c'est pas pour ça que je viens te voir.
– Tu viens pas me voir pour me demander des conseils ? C'est dommage ça Oliver, t'aurais pas pu te douter que je t'en donnerais quand même ? » Oh, sans doute que si. Mallory a toujours été très doué pour y aller de son petit conseil là où il n'a jamais été capable de les suivre. Sauf qu'à la base, il est passé pour boire un café, c'est tout, pas du tout pour se prendre toute une série de remontrances au sujet de sa vie de couple actuelle ; comme s'il avait envie d'en parler à monsieur le malade le plus heureux du monde, songe-t-il en tirant sur sa cigarette, nerveux en sentant la tension monter entre lui et son frère d'adoption.

« A mon souvenir ça t'a pas dérangé toi il y a quelques mois de venir me donner ton avis sur ma relation à moi, et elle était vachement moins foireuse que la tienne...
– Comme si c'était de la faute de Gaspar si...
– Bien sûr que c'est de sa faute, abruti. C'est un lâche qui a pas le moindre courage, rentre bien ça dans ta petite tête ! » Il n'est pas d'accord, bien sûr, mais contester serait contre-productif ; il fait ça depuis une demi-heure, et maintenant Oliver en a marre. Exaspéré, il saisit sa veste de cuir, la passe autour de ses épaules sous le ricanement mauvais d'un Mallory qui lève les yeux au ciel. « C'est ça ouais, casses-toi. Apparemment la lâcheté ça déteint.
– Eh, va te faire mettre sans déconner. Je préfère effectivement me barrer que te supporter cinq minutes de plus, ça devrait remettre deux trois trucs en perspective dans ta petite tête de con mais même pas hein ?
– Le jour où tu comprendras que je te dis jamais rien sans bonne raison tu arrêteras peut-être de te comporter comme un débile, Porter. Allez c'est bon, dégage. » Ouais, ça vaut mieux, ne répond pas le batteur, furibond, alors qu'il avance à grands pas vers la sortie pour faire violemment claquer la porte sur ses gonds dans un geste furieux qui fait trembler le mur. Espèce de pauvre type.

Il va prendre l'air avant de rentrer chez lui, tiens. D'un geste rapide, Oliver relâche Tempête en pénétrant dans le parc qu'il doit traverser avant de rentrer ; le chemin le rallonge un peu, mais sa Nirondelle a besoin de voler, et lui de respirer. Allumant machinalement une autre cigarette, Oliver lève le nez pour observer le vol encore maladroit de son Pokémon. Sa blessure à l'aile ne guérira jamais et son vol ne sera jamais aussi grâcieux qu'il devrait l'être... mais elle a fait des progrès. Cette petite-là est une battante, songe-t-il pour ne pas penser à la conversation précédente. Mallory finira bien par se rendre compte qu'il a tort, de toute façon.

«Hé handsome, jolie équipe que tu as là. Mes Pokémon et moi aurions besoin d’un peu de pratique, ça te dirait de nous affronter.» Surpris par l'appel, Oliver quitte ses pensées pour lever le nez vers la femme qui s'approche de lui. Son visage, étrangement familier pour le batteur, lui sourit de toutes ses dents blanches. Un combat en plein milieu du parc Pokélovers ? Elle n'a pas froid aux yeux, cette jeune fille. Il n'y a sans doute pas pire lieu que celui-là, au milieu du sanctuaire de ceux qui combattent les combats Pokémon depuis toujours.
La pensée à elle seule suffit à l'amuser, et de toute manière, quel meilleur moyen de se défouler existe-t-il autre qu'un combat ? Tranquille, le jeune homme lui sourit. « Pourquoi pas ? Ça fait un moment que j'ai pas eu d'adversaire. » Handsome, hein ? Un petit compliment ne fait jamais de mal, après tout.

Sentant le vent tourner, Tempête s'approche, et se pose sur l'arbre juste au-dessus d'eux ; par chance, il n'y a pas grand monde au parc, et c'est assez rapidement qu'ils trouvent une place suffisamment large. « On se connait, non ? Tu me dis quelque chose. » Une journaliste, sans doute. De quel ordre, il n'en sait rien, Mallory lui répondrait sûrement mieux ; mais Mallory peut bien aller au diable vauvert, tout de suite. C'est pour éviter de se remettre de mauvaise humeur qu'il lance sa pokéball, libérant une Choupette glougloutante, et déjà impatiente. « Je te laisse porter le premier coup, ajoute-t-il, bon prince. » Ensuite, pas de quartiers.

Calypso ne connaît pas vraiment la gêne. La familiarité fait partie de sa personnalité. Il en faut énormément pour l’impressionner du point de vue social, une caractéristique pertinente à l’exercice de son travail. Ainsi accoster un pur étranger, au cœur du parc des amoureux des Pokémon ne l’effraie pas pour le moindre du monde. Elle confond audace avec manque de discernement, elle s’en félicite même. De toute manière elle ne serait pas la seule à tricher dans ce havre de paix ainsi elle ne se formalise pas de lois qu’elle juge idiotes : tout le monde sait que les jeunes dresseurs capturent et combattent à l’occasion dans ce parc. Tant pis. Le jeune homme lui faisant face heureusement pour elle semble disposé à se prêter au jeu. Il accepte aussitôt, ce qui fait sourire la brunette. Elle jette un regard enthousiaste à ses compagnons… lequel pour commencer ? Son instinct la pousse à désigner Djinn, étant son plus vieux compagnon et celui ayant le plus d’expérience. Néanmoins il a tendance à s’essayer rapidement, et puis il observe déjà la Nirondelle avec une méfiance non dissimulée. Il vaut mieux débuter le combat avec un peu plus de… conviction ?

Heureusement pour la jeune femme, le choix s’impose de lui-même quand Eskel s’avance avec de grands yeux convaincus. Calypso se sent fondre devant autant de détermination. Ce petit n’a pas froid aux yeux contrairement à ce lâche de Sovkipou. Touchée par son désir, elle décide d’y accéder en lui désignant leur terrain improvisé. Le petit se dirige donc devant elle, trébuchant au passage. Il est nerveux même s’il ne laisse rien paraître. Tout à son honneur. Heureusement pour lui, sa dresseuse a de l’assurance pour deux. La journaliste n’a tout simplement rien à perdre, hormis un peu d’orgueil. Avec une toute nouvelle équipe, elle s’attend à perdre. Elle sait que ce sera une très bonne occasion de s’exercer dans tous les cas.

D’ailleurs, le bel étranger semble la reconnaître, ce qui ne manque pas de faire glousser de plaisir la brunette, toujours aussi avide d’attention. Être reconnue par une vedette tel que lui est tout simplement un rêve devenu réalité; c’est l’œil allumé qu’elle s’adresse à lui en retour.

«Calypso Situ, journaliste Pokémon et commentratrice de matchs à Gaïa X, c’est peut-être là que tu m’as vue. Reconnue par le fameux batteur et chanteur de Asylum, c’est tout un honneur.»

La jeune femme ne pourrait être plus satisfaite d’elle-même à cet instant. Sa notoriété dans le domaine télévisuel s’installe peu à peu et elle fait désormais partie de la vie publique de Lathea. Calypso est vaine. Elle aspire à la gloire, au regard externe, celui qui est là pour combler une carence affective inavouée.

Caly se concentre sur Eskel et la tâche qui l’incombe pour le moment. L’avantage de choisir le Debugant se fera sentir bientôt, c’est aussi le choix le plus logique face à un dragon qui aurait tôt fait d’imposer sa loi sur son type eau et électrique.

«Très bien, tout pour tes beaux yeux monsieur Porter. Eskel chéri, essaie l’attaque que nous avons pratiqué hier tu veux bien ?»

Ça passe ou ça casse, dans tous les cas Calypso se doit de l’essayer.

Assurément, cette femme lui dit quelque chose. Il y a dans sa posture et dans les lueurs amusées de son regard quelque chose d'aussi familier que lointain ; peut-être une connaissance de Mallory plus que la sienne, sans doute. En tout cas, le rire qui éclate dans l'atmosphère lui fait hausser un sourcil un peu curieux ; elle va sans doute se présenter, ce qui lui donnera un élément de réponse, au moins, tandis que Choupette se place tranquillement sur l'aire prévue du combat, prête à obéir à son dresseur. Depuis qu'il l'a eue dans son oeuf, sa Mucuscule a vraiment fait beaucoup de progrès.

« Calypso Situ, journaliste Pokémon et commentatrice de matchs à Gaïa X, c’est peut-être là que tu m’as vue. Reconnue par le fameux batteur et chanteur de Asylum, c’est tout un honneur. » Ah, voilà donc comment il la connait ; elle doit connaître Isma aussi, cette jeune fille. L'information le fait réfléchir quelques secondes, sourire, parce qu'il y a pas mal de choses à retenir. Journaliste Pokémon, ce qui signifie qu'elle doit suivre les champions d'assez près, et par voie de fait elle a sûrement rencontré Mallory plusieurs fois. Si elle connait Asylum, alors elle est peut-être venue à quelques concerts, quant à son nom de famille, il est connu dans la région. Elle a sûrement un lien de parenté avec Cléora. Il posera ses questions plus tard : pour le moment, c'est le combat qui compte, et le petit Debugant envoyé en face de Choupette a l'air tout à fait déterminé à gagner.

« Très bien, tout pour tes beaux yeux monsieur Porter. Eskel chéri, essaie l’attaque que nous avons pratiqué hier tu veux bien ?
– Tiens-toi prête. » L'ordre claque presque, beaucoup plus sérieux tandis que le Debugant se précipite en avant, prêt à frapper par surprise sa Mucuscule... qui esquive aussitôt l'attaque d'un grand bond sur le côté. Bluff, hein ? C'était bien essayé, et si l'attaque avait fonctionné, Choupette aurait sans doute eu trop peur pour répliquer. Mais par chance, l'oeil alerte de son Pokémon vient tout simplement de la sauver. « Vous faites souvent des combats Pokémon en dehors de votre boulot ? demande-t-il, curieux. Pas étonnant de la part d'une journaliste sportive cela dit, c'est de famille, hm ? » Situ, ce n'est pas vraiment commun dans la région et Cléora a la réputation des champions pour la précéder. Sans parler du net air de famille des deux femmes, bien entendu.

En tout cas, ce combat améliore nettement son humeur, songe-t-il en se penchant vers sa Mucuscule. « Calmons les ardeurs de ce Debugant, tu veux ? Lance Onde de Choc. » Déjà, Choupette se précipite en avant, prête à affaiblir considérablement son adversaire ; cela n'enlève en rien le sourire étrangement mutin de la femme en face de lui. « Vous couvrez les évènements de la Tour d'Enoville, aussi ? »

Calypso ne peut s’empêcher de sourire devant la détermination et la concentration intense qui s’est peint sur le visage enfantin du Débugant. Elle aimerait figer l’instant, toujours se souvenir des premiers combats d’Eskel et la fougue qui viennent avec. Ces moments, elle les chérit. Même si elle peut paraître parfois un peu détachée émotionnellement, il n’en est rien; la jeune femme a grand cœur et encore plus pour les membres de son équipe. Le gamin de type combat a su provoquer sa sympathie dès le départ et assurément qu’il deviendra un membre important de sa team. Malgré tous les efforts du petit néanmoins, son attaque est esquivée grâce à une agilité insoupçonnée chez la Mucuscule. Calypso hausse un sourcil : elle qui croyait que ces bestioles collaient, elle avait tort ! En tout cas, c’était fort bien pensé de sa part ce Bluff, malheureusement Eskel devra désormais s’en passer et user d’autres attaques contre la dragonne. Malgré sa déception, Eskel revient vers sa dresseuse sans se départir de sa concentration. Calypso, pour l’encourager, lui offre un petit sourire en coin.

À cet instant, leur adversaire en profite pour les questionner. La brunette retient un rire d’ailleurs. Ce n’est pas tous les jours qu’elle se retrouve de ce côté d’une entrevue après tout. Loin de lui déplaire (après tout il s’agit d’une forme d’attention), la journaliste hausse les épaules et répond avec sa nonchalance et sa décontraction habituelles.

«Et vous ? C’est particulier être à la fois un grand musicien et en plus être doué dans les combats. Il faut laisser du talent pour les autres, sinon c’est pas juste.» fait-elle en lui adressant un clin d’œil. «Pour ma part, on ne fait que débuter dans le monde des combats, ce n’est donc pas coutume mais comme on dit, on commence tous quelque part. Déjà une notoriété de niveau 5, ça reste pas trop mal pour une équipe qui vient de débuter, pas vrai Eskel ?»

Pour ce qui est du commentaire vis-à-vis son lien sous-entendu avec la Championne de l’Arène Soleil, Calypso décide de ne pas relever et de laisser planer le mystère. Son lien de parenté avec Cléora, elle n’est pas certaine de l’assumer pleinement. Il vaut mieux donc ne pas attirer l’attention sur ce sujet, quoi que son silence pourrait avoir cet effet. Le combat, devant ses yeux, se poursuit. Oliver use d’une technique parfaitement sûre : celle de l’Onde de Choc. Le Débugant aussitôt se met à trembler et s’affaisse au sol avant de se redresser. Les dommages auraient pu être pires mais il est évident qu’il ne tiendra pas le coup très longtemps devant des assauts répétés ainsi. Non, s’il veut faire quelque chose de ce combat, son ami doit toucher et vite. Sans l’avantage du Bluff, cela devient plus pressant.

«Mach Punch, Eskel !» aussitôt le bébé Pokémon bondit, avec la docilité qui le caractérise. «Non, pas pour le moment mais j’aimerais beaucoup un jour ce serait sympathique. Pourquoi, vous y avez tenté votre chance ?»

Oliver est toujours content, lorsqu'il peut constater les progrès de son équipe. Aujourd'hui ils sont indéniables, ou en tout cas ceux de Choupette ; elle en a fait, du chemin, depuis la première fois qu'il l'a faite combattre. La Mucuscule timorée sort doucement de son cocon pour devenir une vraie combattante et si Oliver s'assure toujours que c'est ce qu'elle aime faire, il n'est jamais déçu. Choupette n'a comme seule priorité que celle de faire plaisir à son dresseur, et lorsque son attaque touche le Debugant de son adversaire, il lui sourit, simplement pour la voir se secouer de contentement, répandant autour d'elle un liquide visqueux en témoin de son excellente humeur. Qu'elle ne se repose pas trop sur ses connaissances pour autant, Choupette, au vu de la détermination de la dresseuse devant lui, ça ne suffira sans doute pas.

« Et vous ? C’est particulier être à la fois un grand musicien et en plus être doué dans les combats. Il faut laisser du talent pour les autres, sinon c’est pas juste. » Elle n'a pas froid aux yeux, cette jeune femme, songe Oliver en haussant doucement un sourcil face au clin d'oeil qu'elle lui adresse. Si cette fille est journaliste, elle doit avoir quelques infos sur sa vie privée et ses préférences, non ? Ou pas, si elle ne s'intéresse qu'aux combats ; et puis, bah, après tout ça ne fait de mal à personne, et c'est plutôt flatteur. « Pour ma part, on ne fait que débuter dans le monde des combats, ce n’est donc pas coutume mais comme on dit, on commence tous quelque part. Déjà une notoriété de niveau 5, ça reste pas trop mal pour une équipe qui vient de débuter, pas vrai Eskel ?
– Niveau cinq alors que vous venez de commencer, c'est en effet très honorable, dit Oliver avec un grand sourire. Les chiffres montent vite quand on persévère, la mienne est de trente-deux mais il m'aura fallu beaucoup de temps. »

Du temps, de l'énergie, des déceptions mais son petit renom dans le monde des combats lui fait plaisir, bien sûr. A ce niveau-là, il commence à se faire connaître autrement que par Asylum, et l'idée est très agréable. « Mach Punch, Eskel ! » L'ordre claque, très vite, et Oliver est à peine surpris de voir le Debugant se jeter en avant, poing en l'air pour en coller une bonne à sa Mucuscule. « Non, pas pour le moment mais j’aimerais beaucoup un jour ce serait sympathique. Pourquoi, vous y avez tenté votre chance ?
– Une fois seulement, répond-il en surveillant le combat des yeux. J'ai perdu contre une dresseuse, il y a quelques mois. Une sacrée humiliation. » Cette fille, Alix, l'a tout simplement démoli. Un peu comme Choupette, qui encaisse un coup violent dans un gémissement surpris et douloureux ; aussitôt, Oliver se tourne vers elle, sévère. « Esquiver une attaque ne veut pas dire que ton adversaire ne pourra pas te toucher de nouveau. Ta vigilance baisse beaucoup trop vite. » Et quelque part, le coup qu'elle vient d'encaisser est sans doute le parfait témoin de ce problème, à vrai dire. Il lui servira de leçon.

« Mais c'est formateur, si vous avez envie de devenir dresseuse, vous devriez tenter votre chance, enchaîne le batteur avec un sourire, tandis que Choupette reprend ses appuis. Mais si vous ne couvrez pas les évènements de la tour, votre boulot consiste en quoi ? Les combats d'arène ? » Journaliste sportive, ça doit être ça, non ? En tout cas, son métier a dû forger une petite expérience de dressage. « Queue de Fer, Choupette. »

Calypso aime jouer l’intéressante. Un combat est l’occasion rêvée pour elle de le faire; malheureusement son interlocuteur ne semble pas bien motivé à l’idée d’apaiser cette part d’elle. Au contraire il l’encourage dans ses commentaires vains au sujet de son niveau de notoriété. À vrai dire, au regard de son passé de dresseuse à Hoenn, l’exploit n’en est plus un. Contrairement à beaucoup de jeunes gens qui s’engagent dans la voie des Arènes, la jeune femme a déjà de l’expérience, a déjà formé une équipe pour l’entraîner, a déjà vécu la pression et le stress qui accompagnent ces matchs. Elle a connu des réussites mais surtout des défaites, qui l’ont mené à abandonner ses projets un peu trop rapidement. Cette nouvelle tentative est une manière pour elle de racheter en quelque sorte sa lâcheté de l’époque. Elle n’a donc aucune raison d’être fière. Ce chiffre lui rappelle amèrement ce nouveau départ qui n’est pas aussi inspiré que ce qu’elle pourrait laisser croire.

«Trente-deux, impressionnant monsieur Porter !» fait Calypso avec un brillant sourire.

Avec ce chiffre, ses ambitions d’emporter ce combat finissent de se faner. De toute manière, elle s’y attendait. Ce n’est pas la victoire qui l’intéresse mais bel et bien l’expérience. Devant un adversaire aussi coriace, Eskel apprendra beaucoup plus. Il se démène, il est beau à voir. La jeune femme sent son cœur fondre à chacune de ses expressions concentrées. Sa dévotion rapporte gros, d’ailleurs, puisque son coup touche et avec des résultats intéressants. Caly laisse lui échapper un petit cri victorieux alors que son adversaire remet les pendules à l’heure avec la Mucuscule qui s’est laissé un peu trop distraire à son goût.

«Bravo Eskel, génial !»

Le petit rougit de plaisir avant de se reculer, ayant de la difficulté à contenir son immense sourire. Pendant ce temps, sa dresseuse en profite pour répondre à son interlocuteur.

«Parfois c’est avec une bonne raclée qu’on apprend le plus ! Je suis désolée que ça se soit passé ainsi, mais de toute évidence vous avez bien progressé depuis. Je le considérerai une fois que nous aurons plus d’expérience !»

L’idée s’est insinué dans son esprit de toute manière, il est trop tard pour la faire changer d’avis. Facile à influencer ? Oui, effectivement. Pour le moment, la raclée dont elle fait mention se produit sur le terrain face à elle, alors que la dragonne rebondit joliment avec Queue de Fer. Risqué mais efficace, puisque le Debugant tombe à la renverse et ne bouge plus, forçant Calypso à le rappeler à sa balle. Il n’aura pas fait long feu, mais malgré tout sa performance a satisfait la brunette qui sourit en replaçant la sphère à sa ceinture, parmi les autres. Elle se retourne ensuite vers ses Pokémon. Plus particulièrement vers celui qui n’a absolument aucun intérêt à se mouiller aujourd’hui. Djinn se met à couiner sitôt il sent le regard de sa dresseuse sur lui. Calypso s’y attendait.

«Aller Djinn, arrête de faire ton Poussifeu mouillé et viens là.»

En grondant, le Sovkipou se déplace lentement devant Calypso et observe la dragonne face à lui avec une moue de dégoût mêlée de crainte. Le grand héros de l’équipe de Calypso dans toute sa splendeur…